In her shoes

(réédition du 14/11/10)

Il paraît qu’ici, on est des pro de l’amour. Et il est vrai qu’en romance, on en voit passer des sentiments. Selon moi (et sans me vanter, ce qui va suivre est d’un esprit et d’une intelligence rare), l’amour est au cœur de toutes les relations humaines.

Ainsi, aujourd’hui n’est pas coutume, le roman que je vais vous présenter parle d’amour (mouahaha, quel suspense de malade, vous ne vous y attendiez pas du tout!).

Mais d’un amour un peu particulier. Alors non, il ne s’agit pas de l’amour d’un vampire et d’une sirène qui défierait les lois de la nature (vous imaginez le rejeton de ces deux là ?).

Mais tout simplement de l’amour fraternel, familial, et de manière plus primaire, de l’amour que l’on se porte à soi-même.

Et ce ne sont pas Maggie et Rose Feller, les héroïnes du roman « In her shoes » (Chaussure à son pied en français) qui iront me contredire. Sans vouloir donner dans le cliché, mais un peu quand même puisque c’est bien souvent le cas dans une fratrie, les deux sœurs sont aussi différentes que le jour et la nuit.

Maggie est sexy, envoutante, charmeuse, pétillante, « socialite » et modeuse en puissance. Elle est belle et le sait. Elle sait surtout que c’est sa plus grande arme, sa compétence première, sa grande réussite. Ce qui n’est d’ailleurs pas grand chose, on en tous conscience, et elle aussi. Parce que du côté de la réussite académique et professionnelle, c’est Rose qui décroche la palme. Diplômée de Princeton « Suma cum laude » (mention très bien en français, mais admettez, c’est plus sexy en latin ?), jeune associée d’un prestigieux cabinet d’avocats de Philadelphie, elle a même un certain Jim au début de notre histoire. Le jackpot quoi!

Deux sœurs, un précipice entre les deux avec un seul point commun, leur taille de chaussures.

Les deux sœurs s’aiment, mais les relations fraternelles sont encore plus compliquées parfois que les relations amoureuses. Pour la simple et bonne raison que l’on a pas choisi la personne avec laquelle on grandit. Rose et Maggie sont bloquées. Bloquées dans un schéma qui ne profite à aucune.

On pourrait croire que Maggie profite de Rose qui est trop bonne pour se rebeller. Ou qu’en portant assistance à Maggie, Rose s’assure d’avoir toujours le dessus. La réalité se trouve elle dans le mélange subtil des deux, comme seul l’amour fraternel sait le faire. Des années et des années d’un schéma reproduit à l’infini… Jusqu’au jour où Maggie « pousse le bouchon un peu trop loin », poussant Rose à la mettre à la porte et à la rayer de sa vie,  l’amour fraternel pouvant aller se faire voir.

Maggie et Rose vont alors devoir apprendre à vivre l’une sans l’autre.

Maggie va apprendre à vivre seule, sans filet de sureté (le filet étant Rose, vous l’aviez compris). Elle va devoir faire des choix en prenant soin d’en envisager les conséquences. Rose n’est plus là pour passer derrière et lui tendre la main lorsqu’un problème surgit, Rose n’est plus là pour passer l’éponge sur les mauvais jours.

Mais Rose, qui croyait finalement que tous ces soucis venaient de l’omniprésence de son incapable de sœur, va réaliser qu’elle ne nage toujours pas dans la béatitude. Elle va devoir elle aussi apprendre à vivre sans Maggie, si facilement blâmable. Sans Maggie occupant tant de place qu’il est facile de se trouver des excuses pour ne pas prendre de décisions dans sa propre vie, qu’il est facile de nier et d’oublier ses propres désirs.

L’amour fraternel, Jennifer Weiner le traite ici avec beaucoup de justesse en nous embarquant dans une histoire où tous les personnages ont leur moment de parole. Rien n’est manichéen, tout est décrit dans une nuance de sentiments très justes, très intenses, très vrais.

J’ai aimé cette évolution progressive des deux personnages. Rien n’a été facile pour elles, mais on sent que ce livre, et le chemin parcouru dans cette histoire, pourrait être un chemin que toutes les sœurs peuvent vivre un jour.

Un livre à lire, à offrir, à méditer, à garder.

Bonne lecture,
Tam-Tam

PS 1 : pour les puristes qui voudraient argumenter que je m’éloigne des romances traditionnelles, n’ayez crainte, l’une des deux sœurs va trouver « The one »…

PS 2 : Un dernier mot sur l’adaptation ciné que certains d’entre vous auront peut-être vu, ce n’est pas tout à fait traité de la même manière, certains passages ont été coupés. Le film est vraiment bon, mais le livre est mille fois mieux !

La demi-pensionnaire

(Réédition du 31/10/11)

A l’origine, je pensais vous faire aujourd’hui un post sur la suite de ma saga James Bondienne sous Napoléon. Et puis, un truc tout bête, j’ai fait moins de kilomètres en voiture cette semaine et du coup, j’ai optimisé mes trajets de train en m’avançant dans mon travail professionnel (une princesse professionnelle est une princesse responsable). Bilan de la manœuvre : je n’ai pas fini l’écoute de The seduction of the Crimson Rose…. arrrggggggh….

Du coup, aujourd’hui, c’est chronique vintage avec un livre lu il y a pile 10 ans. Je le sais, c’est inscrit à l’intérieur (je vous promets, c’est une manie créatrice de sourires)!

Ce roman a tout pour plaire à tout le monde.

– A votre banquier d’abord, puisque La demi-pensionnaire se trouvera sans doute dans les rayons de votre bibliothèque.

– A votre capital temps, puisque 200 petites pages, c’est à peine plus qu’un Harlequin ! (mais en tellement mieux)

– A votre âme francophone : Didier Van Cauwelaert, est comme son nom ne l’indique pas, français. C’est suffisamment rare pour être souligné.

– A votre cœur de midinette, puisqu’il s’agit d’un coup de foudre…

Dans toutes les belles histoires de coup de foudre, il y a le moment où le héros tombe amoureux, et le moment où son amour est testé. La particularité de La demi-pensionnaire est que le coup de foudre à lieu à l’entrée, et le test fatidique au dessert… littéralement.

Je vous perds ? Pas de panique, je vous explique…

La demi pensionnaire, c’est donc l’histoire de Thomas, qui lors d’un déjeuner, tombe amoureux d’Hélène au premier regard. Sauf que Thomas est un gentleman, et ce n’est pas avant le dessert qu’il réalise que cette dernière est bloquée dans un fauteuil roulant puisque, jusque là, il était plongé dans ses grands yeux…

Elle est « demi-pensionnaire », mais pas figée au sol, ni amorphe dans sa propre vie. C’est d’ailleurs la force de ce livre. Absolument pas tourné vers le pathos, ni vers la colère qui semble parfois bien légitime pourtant devant l’adversité. C’est une bouffée d’optimisme et d’humour que nous crée ici l’auteur.

Tout n’est pas non plus tourné vers cette héroïne qui sort de l’ordinaire. Thomas est un être complexe, qui se dévoile au fil des pages. A l’époque de sa lecture, ce livre m’a donné de l’énergie, de l’envie de déplacer les montagnes. Oui, il y a dix ans, je donnais dans le cliché Harlequin…

Et puis il s’agit d’un coup de foudre donc, argument principal pour certain, mais qui reste un élément qui me fait grincer des dents. Ou peut être est-ce un petit reste de cynisme qui fait que je suis de celles qui disent « on ne me la fait pas à moi »… Car un coup de foudre, c’est :

– trois fois plus de travail pour l’auteur pour me convaincre.
– trois fois plus de risque de tomber dans la catégorie des couples que je ne saurais voir
– trois fois plus de pentes glissant vers le cliché Harlequin qui ne passe qu’avec du champagne
– mais trois fois plus de chance de se montrer inoubliable s’il est manié avec talent

Histoire complexe, où l’on se plonge dans une réflexion sur le sens de la vie, ce qu’on en attends… et où Hélène et Thomas nous montrent que parfois, les miracles ne sont pas nécessaires pour voir la vie du bon côté.

Didier à tout bon, la demi-pensionnaire a pris pension chez moi depuis 2001…

Bonne lecture,
Tam-Tam

Mille et une nuits

1001 nuits

(Réédition du 06/10/11)

Vous connaissez tous les Mille et une nuits et certainement quelques uns des contes qui en sont issus.

Sinbad, Aladdin, Ali Baba… Pour moi qui suis fascinée par les contes et les légendes, la lecture d’un texte aussi mythique s’imposait.

Ce livre (enfin ces 12 tomes) qui trônaient dans la bibliothèque familiale, j’avais 14 ans quand je les ai découvert, à la même époque que le Mouron rouge et JaneEyre ! Après avoir grandi, bercée par Disney et ses contes, étant une inconditionnelle d’Aladdin, je ne pouvais pas laisser passer une telle occasion. Et je vous prie de croire que j’ai eu le choc de ma vie ! Car finalement, ce que la culture populaire a retenu , ce n’est qu’une version expurgée pour les enfants…

Que ceux ici qui ont lu les Mille et Une Nuits lèvent la main.

Si vous l’avez lu, vous savez que ce recueil de contes n’est pas destiné à un jeune public!

Récits de tradition orale pleins de références à la littérature et à la culture populaire, aussi bien arabe que persane et indienne, rassemblés dans un recueil par un français, Antoine Galland, au 18ème siècle, on ne présente plus les Mille et une nuits, et Shéhérazade la conteuse.

Le cadre est simple. Dans un Orient mythique, le sultan Schahriar est devenu fou suite à l’infidélité de son épouse. Après l’avoir fait exécuter, il décide de se remarier chaque jour avec une femme qu’il décapitera à l’aube, pour ne plus jamais lui laisser le temps de le tromper. Révoltée, Shéhérazade, fille du grand vizir, se porte volontaire au mariage, bien décidée à empêcher le sultan de mettre à exécution son plan.

Et, parce qu’elle est intelligente, elle a bien sur un plan. C’est pendant sa nuit de noces qu’elle commence à raconter sa première histoire. Une histoire si passionnante, si bien tournée, que le sultan brûle d’en connaître la fin. Et quand arrive l’aube, et que l’histoire n’est pas terminée, il ne peut se résoudre à tuer sa femme avant de savoir la fin. Un jour s’écoule, et Shéhérazade reprend son récit à la nuit tombée. Une histoire en entraînant toujours une autre, c’est ainsi que, nuit après nuit, Schahriar repousse le moment de son exécution. Tenu en haleine par Le Marchand et le Génie, Le Pêcheur et le Démon, Les Dames de Bagdad, Les Trois Calendes, Les Trois Pommes, Le Bossu, Le cheval d’ébène et bien d’autres, le sultan fait défiler les nuits, les semaines, les mois puis les années…

Après mille et une nuits passées à raconter des histoires, Shéhérazade, qui a enfin réussi à gagner la confiance de son époux (et qui a eu des enfants de lui, ce qui ne gâche rien), aura la vie sauve. Le sultan, en renonçant définitivement à vouloir la tuer, met fin à ce récit ininterrompu…

On trouve des contes dans les contes, ce qui fera au total plus d’une centaine d’histoires. Pour la petite anecdote, Ali Baba et les quarante voleurs, souvent présenté comme un conte des Mille et une nuits, ne fait pas partie des manuscrits originaux ! Quand à Sinbad et Aladdin, la question reste ouverte car ils ne remplissent pas, selon les experts, les critères de la littérature arabe traditionnelle. On soupçonne les premiers traducteurs d’avoir ajoutés ces contes au recueil…

Mais peu importe finalement, car les Mille et et une nuits, ce sont des contes pour adultes, tissés d’orientalisme et de sensualité. Ce que l’on en retiendra, c’est la fascination pour un monde mystérieux idéalisé dans notre imaginaire. C’est l’histoire d’amour qui se dessine entre Shéhérazade et son sultan, que l’on retrouve nuit après nuit, ce sont aussi les histoires de vie, de rencontres, d’amour, de peines et de ruptures de chacun des personnages qui sont évoqués pour nous. C’est un récit de voyages, une fresque formidable et magique qui a influencé des générations d’artistes, c’est la cristallisation de tout ce que l’Orient a de mythique pour nos yeux d’occidentaux et c’est une œuvre classique dont on ne compte plus les traductions et adaptations en tout genre.

En un mot, ce sont des livres à ne pas mettre entre des mains innocentes, mais sans aucun doute des livres à lire!

Bonne découverte,

Chi-Chi

La mystérieuse histoire de l’OEillet rose

pink-carnation

(Réédition du 26/09/15)

Dans une autre vie, James bond était Horticulteur!

Vous ne le saviez pas ? Ce n’est pas grave, j’ai lu un livre où tout est bien expliqué : James Bond, dans un autre vie, avait Napoléon pour ennemi.  Il ne vivait que pour protéger sa chère Grande-Bretagne des griffes du Mini-Pouce corse! Il était courageux, il était vaillant et avec ses compères, il avait un nom de code « botaniquement chargé ». Au revoir monsieur Bond et bonjour à « l’œillet rose », « le mouron rouge » et la « gentiane violette » !

Ce jardin aux espions ouvre une nouvelle série de livres qui, pour changer, ne m’ont pas été recommandés par Chi-Chi (le monde continue de tourner? vraiment?) mais par une de nos lectrices qui a la fièvre de la romance au corps et un gout prononcé pour le sirop d’érable, j’ai nommé Pimpi.

Cette dernière, apprenant que je traversais une phase peu enviable de désert de lecture (40 livres en souffrance, mais aucune envie d’en prendre un et de l’ouvrir) s’est mise en tête de me redonner « le goût » et s’est mise à me parler de sa série chouchoute par Lauren Willig.

Vous serez rassurée d’apprendre que je ne me suis pas laissée persuader comme ça. Je ne suis pas une princesse facile! Elle a du recourir à tout son talent de persuasion, se montrer tour à tour charmeuse et catégorique… Tant et si bien que je me suis résolue à me procurer le premier de la série en audiobook (dans la vraie vie, votre Tam-Tam passe pas mal de temps au volant, l’audiobook, c’est la garantie que je puisse lire plusieurs heures par jour !) et j’ai passé la semaine à découvrir ce nouvel univers… Imaginez…

Il ne fait pas encore jour, me voici donc au volant de ma batmobile, et sur les conseils de Pimpi, l’audiobook « The Secret History of the Pink Carnation » résonne dans l’habitacle. Je découvre Eloïse… Universitaire en mal de matériel pour sa dissertation de thèse, elle nous raconte comment et pourquoi elle a décidé de lever le mystère qui plane au dessus de ce groupe d’espions de l’aire napoléonienne et de découvrir enfin l’identité secrète du plus valeureux d’entre eux : the Pink carnation aka l’œillet rose (sexy le nom de code hein?).

Mais Éloïse a un problème, elle a compulsé toutes les archives possibles et inimaginables, elle a passé un nombre d’heures incroyables le nez penché sur des rapports insipides du ministère de la Défense, mais pas la moindre mention de l’espion le plus connu de Grande-Bretagne, après James et son martini bien sûr!

Pour tacher de retrouver la piste du furtif bouton (c’est le jour de la métaphore filée sur le thème du jardin, qu’on se le dise!), elle s’est résolue à contacter les descendants des autres espions du jardin, ceux dont l’identité à été découverte par les français à l’époque même des faits. Et c’est donc avec la motivation du désespoir qu’elle se rend chez Arabella Selwick-Alderly, pour découvrir…………… un coffre entier de correspondance entre les divers fleurs du jardin des espions (quand vous en aurez marre des allusions botaniques, vous me ferez signe hein?) !

La voilà donc plongée dans la correspondance d’Amy, au grand dam d’un certain Colin, neveu de cette chère Arabella, qui ne voit pas la présence de notre américaine d’un si bon œil (NDLA : Je flaire une affaire entre ces deux-là sur plusieurs volumes, mais passons). Nous découvrons donc avec elle l’univers napoléonien de la jeune fille.

Française par son père, Amy Balcourt a beaucoup souffert de la révolution qui lui a ravi son père, plongeant sa mère dans une « mélancolie » qui l’a précipitée vers la tombe elle aussi. Elle a grandi avec les histoires des prouesses du Mouron Rouge (oui, vous l’avez bien compris, l’auteur fait une référence directe aux livres de la Baronne Orczy) et de son successeur, « The Purple Gentian ». Elle caresse depuis toujours l’espoir de rejoindre sa ligue et de combattre à ses côtés le joug Napoléonien et profite d’une invitation lancée par son frère resté en France pour traverser la manche avec sa cousine…

Mais qui est ce fameux espion ? Je ne souhaite pas tout vous dévoiler, mais sachez juste qu’iI est grand, blond, sait se mouvoir avec discrétion (surtout sur les balcons) et possède un sens de l’honneur digne de tous les espions de sa majesté… Et puis, avec un nom de code de la mort qui tue : the Purple Gentian, il ne peut qu’être irrésistible non ?

Entre le bel espion et sa « Gentian Girl », l’avenir de la monarchie est entre de bonnes mains. Enfin, pas tout à fait…

De l’aventure, du mystère, de l’humour, j’ai béni les kilomètres parcourus cette semaine et j’ai enfin résolu le mystère de la gentiane violette…

Je n’ai qu’une hâte, découvrir la suite avec le masque de la Tulipe Noire…

En attendant, bonne lecture !
Tam-Tam

PS : La photo, c’est un peu Colin, un peu la Gentiane… Et c’est toujours très agréable à regarder, surtout qu’il a de la bonne lecture à portée de main, héhé!

PS 2 : pour les myopes, notre ami Alexander lit « The Secret History of the Pink Carnation »!!!

Greenwich Village

Greenwich village 1

Un peu de changement cette semaine avec une bande dessinée par Gihef et Lapone: Greenwich Village – Tome 1, Love is in the air.

L’histoire d’ouvre à New York, au début des années 60. Notre héros, un certain Norman Oaks, voit son quotidien de vieux garçon rangé et calme chamboulé par l’arrivée d’une certaine Bebe Newman, hôtesse de l’air aimant la musique et le champagne.

greenwich village 2

D’abord bien décidé regagner la sérénité qui était la sienne avant le débarquement de la pin-up, Norman finit par se faire embrigader dans un stratagème de la jeune fille. Cette dernière, qui sème les coeurs brisés sur son chemin, fait passer Norman pour son compagnon afin de se débarrasser d’un ex un peu plus persistant que les autres.

La cohabitation s’annonce explosive… Et on assiste en ricanant au spectacle!

greenwich village 3

Si vous aimez la ligne claire aux air un peu vintage et les histoires qui finissent bien, cette bande-dessinée est pour vous. Personnellement j’aime beaucoup, j’ai l’impression de me replongé dans une ambiance qui sent bon « ma sorcière bien aimée » (alors que l’histoire est différente en tous points, mais que voulez vous, mon cerveau a des ramifications que je n’explique pas).

Dans tous les cas, bonne lecture!
Tam-Tam

Une odeur de gingembre

Réédition du 11/07/2014

Une odeur de gingembre est un livre qui m’a été offert pour mon anniversaire par ma petite cousine. Ce qui pour moi, est déjà en soi un gage certain de qualité. Car ma cousine est brillante et extrêmement intelligente ; elle lit et comprends des ouvrages qui ne seront jamais à ma portée. Elle est étudiante à l’ENS quoi…
J’avais donc déjà un apriori plutôt positif.Dans un deuxième temps, j’ai été séduite par la couverture. Oui, le marketing fonctionne sur moi et je suis très sensible au packaging : une peinture d’une femme en kimono fleuri se promenant avec une ombrelle sous le soleil… Un appel au voyage…
Je retourne donc le livre et m’empresse de lire le résumé. Il n’y a plus de doute possible : ce roman va me plaire.Avant d’aller plus loin dans la présentation, je vais mettre un énorme « WARNING » rouge clignotant.Mesdames, Mesdemoiselles, ceci n’est pas un livre « sweet  and cute » où les Petits Poneys vivent en paix et harmonie avec les Petits Malins et invitent les Bisounours à prendre le thé. Non.
Mary Mackenzie, l’« héroïne », ne vit pas dans un monde rose à paillette.

Ceux qui veulent une histoire façon Amélie Poulain peuvent donc arrêter la lecture ici…

Attention, SPOILERS!  
L’histoire de Mary Mackenzie se passe au début du 20ème siècle (plus précisément débute le 9 janvier 1903).
Mary a tout juste 20 ans, est écossaise et embarque pour la Chine où elle doit épouser Richard (un attaché militaire britannique qu’elle a rencontré en Ecosse mais qu’elle connait très peu au final). Au travers de son journal et de lettres, elle raconte son long voyage en bateau en compagnie d’un chaperon qu’elle supporte difficilement,  son arrivée en Chine et la vie avec un homme qu’elle ne connait pas et dont elle s’aperçoit qu’il n’est pas aussi « bien » qu’elle le croyait…
A Pékin, Mary est seule. Richard est souvent en mission pendant plusieurs jours –voire plusieurs mois  – elle ne parle pas chinois et n’arrive pas à communiquer avec ses domestiques et se sent donc inutile dans cette maison qu’elle n’a pas choisi et qui n’est pas à son goût. La vie avec les autres femmes de militaires ne l’intéresse pas plus que ça et elle a dû mal à s’intégrer. D’autant plus que Mary est intelligente et fait preuve d’une curiosité d’esprit rapidement désapprouvée par la communauté européenne. Cette partie est vraiment résumée parce que le roman est riche et on m’a dit d’écrire une ou deux pages…
Délaissée par Richard, Mary part en vacances (dans un monastère quelque part en Chine) avec sa seule amie, Marie de Chamonpierre, et le mari de cette dernière, premier secrétaire de la légation française.
Et là, c’est le drame… (petite musique angoissante en fond sonore)
Au milieu de toute cette nature, Mary ne rencontre pas le Petit Prince des collines mais, Kentaro (le prénom est assez sexy d’ailleurs je trouve) un officier Japonais qu’elle a eu l’occasion de rencontrer quelques fois lors de diners.
Et Mary tombe amoureuse de Kentaro et commet l’irréparable… Cette petite aventure extra conjugale aurait pu rester leur petit secret à eux et aux Chamonpierre (ben oui parce qu’ils ne sont pas bêtes les Chamonpierre. Ils ont bien compris le petit manège de Mary qui part toute la journée on ne sait pas trop où alors que le seul voisin à proximité, et ben c’est Kentaro… Un homme + une femme =… Ils ont vite fait le calcul le couple français… )
Bref le problème c’est que Mary tombe enceinte. Et là pour faire passer la pilule à Richard ça va être compliqué parce que :1-Richard est en mission depuis plusieurs mois au fin fond de la Chine ; donc Mary n’a pas pu être très intime avec lui…2-Mettons que Richard soit revenu une fois en coup de vent à Pékin quelques jours parce que Mary lui manquait trop et qu’il y ait eu des rapprochements un peu charnels, je vous rappelle juste pour mémoire que Kentaro  n’est pas blond et n’a pas les yeux bleus…

Donc pour résumer la situation, Mary est un peu dans une sale situation…

Forcément Richard l’apprend –enfin façon de parler. Richard rentre de mission et découvre Mary et son ventre proéminent. Il est gentil mais pas con… Donc vite fait bien fait il vire Mary de la maison sans lui laisser le temps de dire au revoir à Jane, sa petite fille d’un an et lui paye un billet de retour pour l’Ecosse.

Mais Mary ne va pas rentrer en Europe parce que Kentaro est un gentleman (enfin à ce stade de l’histoire c’est ce qu’on croit) et il va assumer ses responsabilités en bon Japonais qu’il est. Il fait chercher sa maitresse dans l’hôtel où elle attend avant de prendre le bateau et la fait venir au Japon. Là il l’installe dans une maison avec des domestiques et l’entretien. Elle se fait une raison quant à son statut de maîtresse mais se dit que de toute façon elle n’a rien à perdre vu qu’elle est déjà au bas de l’échelle sociale pour avoir couché avec un Japonais. Mary accouche ; elle est un peu sur un petit nuage et ne voit pas la catastrophe arriver. Son bébé, Tomo, lui est enlevé par Kentaro pour être donné à adopter. Petite explication : Tomo n’a pas l’air occidental et Kentaro appartient à une dynastie haut placée. L’idée est donc de donner son fils à adopter par une famille ayant déjà une fille. Le fils et la fille seront mariés ensemble et ainsi il y aura du sang Kurihama dans la famille. Youpi !

Donc quand elle comprend que c’est son amant qui a kidnappé son fils, Mary s’enfuit.Je vous laisse donc imaginer à quel point sa vie au Japon ne va pas être facile. C’est une femme occidentale dans un pays largement misogyne, au début du 20ème siècle…L’histoire ne vire pas au mélodrame. Mary est intelligente et courageuse. Elle va apprendre le japonais, trouver un emploi, et au final va s’avérer être une femme d’affaires brillante.

Ce roman est riche. J’aime que l’histoire de fond soit ancrée dans un contexte historique (la révolte des Boxers en Chine, la première et la seconde Guerre Mondiale). J’aime l’aspect féministe et donc moderne de l’histoire : Mary Mackenzie se prend en main et s’en sort toute seule. C’est une femme forte et moderne qui s’assume et se débrouille seule et ne craint pas le regard des autres.

Une odeur de gingembre n’est pas qu’un simple «  livre de filles », mais un livre qui traite avec finesse de la situation féminine au début du 20ème siècle et présente l’histoire d’une jeune femme qui va gagner son indépendance. Un peu comme un roman de Jane Austen avec une pointe d’exotisme.

Mais le mieux c’est de le lire et de se faire se propre opinion.

Arwen

Orgueil et Préjugés

Réédition du 07/07/2011

Qui n’a jamais rêvé de vivre au XIXe siècle, de se rendre à des bals, de rencontrer des gentlemen ? Si tel est votre rêve, plongez-vous dans ce livre ! Son incipit ? « It is a truth universally acknowledged that a single man in possession of a good fortune must be in want of a wife ». L’arrivé d’un tel homme dans la région excite cette chère Mrs Bennet dont le seul intérêt dans la vie est de marier ces cinq filles (Jane, Elizabeth, Mary, Kitty et Lydia). Alors forcément quand Mr. Bingley débarque avec son ami Mr. Darcy, et sachant que Bingley a un revenu à hauteur de 4 000 ou 5 000 £ (voire même plus !) et que Darcy a 10 000 £ par an, c’est juste magnifique ! Bon, le problème c’est que Darcy est profondément hautain et désagréable… Mrs. Bennet jette donc son dévolu sur Mr. Bingley et, la vie étant vraiment trop bien faite au XIXe siècle, Bingley a l’air de s’intéresser à Jane, qui le lui rend bien (mais ne le montre pas vraiment).

Ah, j’allais oublier le pavé dans la mare… Mr. Collins, le pasteur, cousin de la famille, qui va hériter de la propriété des Bennet (oui, parce que dans ce monde profondément sexiste, pas d’héritage pour les filles donc c’est le cousin qui profite étant donné que les Bennet n’ont pas de fils…), débarque et fait comprendre à toute la petite famille qu’il se marierait bien avec l’une des sœurs. Jane est sauvée car Mrs Bennet fait comprendre à Collins qu’il y a quelqu’un dans la place, mais la pauvre Elizabeth plait bien à ce cher Collins… Et croyez-moi, pour vouloir de lui il faut vraiment être désespérée (ou alors une sainte, ou alors les deux) ! Vous en saurez plus en lisant… Il faut également savoir que Collins habite et officie près de la propriété de Lady Catherine de Burgh qui est la tante de Darcy (oui, le monde est très petit au XIXe siècle). Pour le moment on s’en fiche car Darcy, rappelez-vous, est hautain et désagréable, mais Lady Catherine aura son importance… Ah cette chère Catoche, pas facile à vivre !

Donc, vous avez été brièvement introduit à la famille Bennet, Bingley, Darcy, Lady Catherine et Collins. Reste Mr. Wickham, ce charmant jeune officier dont Elizabeth ferait bien son goûter et qui lui raconte à quel point Mr. Darcy est un mauvais, un gros méchant. Grosso modo, ils ont été élevé ensemble et ensuite Darcy a mené la vie dure à Wickham (ahlala ce Mr. Darcy il est vraiment pas cool). Wickham le gentil et Darcy le méchant.

Enfin, mentionnons les Gardener, oncle et tante des sœurs Bennet, sans qui beaucoup de choses n’auraient pu se passer, mais aussi la chère Charlotte, amie très proche d’Elizabeth, le genre de fille dont on dirait aujourd’hui qu’elle est « bien brave » mais c’est comme la fraicheur de Kiss Cool, ce n’est pas grave, d’autant qu’elle va débarrasser Elizabeth d’un énorme boulet…

Après cette brève présentation, vous devez vous demander pourquoi lire ce livre ? On a déjà tout compris, Jane et Bingley vont finir ensemble et puis Elizabeth va séduire Wickham et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfant (en effet, il n’y a pas grand-chose d’autre à faire au XIXe siècle, sauf peut-être la chasse pour ces messieurs et le piano et la danse pour ces dames). Mais ce serait beaucoup trop simple et Jane Austen a beaucoup trop de talent pour s’enfermer dans un roman à l’eau de rose sans aucun intérêt. Bingley va partir et ne plus donner de nouvelles, Wickham va également s’éloigner et va ensuite s’enfuir avec Lydia ! Darcy saura-t-il de son côté évoluer ? Que vont devenir ces sœurs sans fortune ?

Jane Austen laisse le lecteur plonger dans les différents types de relations que peuvent avoir les gens entre eux : l’amitié d’Elizabeth et de Charlotte, les relations entre sœurs qui sont parfois très proches comme Jane et Elizabeth, mais les ainées sont de temps à autres les secondes mères des plus jeunes, notamment de Lydia et Kitty. Les couples sont formés de personnes tout à fait opposées comme les Bennet ou alors de gens proches comme les Gardener qui sont très attachés l’un à l’autre. Il y a aussi les relations mères-filles mais surtout les relations entre les hommes : rivaux (Darcy-Wickham) ou meilleurs amis (Darcy-Bingley).

Jane Austen nous emmène dans ce monde impitoyable où se mêlent séduction, tendresse, infidélité, tromperie, fugue amoureuse, entraide et amitié. Elle nous permet de traverser les plus beaux paysages anglais, notamment en passant par Pemberley. Elle nous conduit, à travers ses personnages, à détester, à adorer, à être peinés et à angoisser. Vous allez aimer vous rendre à ces bals où l’on a l’impression qu’une vie peut se jouer, vous allez rire aux idioties des jeunes Bennet, être exaspérés de leur mère, souffrir pour leur père, être peinés pour les aînés mais surtout vous allez savourez cette histoire passionnante à laquelle, malgré l’époque qui y est dépeinte, nous pouvons tous nous identifier…

Duchess Virginia

Post Scriptum : ce roman a été adapté au cinéma. Si je puis me permettre, ne regardez pas la version courte avec Keira Knightley mais préférez la version longue, BBC, avec Colin Firth et Jennifer Ehle (qui se sont retrouvés 14 ans après dans Le Discours d’un Roi). Pour info, c’est en voyant cette version BBC qu’Helen Fielding a imaginé un des passages de Bridget Jones 2 : l’âge de raison, lorsque Mr… Darcy (joué par Colin Firth !) tombe dans l’eau d’une fontaine…

Les enfants de la terre

Réédition du 27/06/2011

Pour les fidèles du blog, ce que je vais annoncer ne va sans doute pas chambouler votre journée, pour les autres, je vous invite à vous asseoir (on ne sait jamais, un accident est si vite arrivé) : Chi-Chi et moi avons des gouts différents en littérature.Le gros coming-out de la mort, je sais…Bon, je sens votre perplexité. Je vais donc moduler ma déclaration. Si nous aimons toutes les deux la romance, il est des livres que j’adore que Chi-Chi ne lira jamais. Et il est des livres qui m’ennuient profondément alors que Chi-Chi peut en parler des heures, usant à profusion d’hyperboles et métaphores aussi mystiques que grandioses.

L’exemple le plus flagrant est sans aucun doute la saga:

– Chi-Chi n’aime pas les sagas.
– J’adooooooore les sagas (et regarder passer les gens aussi).
J’aime m’attacher à un personnage formidable et le suivre. J’aime le voir enfant, le voir grandir, mûrir, souffrir un peu aussi, puis faire face aux choix que la vie impose. J’aime le voir se débattre avec ses sentiments, affronter l’adversité pour finalement triompher. Oui, parce que s’il y a bien une chose qui me fera lancer un livre à travers la pièce, c’est de voir qu’au bout de 6 ou 7 tomes, le héros est misérable dans sa propre vie et baisse les bras. J’aime les histoires où l’optimisme et la chance sont de rigueur. Un happy-end au bout de plusieurs milliers de pages n’est pas trop demander je pense. Surtout lorsque l’on considère que l’auteur a eu tout le loisir de placer sur le chemin du héros moult épreuves !Autre règle (quasi) obligatoire, chaque tome doit (dans la mesure du possible) finir bien. La fin en demi-teinte est tolérée, mais si on me fait crever le héros à 3 pages du mot Fin, il est probable que le bouquin fasse là encore un vol plané dans la pièce et que je n’achète jamais la suite. Imaginez donc « Le retour du Jedi » sans Luke mort à la suite de ses blessures, et sans Han Solo. Pourri!
J’ai aussi un peu de mal avec les fins «suspense». Genre, le héros est au bord d’une falaise, et pouf… Rendez vous au prochain épisode (mon analogie avec les série n’est pas fortuite, loin de là) !! Arrggggg, c’est d’un frustrant !Vous l’avez compris, une saga, c’est comme une série, un mélange qu’il faut doser avec soin. Mais lorsque le premier tome prend, je suis fidèle pour toute la vie. Je peux lire 11 tomes qui racontent l’histoire de la même héroïne, depuis son plus jeune âge, jusqu’à l’apparition de ses premières rides.D’ailleurs, puisqu’on parle d’héroïne, laissez moi vous présenter celle d’aujourd’hui, dont je suis les aventures depuis maintenant une dizaine d’années. Ayla est responsable de milliers d’heures passées dans des livres de géologie dans le but (vain) de devenir paléontologue/géologue, c’est dire !

Son auteur, Jean M. Auel, est de celles qui se documentent sans fin, ne sont pas avares de détails dans leurs écrits et savent les diluer dans une histoire si passionnante, que lorsqu’enfin le livre se referme, on pourrait presque passer un test sur l’époque historique abordée.

Les aventures d’Ayla se passe lors de la préhistoire. Cette saga, qui s’étale sur 6 tomes, a tenu en haleine de nombreux fans depuis la sortie du premier opus dans les années 80. Le dernier tome est sorti cette année, et autant vous dire que j’étais dans les starting-blocs , même si je ne fais pas partie des premiers addicts de cette histoire venue du confins des âges. C’est le genre d’histoire qui vous plonge dans un monde que l’on n’entraperçoit que dans les musées, entre deux silex et trois ossements.

Le génie de l’auteur fut ici de rendre compte d’une histoire complètement inventée, mais en se basant sur des faits archéologiques et anthropologiques si précis que le réalisme et la cohérence de l’histoire ont su accrocher même les plus grands spécialistes.

6 tomes. 6 tomes pour voir grandir la jeune Ayla, la voir perdre sa famille ; la voir être recueillie par le « clan de l’ours des cavernes », que nous connaissons tous sous le nom de Neanderthal.
La voir lutter pour être acceptée, puis finalement partir à la recherche des siens (Homo sapiens sapiens).
Pour plus de détails, s’en référer au tome 1 : Le clan de l’ours des cavernes.

6 tomes pour la voir rencontrer le magnifique, le beau, le majestueux, le fantastique, le merveilleux, le grandiose Jondalar (les allitérations sont de circonstances, je vous assure).
Rencontre développée à travers les pages du tome 2 : La vallée des chevaux. D’ailleurs, puisque l’on parle d’un de mes tomes fétiches, je tiens à vous préciser que si la rencontre semble évidente, l’auteur nous tient en haleine avec beaucoup de panache. J’ai toujours la sensation de pousser un petit soupir de soulagement quand enfin Ayla découvre Jondalar (en mauvaise posture certes, mais enfin)!
6 tomes pour la voir découvrir les plaisirs de l’amour, de l’amitié. La voir exercer sa curiosité pour tout savoir de ces êtres qui sont de sa race.
Acculturation évoquée dans le tome 3 : Les chasseurs de mammouths
6 tomes pour traverser l’Europe à pied, voir des paysages majestueux, une faune et une flore sans précédents, risquer sa vie pour son partenaire, craindre les éléments, les vaincre…
Tout cela bien entendu évoqué dans le tome 4 : Le grand voyage
6 tomes pour enfin arriver « à la maison », chez Jondalar. Découvrir une nouvelle culture, s’unir, fonder une famille. Se faire accepter, enfin.
Sédentarisation de la belle dans le tome 5 : Les refuges de pierres.
6 tomes pour plonger dans l’obscurité des grottes et découvrir la magnificence des peintures qui les ornent (le Périgord préhistorique, je le connais par cœur!), 6 tomes pour découvrir que l’homme de la préhistoire est un homme de l’esprit et que son monde ne s’arrête pas à ce qu’il y a de tangible.
Dernier lu, le tome 6 : Le pays des grottes sacrées, où l’on découvre le versant mystique de ceux qui furent nos ancêtres. Et c’est une fois encore Ayla qui sera notre guide.

Mais au delà du personnage charismatique qu’est celui d’Ayla, et du couple qu’elle forme avec son géant blond, il y a la découverte d’un mode de vie, d’une civilisation méconnue, de l’évolution de l’homme qui semble avoir été cristallisée par l’auteur en 6 tomes d’une qualité littéraire telle que je n’ai jamais reculé devant 25 pages de description pour une simple peinture rupestre.

Ne vous méprenez pas, lire une saga est une chose exigeante. On ne peut passer au tome 5 sans avoir lu les 4 premiers. Mais la récompense est parfois à la hauteur de la tache, et grâce au talent de Jean M. Auel, et à la destinée de son héroïne, je n’ai jamais eu à regretter d’avoir passé tant d’heures, le nez plongé dans un de ses livres.

Je n’ai plus qu’à vous inviter à en faire de même et à vous enjoindre à vous plonger à votre tour dans cette épopée mythique dans un passé datant de plusieurs milliers d’années.

Bonne lecture,
Tam-Tam

Jane Eyre

Réédition du 23/06/2011

Récemment, je parlais lecture avec ma mère. J’avais lu La solitude des nombres premiers. Elle avait lu Trois vies chinoises de Dai Sije. Et tandis qu’elle me disait combien elle avait trouvé cette histoire désespérante, je me suis retrouvée en train de lui expliquer pourquoi j’aimais tant la romance. Un livre qui vous envoie un message positif, que vous refermez avec l’idée que le monde est un endroit plus beau, que l’amour n’est pas vain, cela n’a pas de prix. Ma mère comprend ce point de vue, même si elle n’est pas elle-même une fan de romance, et après tout, c’est elle qui m’a mis entre les mains ces livres qui ont formé mon goût et mon caractère! A la même époque où je découvrais Le Mouron Rouge et Anne of Green Gables, toujours dans la bibliothèque familiale, se trouvait Jane Eyre. Longtemps je me suis méfié de ce livre, héritage d’un temps ancien où les couvertures n’avaient pas d’image! Reconnaissez que c’était suspect…

Aujourd’hui, Jane Eyre est pourtant une de mes références. Malgré les multiples adaptations en film (dont une version avec Charlotte Gainsbourg en 1996, et une nouvelle version est prévue le 7 septembre 2011, avec Mia Wasikowska dans le rôle-titre), c’est toujours vers le livre que je reviens.

Ce roman de Charlotte Brontë a été publié en 1847 en Angleterre. Le succès est immédiat, et le livre sera traduit en français dès 1854. Présenté comme l’autobiographie de la narratrice, l’histoire nous fait suivre la vie de Jane Eyre sur une quinzaine d’années.

Jane, orpheline de dix ans, est hébergée par une vague relation de famille, Mrs Reed. Cette dernière n’est pas du tout contente de la situation, elle considère Jane comme une gêne, la maltraite et la punit durement si elle ose se rebeller. Après un incident particulièrement violent, Mrs Reed décide de se débarrasser de Jane et l’envoie à Lowood, école pour jeunes filles « difficiles ». Les conditions de vie y sont extrêmement rudes, la discipline de fer pour corriger toutes des demoiselles de leurs « vices ». Et Jane restera huit ans à Lowood, huit ans durant lesquels elle survivra plus qu’elle ne vivra réellement, mais huit ans durant lesquels son caractère se forgera, autour d’une idée : être indépendante. Le jour où Jane quitte l’internat, ce sera pour devenir l’institutrice d’Adèle, pupille du mystérieux Mr Rochester, à Thornfield Hall.

J’hésite à vous en dire plus, car si vous n’avez pas encore lu ou vu Jane Eyre, je m’en voudrais de gâcher pour vous la découverte de la suite!

La relation entre Jane et Mr Rochester va bien sûr occuper une place centrale dans la suite de l’histoire, mais les personnages qui les entourent ont une importance fondamentale. Tout le roman se déroule dans une ambiance sombre, presque pesante, un secret plane sur Thornfield Hall, des rumeurs courent, et Jane, comme le lecteur, ne sait que croire. En lisant Jane Eyre, j’ai toujours l’impression d’entrer dans une bulle, un espace où le temps n’a pas de prise, dans des lieux noyés de brouillard et de froid. Dans cet univers évoluent des personnages qui sont à l’exact opposé de cette ambiance, Jane est ardente en dépit des apparences, Mr Rochester est passionné… La personnalité de Jane, discrète jusqu’à l’effacement, mais farouchement indépendante, est tout à fait hors du commun pour une femme de son époque. C’est pour moi une héroïne tout à fait extraordinaire, surtout parce qu’elle est féministe dans un monde où le concept même du féminisme était très mal vu, parce qu’elle s’est formée seule dans un environnement où rien ne l’y encourageait, parce qu’elle est incroyablement forte tout simplement.

Si les films se concentrent le plus souvent autour de l’histoire d’amour entre Jane et Mr Rochester, ce serait faire un raccourci que de croire que l’histoire ne se limite qu’à cela. Jane Eyre n’est pas seulement une histoire d’amour, c’est avant tout un roman d’initiation, une histoire de femme dans l’Angleterre victorienne, c’est surtout l’histoire de Jane qui refuse d’être une victime et de subir sa propre vie. De plus, Charlotte Brontë manie la plume avec art, son écriture est très poétique, marquée par les influences romantiques de l’époque, avec une nuance presque gothique par moments!

Je vous recommande donc la lecture de Jane Eyre, sans vous contenter des versions cinématographiques. Mais, si vraiment vous n’avez pas le temps, pour les fans, le lien audio-book!

Bonne lecture,
Chi-Chi

Trouver son Jamie Fraser

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Fans du kilt et de la roussitude, cet article est pour vous car il sera plein de morceaux de Jamie (les morceaux sexys, bien entendu), et de Outlander.

Morceau #1: en papier, avec une couverture, un titre et une 4ème qui vend du rêve; j’ai nommé le dernier tome que j’ai fini en septembre dernier (oui, je suis à la bourre pour la chronique, je ne vous le fais pas dire!). Written in my own heart’s blood est le 8ème opus et dernier en date de l’auteur Diana Gabaldon. Il nous raconte toujours l’histoire de Claire et Jamie et alors que les années passent, les voilà qui traversent les évènements qui animent les « colonies » de l’autre côté de l’Atlantique… Claire et Jamie, où le couple qui est stratégiquement au coeur de beaucoup d’évènements historiques de l’époque. Après, vous me direz que ce n’est pas de leur faute si l’époque était mouvementée…

Mon avis sur le livre est partagé. Si je suis en besoin d’une romance, clairement, ce n’est plus du tout cela. Mais je swoone encore à mort à chaque fois que je surprends au détour d’une page la manifestation de l’amour incommensurable qu’ils se portent. Les livres de Diana Gabaldon sont de grandes fresques historiques documentées avec soin, et l’histoire de nos héros s’articule de manière pertinente autour de l’Histoire avec le H qui va bien.

Si comme moi vous êtes des inconditionnels de la série, plongez-vous dedans avec délectation, c’est toujours aussi bon, aussi haletant, aussi trépidant et Jamifiant (oui, mot du jour!).

Morceau #2: sur un écran, avec du son, un accent râpeux et un galbe du mollet qui fait bien envie ma foi : j’ai nommé la série « Outlander » de Starz. J’ai eu la chance (et le temps, surtout le temps en fait) de voir la première partie (c’est à dire les 8 premiers épisodes) et j’attends avec impatience que le DVD de la saison complète soit disponible pour me faire un marathon (que j’espère estival) et boire le Jamie cinématographique pendant 16 épisodes chargé en kilt.

La première partie est franchement belle, les acteurs sont bluffant de vérité. Il n’y a qu’a voir la prouesse de l’acteur qui joue à la fois le mari de Claire au 20ème siècle et le capitaine des Dragons. Tobias Menzies qui joue les deux rôles me fait frémir d’horreur en Randall alors que je le trouve affectueux et plein d’humour en Frank. Un coup de maitre.

Morceau #3: en version papier (ou du moins digitale), qui m’a bien fait sourire et qui fait un peu voyager, j’ai nommé Finding Fraser, de l’auteur K.C. Dyer.

Ce livre raconte l’aventure de Emma Sheridan, 29 ans, qui décide de tout plaquer pour aller se trouver son Jamie à elle en Ecosse. Elle en a marre d’attendre, sa vie ne la satisfait pas et parce qu’elle est tombée amoureuse de Jamie il y a des années, elle se dit qu’en fait, c’est lui qu’il lui faut.

Pitch simple plutôt bien mené par l’auteur qui fait parlé son héroïne de blogs post en chapitres rédigés à la première personne. Cela est plus de l’ordre du roman féminin que de la romance à l’état brut, mais il était intéressant de voir que dans la folie de cette décision, la protagoniste évolue et apprend des autres et d’elle-même.

J’ai une grande affection pour les romans qui parlent de nouveau départ, et ce Finding Fraser en est un bon exemple. Je regrette cependant que la part romantique soit à ce point sous-développé car la 4eme avait clairement plus surfé sur cet angle.

3 morceaux de Jamie, c’est pas mal pour aujourd’hui non?

Bonne lecture/visionnage,

Tam-Tam

Corps et âme

Réédition du 13/06/2011

Il y a de cela quelques années, j’avais pris l’habitude d’inscrire en page de garde les dates, lieux et circonstances qui m’avaient poussés à acheter et lire un livre. Si c’était un cadeau, je marquais qui me l’offrait, etc.En choisissant ce livre pour ma chronique de ce lundi, j’ai pu redécouvrir avec joie mon auto-dédicace de l’époque :« Mai 2005 – Françoise lisait ce livre la veille de mon départ. Le résumé et la couverture m’ont plu. Je l’ai dévoré sur le ferry… Il faut dire qu’avec 18h de traversée, j’avais le temps ».

J’ai du relire ce livre au bas mot 10 fois depuis ce fameux voyage de 2005. Pourquoi ? Parce qu’au delà de la magnifique histoire que l’auteur raconte, Franck Conroy fait preuve d’un talent hors du commun pour peindre les émotions. Corps et âme fait parti des livres qui m’ont fait pleurer, et je vous ai déjà expliqué à quel point c’est un gage de magnificence.

Corps et âme, c’est l’histoire de Claude. Claude habite dans un appartement en sous-sol avec sa mère alcoolique. Il regarde les gens passer depuis le soupirail. La vie de Claude n’est pas tendre. Mais dans la pièce du fond, sous une pile de journaux datés, il y a un piano, objet inconnu qui l’intrigue et qui va lui ouvrir des portes dont il ne soupçonnait pas l’existence.
Car Claude a un talent. Un talent rare. Et de la chance… Ou peut-on vraiment parler de chance lorsque des crises alcooliques rythment les soirées de l’enfant ? La destinée, disons, voudra qu’il pousse la porte d’un magasin de musique, la tête pleine de questions, pour y rencontrer Monsieur Weisfeld.Ce livre retrace la vie de ce prodige. De son appétit de vivre, de ses doutes, de son apprentissage, de sa consécration.Mais ce n’est pas un conte de fées, loin de là. Claude va construire sa destinée. Il a un don, certes, mais il a aussi en lui une volonté d’avancer, une sensibilité qui le pousse à vouloir toucher la perfection. A se donner entièrement.

Je pourrais sans doute vous parler des heures de ce livre qui immanquablement me fait pleurer à la page 570, qui me berce à travers ses pages des mélodies des plus grands. Je pourrais vous dire qu’au delà de la musique, qui reste le grand amour de la vie de Claude, ce dernier va devoir aussi se construire une famille, des amis, pour l’accompagner lors de son périple. Car le talent n’est pas tout, c’est ce que l’on en fait qui fait tout la différence.

Le livre a tout pour lui !

– Le cadre de New York à la fin des années 40. Les rues à la vapeur sortant des bouches d’égout. Les automobiles, le tramway. La ségrégation, le travail qui manque, le retour des soldats…

– La musique qui rythme chacune des pages. Des compositeurs géniaux, une initiation à l’apprentissage pointu d’un monde d’harmonies. Lorsque l’on lit un polar, on a l’impression d’en apprendre plus sur la criminologie. Lorsque l’on lit une régence, on révise nos connaissances des usages de la cour d’Angleterre. En lisant ce livre, on embrasse la création musicale, les octaves, les arpèges. Claude rend les gammes pleines de sens. Les arpèges pleins de sentiments, et les accompagnements chargés de génie.
– Le héros, qui prouve à lui tout seul que les destins miraculeux sont possibles. On veut croire en la chance. On a envie de jouer au loto, on s’essuie le coin des yeux devant ses réussites. Notre cœur bat au même rythme que le sien.

L’histoire enfin, d’une destinée, d’un amour inconditionnel, d’un talent, de rencontres… Cette histoire d’exception qui à mon gout fini trop tôt. Le talent n’a pas assez d’une vie pour s’épanouir, et Franck Conroy a à peine le temps d’un livre pour ravir notre cœur avec son héros tout en nuances.

A lire, vraiment.

Tam-Tam

La première leçon du sorcier – Epée de Vérité Tome 1

Réédition du 09/05/2011

Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas parlé Fantasy ici…Je m’attaque aujourd’hui au premier tome du cycle de L’épée de vérité, classique du genre « La première leçon du sorcier ». Et pour vous en parler, j’ai demandé l’aide du prince pas si charmant et de son frère.Si l’avis sur le livre peut différer d’un frère à l’autre, il est un point qui fait l’unanimité. Terry Goodkind, il y a un avant et un après.Avant, on vit un peu dans le monde des bisounours, de Blanche-neige et de Candy. Après, le monde prend une nouvelle saveur, on redécouvre le bien, le mal, la morale.L’histoire est celle de Richard, garde-forestier élevé par son père adoptif dans un petit village des Terres de l’Ouest.  

Notons ici deux classiques du genre : la famille compliquée (mère morte dans l’enfance, père biologique inconnu) et l’enfance dans une contrée verdoyante à l’abri des noirceurs du mal.

Un jour, alors Richard se baladait dans les bois, il aperçoit une femme aux longs cheveux qui fuit à perdre haleine des cavaliers qui la pourchassent. Sa belle robe blanche s’accroche dans les buissons, les arbres et les hautes herbes qui barrent son chemin. Depuis l’autre côté du vallon, Richard décide de lui venir en aide et utilise sa connaissance parfaite des bois pour la rejoindre.

A cet instant du livre, Richard ne le sait pas encore, mais sa vie paisible de garde-forestier vient de finir. Car Richard vient de rencontrer Kahlan, grande inquisitrice des Terres du Milieu.

Notez que l’auteur ne donne pas dans les noms abracadabrants pour les pays qu’il nous décrit… C’est reposant et cela change de ces contrées dont le nom est imprononçable avec ces triplements de consonnes et multiplications des accents exotiques.

Mais revenons-en à Richard, dont les jours de quiétude parmi les chèvres viennent de toucher à leur fin. Il sauve donc l’inquisitrice (je pourrais vous expliquer ce qu’est une inquisitrice dans le monde de Goodkind, mais très sincèrement, cela me prendrait beaucoup de temps et cela vous ruinerait la surprise. Disons seulement que la donzelle a une position de premier ordre. La crème de la crème, l’élite des Contrées du Milieu.

Et la voilà donc sauvée d’un destin funeste par un garde-forestier… Qui la ramène dans son village où elle rencontre Zedd, qui se trouve être l’hurluberlu du coin, une sorte de hippie qui donne dans les potion de guérison, lit l’avenir dans les nuages, et parle aux animaux…

Mais comme le roman est bien fait, Zedd est en fait sous couverture et Richard est bien plus qu’un simple garde-forestier (même s’il n’est pas encore au courant lui-même). Zedd va se charger de lui révéler sa destinée en lui tendant l’épée de vérité (il fallait bien un objet de légende).

Evidemment, une ombre noire les poursuit. Darken Rhal veut conquérir le monde (je vous résume hein, parce que sinon je n’arriverais jamais à la partie qui vous explique pourquoi il faut lire ce livre), et notre trio va être chargé de la mission de sauver tout le monde.

Notez qu’il est toujours assez simple de savoir la finalité d’un livre de Fantasy.
Un méga super méchant (super beau gosse par contre), des super gentils plein de courage et d’abnégation (à coté de leur dévouement, Mère Teresa est un monstre d’égoïsme).

Alors pourquoi lire ce livre ?

Outre le fait qu’il soit admirablement bien écrit, l’auteur a cette qualité fabuleuse que j’affectionne particulièrement : il n’écrit pas pour remplir. Chaque détail qui nous est fourni aura son importance par la suite. Chaque péripétie sert un dessein dans la destinée du héros. Chaque dialogue comporte deux lectures, la première s’explique dans le contexte immédiat, la seconde qui prend toute son importance plus tard dans le livre…De plus, voici une histoire qui plait aux garçons, qui m’a été conseillée par un garçon, et dont je débat presque exclusivement avec des garçons alors que cette dernière est construite autour l’histoire d’amour entre notre garde-forestier et la grande inquisitrice. Amour impossible qui va aller de rebondissements en rebondissements. Khalan, Richard… C’est LE fil conducteur de la saga. On en viendrait presque à mettre de côté ce petit détail qu’est l’avenir du monde…Dans ce livre, et même dans cette saga, le mot rebondissement prend tout son sens. Quand vous pensez avoir tout vu, l’auteur vous démontre que son imagination va beaucoup plus loin que la votre, et que les héros n’ont pas fini d’en baver. L’auteur arrive à nous tenir en haleine sur des centaines de pages. Lorsque j’ai lu ce livre, je me suis raccroché au pragmatisme qui veut qu’on ne tue pas son héros au premier tiers du livre, mais malgré cela, j’ai eu peur par moment.« La première leçon du sorcier » marque un passage clé dans la vie d’un lecteur. Il y a un avant et un après. Pour le prince pas si charmant, ce  fut la première nuit blanche, pour son frère, la découverte d’un univers qui fait passé les Borgias pour des bisounours… Quant à moi, il marque la découverte d’un héros qui, en plus d’aimer de la plus belle manière qui soit, m’a prouvé qu’on pouvait faire de la fantasy autour d’autre chose que d’un anneau et de petits êtres aux gros pieds poilus…

Bonne lecture,

Tam-Tam

PS, I love you

Réédition du 05/05/2011

Parlons film…

Comment ça, un film??! Tam-Tam doit déjà être en train de froncer les sourcils, la main sur le téléphone pour me faire part de son désaccord…

Oui car, vous apprendrez mes chers lecteurs, qu’en ouvrant ce blog avec Tam-Tam, nous avons établi des règles. Et l’une de ces règles, c’est qu’ici, nous parlons de livres, et seulement de livres ! Seule exception, le film adapté d’un livre…

Ouf, le film d’aujourd’hui est aussi un livre. Alors pourquoi dire que je vais parler de film ? Eh bien parce que c’est grâce au film que le livre a été connu. Pas par moi, pensez bien, je suis au-dessus de telles trivialités, c’est évident que je connaissais le livre bien avant le film, mais tout le monde ne peut pas être aussi extraordinaire que moi, et c’est donc le film qui a rendu le livre célèbre.

Enfin, assez de bla-bla, je sais que le suspense est insoutenable pour vous (ce n’est pas comme si j’avais mis une photo avec le titre du livre en tête de page, n’est-ce pas), je veux donc parler de PS, I love you.
Pourquoi celui-là ? Parce qu’hier, assise dans un parc avec une amie, nous faisions la liste de nos films romantiques fétiches, et la comparaison de nos dvdthèques respectives,  et que PS, I love you est venu en tête du peloton pour toutes les deux.

Lou, ce post est pour toi ! (oui, parfaitement, je romps la règle sacrée de l’anonymat et en plus je fais une dédicace spéciale !) (ne fuyez pas, c’est un peu pour vous aussi quand même, qui que vous soyez, ô lecteurs anonymes)

(Tiens, c’est marrant, je me rends compte que les posts livre/film ont tendance à me faire faire beaucoup de parenthèses… je vais essayer de me contrôler ! )
Donc, PS, I love you, premier roman de l’irlandaise Cecelia Ahern…

Notre héroïne, Holly, est mariée avec l’homme de sa vie, Gerry. Ils sont scandaleusement heureux. Pas un peu, pas beaucoup, à la folie HEU-REUX ! Genre le couple d’amis que vous détestez tant ils sont beaux ensembles, drôles, talentueux, et en plus ils osent être sympathiques, bref, le cliché de carte postale pour vous vanter les mérites du mariage.

Mais voilà, Gerry tombe malade, et, en quelques mois, est emporté par la maladie.
Comment ça, un livre où le héros meurt, mais qu’est-ce que c’est que cette arnaque ??! Eh bien en fait, PS, I love you est certes une romance, mais une romance sans héros véritablement déterminé, une romance centrée autour de Holly et de l’amour en général. Ce que l’on appelle communément un roman féminin.

Holly est désespérée, personne autour d’elle ne parvient plus vraiment à l’atteindre, car son meilleur ami, le seul qui aurait pu la sortir de là, est mort. Pourtant, c’est bien Gerry qui va aider Holly à s’en sortir, la ramener à la vie. Et pour cela, elle va recevoir, dans les mois qui suivent l’enterrement, 10 lettres, écrites par Gerry, pour la soutenir, la guider et l’aider à se reconstruire. Ces lettres sont pleines de messages, de défis que Gerry lui lance, de choses qu’il lui demande de faire, et qui l’envoient à l’aventure. Pas des aventures très exotiques certes, mais suffisantes pour obliger Holly à sortir de sa carapace et littéralement la ramener à la vie.

Gerry, sans réellement quitter sa femme, l’amène à comprendre que, s’il n’a pas voulu l’abandonner, la vie continue pourtant, et au fil des lettres, toutes signées d’un PS, I love you, ce sont de véritables leçons de vie qu’il lui transmet.

En une phrase, PS, I love you, c’est l’histoire de Holly et de comment l’amour de Gerry la ramène à la vie après sa mort. Voilà donc pour le livre…Quant au film, me direz-vous ? Eh bien le film est légèrement différent du livre : quelques détails techniques, Holly est américaine et vit à New York avec Gerry (qui lui est bien irlandais), au lieu d’être irlandaise et de vivre en Irlande… Dans le livre, elle vient d’une famille nombreuse, dans le film elle n’a qu’une sœur. Le voyage dans le livre ne se déroule également pas au même endroit… Des détails donc, qui changent légèrement l’ambiance du roman mais restent assez fidèles à la trame de l’histoire.

A un détail (beaucoup moins anodin) près, William… C’est un bel irlandais que Holly rencontre dans le film, et c’est, selon moi un élément romantique qui ne fait pas du tout de tort à l’histoire ! Le film devient ainsi une véritable romance dans toute sa splendeur, et je n’en dirais pas plus…

En résumé, je vous recommande de lire PS, I love you, pour son histoire emprunte de délicatesse et de sensibilité, pour le personnage de Holly, forte et pleine de caractère, toute en nuances. Et je vous recommande également de voir le film, qui raconte une histoire d’amour charmante, avec une musique charmante, des paysages irlandais charmants et un héros non moins charmant ! (ce qui fait beaucoup de charmant, avouez que cela vous fait envie!)C’est tout pour aujourd’hui (je suis très fière, presque pas de parenthèses),

Bonne lecture/bon film,

Chi-Chi

Booklist au soleil

Le Vendée Globe d'une princesse

Réédition du 11/04/2011
Ce weekend, la météo a été clémente sur le royaume. Il a fait si beau, que j’ai déserté le château pour profiter des rayons du soleil en terrasse, un Perrier-violette à la main.

Bilan, ma peau est légèrement rosée (merci le parasol), et je suis gravement en retard sur l’écriture de mon post hebdomadaire. C’est le souci avec la météo estivale, on a des envies de plage et de baignade. Et si  un livre est très aisément transportable dans le sac de plage, un ordinateur en plein soleil n’est pas une idée intelligente pour ces petites machines qui sont bien trop sensibles.

Du coup, je vous refais un remake des veilles d’examens. J’ai sorti tous mes livres, je potasse à fond en espérant être prête pour le lendemain.

A l’époque, lorsque la caféine conjuguée aux dragibus n’étaient plus suffisants pour me maintenir éveillée jusqu’au moment fatidique où le professeur me tendrait mon sujet, il me restait la perspective des vacances et des livres que j’allais emporter pour me porter jusqu’à la ligne d’arrivée.

Ah… que ne ferait-on pas pour quelques jours au soleil avec un bon livre… Aussi, en exclusivité pour vous aujourd’hui, une liste spécialement conçue pour des vacances au soleil.


En vacances nous voulons… de l’exotisme mâtiné de féminisme, avec Shalimar de Rebecca Ryman, qui retrace l’histoire d’Emma, héritière rebelle et sans le sou qui s’applique à suivre son propre code de conduite, même si ce dernier va à l’encontre des traditions perpétuées dans la colonie britannique de Delhi, en cette fin de XIXème siècle. Son chemin va croiser celui de Damien Granville, collectionneur de femmes qui décide, on ne sait pas bien pourquoi, qu’Emma est la femme faite pour lui. A travers un jeu politique de pouvoir autour d’un passage stratégique au cœur des montagnes himalayennes, c’est l’avenir de tout un continent qui semble se jouer sur cette histoire d’amour victorienne.

Dépaysement : 4/5

Suspense : 4/5


Nous voulons… du mystique sur un autre hémisphère, avec La dame Australie de Bernard Simonay. Dans cet immense continent, nous allons suivre Judith Lavallière, envoyée en exil dans une colonie pénitencière. Mais l’Australie, à cette époque, ce n’est pas le Club Med. Et ce sont bien des épreuves qui attendent la jeune fille. Exploitée par un alcoolique notoire, elle s’enfuie dans les profondeurs de l’outback, évite la mort de peu, est recueillie par des Aborigènes, retrouve la civilisation, participe à la ruée vers l’or, trouve l’amour, et affronte les démons de son passé. Entre le choc culturel, la beauté des paysages australiens et le charismatique Alan, Judith est la parfaite compagne de voyage pour les aventures chez les Aussies.

Dépaysement : 5/5

Suspense :4/5

(NB : Je tiens à vous rappeler que Hugh Jackman est Australien… Alan, Hugh, même combat !)


Nous voulons… la mélancolie des landes verdoyantes avec Les Dames à la licorne de René Barjavel et Olenka de Veer. Et c’est l’envoutante Griselda, benjamine de Sir John Green, qui nous ouvre son domaine. Elevée sur l’île de Saint Alban avec ses quatre sœurs, Griselda ne rêve que d’une chose, quitter son île aux falaises escarpées et vivre. Hugh est un chef rebelle en fuite, car l’Irlande est en ébullition, ses habitants aspirant à autre chose qu’à la domination anglaise et à un avenir fait de servitude. Hugh et Griselda, à leur manière, n’aspirent qu’à la même chose, la liberté. De leur rencontre va naitre une très belle histoire d’amour. Une histoire qui m’a été conseillée par ma mère, une veille de vacances, et qui, à l’époque, a fait naitre chez moi un amour sans borne pour la verte Erin…

Dépaysement : 4/5

Suspense : 3/5


Nous voulons… du mystère et des alligators, avec Une coupable idéale de Jude Deveraux. Ce sont Fiona et Paul qui nous emmènent pour une aventure dans le Bayou. Une véritable chasse au trésor où, en plus des méchants à combattre, des traitres à démasquer et des coffres remplis d’or à récupérer, il y aura une belle histoire d’amour comme Jude Deveraux sait nous les concocter. De l’humour, des personnages hauts en couleur et des Montgomery !

Dépaysement : 3/5

Suspense : 4/5


Pour ma part, pour les vacances, je souhaite… des fresques murales d’animaux courants dans la plaine, avec la suite des aventures d’Ayla et Jondalar dans Le pays des grottes sacrées de Jean M. Auel. Les cinq premiers tomes de cette sagas font parties des « must absolutly have » de ma bibliothèques. Découverts pendant des vacances en famille, je me suis retrouvée à lire à voix haute dans la voiture familiale l’équivalent des 1600 pages que représentent les 2 premiers tomes et demi. Je me revois encore lisant le 5ème livre, un weekend de 1er mai, confortablement installée sur une chaise en terrasse de mon café préféré à Poitiers…

Qui sait où je lirai cet opus, mais je m’attacherai à lui trouver un lieu à la hauteur de la place exceptionnelle que cette série tient dans mon cœur, et ne manquerai pas de vous en relater les moindres détails !

En attendant, vous avez tout ce qu’il vous faut pour vous aussi, tenir, avant les vacances tant attendues ! Et pour les petits chanceux qui sont déjà installés sur leur chaise longue, ne manquez pas de nous faire part de vos découvertes littéraires !

Bonne lecture,

Tam-Tam

La petite Fadette


Réédition du 07/04/2011
Allons, cela fait longtemps que je ne vous ai pas ennuyé avec un de ces livres qui ont marqué mon adolescence.Chez moi, la littérature est érigée à un rang quasi-religieux, et nous étions priés de ne pas négliger les classiques. A la même époque où je découvrais Le Mouron Rouge, tandis que mon père essayait (sans succès) de me vanter les mérites de Balzac avec Eugénie Grandet et de Madame de La Fayette avec La Princesse de Clèves, ma mère faisait preuve de plus de psychologie en me mettant Georges Sand entre les mains.
Amantine Aurore Lucile Dupin, Baronne Dudevant, aussi appelée « La Dame de Nohant », est l’une des grandes figures de la littérature française du 19ème siècle. Et parmi ses œuvres, trois se trouvaient dans la bibliothèque familiale : La Mare au Diable, La Petite Fadette et François le Champi. Portés par une plume remarquable, ces livres de Georges Sand m’ont tenue occupé au moins une semaine en vacances… Ils sont fidèles au courant romantique de l’époque, on y retrouve les éléments clés de la nature, une pointe de surnaturel qui anime l’histoire, et bien sur, des personnages nobles, malgré leur statut social.Si je n’ai pas beaucoup de souvenirs de François le Champi, j’ai une pensée émue pour La Mare au Diable, où un veuf et une jeune fille s’éprennent l’un de l’autre. Mais aujourd’hui, c’est de La Petite Fadette que je veux vous parler, tout simplement car j’ai volé l’exemplaire familial pour l’avoir sur la main dans mon château!

Ce livre a contribué à éveiller ma fibre romantique et mon amour pour les héroïnes fortes qui surmontent les difficultés qu’elles rencontrent et prennent leur vie en main. Fadette est certainement l’un des plus beaux personnages de littérature que j’ai eu l’occasion de rencontrer, complexe, très fine psychologiquement et résolument sûre d’elle.

Françoise Fadet, dite La Fadette, la Petite Fadette, le Grelet ou encore Fanchon. Vous voyez que ce ne sont pas les surnoms qui lui manquent!

Fadette qui est presque encore une enfant, à peine une adolescente, toujours mal fagotée, trop maigre, la peau trop sombre, et que toute la région pense sorcière à cause de ses manières un peu étranges et à cause du caractère plus étrange encore de sa grand-mère, la guérisseuse locale.

Fadette qui, en dépit des apparences, souffre d’être ainsi considérée mais qui, par fierté, n’en montre jamais rien et cultive, avec un peu de perversité, sa réputation.

Le soir où Fadette rencontre Landry, l’un des fils de la famille Barbeau, notre histoire peut commencer. Les Barbeau sont des fermiers plutôt aisés de la région, et ces deux là se connaissent sans vraiment se connaître. Mais ce soir-là, Landry est à la recherche de son frère jumeau, Sylvain, qui a disparu, et Fadette ne peut s’empêcher de le narguer, lui disant qu’elle, elle sait où se cache Sylvain.

Souvenez-vous de ce que je vous ai dit sur la perversité avec laquelle Fadette entretien sa réputation. Ce n’est pas une décision arbitraire qu’elle prend, mais une revanche envers ceux qui la méprisent sans la connaître. Et Landry est de ceux-là. Aussi, elle n’accepte de l’aider qu’à la condition qu’il lui promette de lui donner ce qu’elle veut, le moment venu.

Trop inquiet pour son frère, Landry accepte ce marché, tout en espérant secrètement que Fadette oubliera cette promesse et qu’il ne sera pas obligé de la tenir. Ce qui ne sera bien évidemment pas le cas, mais je n’en dirais pas plus, pour vous laisser le plaisir de découvrir vous-même cette histoire magnifique, et les évènements qui vont marquer l’évolution de la relation qui se noue entre Landry et Fadette…

Bien sur, puisque je parle de ce livre ici, vous pouvez vous douter qu’il y aura une histoire d’amour, quelque part en cours de route. Mais avant d’en arriver là, nos héros apprendront à se connaître, et le chemin qui va les mener l’un vers l’autre ne sera pas simple!

Georges Sand nous parle bien sûr de la vie dans les campagnes françaises au 19ème siècle, du poids des convenances sur la vie de chacun, de la différence sociale, mais aussi de la dignité humaine, de l’importance de toujours rester honnête envers soi-même, tout cela avec des personnages et dans un contexte que la bonne société de l’époque considérait comme frustre et sans intérêt.

A ceux qui reprochent à la romance de ne jamais présenter que des personnages aisés ou qui le deviendraient par magie au cours de l’histoire, vivant dans un monde enchanté et idéalisé, ce livre est une réponse que je leur fait…
Bien au-delà d’une histoire d’amour, La Petite Fadette est une fresque sociale magistralement menée par une auteur de grand talent, et c’est un livre que je recommande à tous, amateurs de romance ou pas!
Bonne lecture,
Chi-Chi
PS : Petite faveur pour Tam-Tam, Pirouette, et tous les autres fans qui passent par là, le lien audiobook!
PSS : J’ai entendu dire qu’il y avait un film, mais je ne sais pas du tout ce qu’il vaut. Quelqu’un a un conseil à partager avec moi?

la Contre-bookliste

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Réédition du 14/04/2011

Ces dernières semaines ont été riches en déceptions littéraires… Pas un seul livre enthousiasmant à me mettre sous la dent, vous imaginez l’état de désespoir qui est le mien à l’heure où j’écris ces lignes.

Mais puisque Tam-Tam vous a fait lundi une booklist spéciale vacances, et qu’il faut bien à mon tour que je partage l’état de mes lectures avec vous, je vais rester dans le ton et faire une contre-booklist avec les livres qui m’ont déçue ces derniers temps, des livres que je vous recommanderais d’éviter…

Pas ce soir, je dine avec mon père, Marion Ruggieri : les états d’âme d’une jeune femme qui ne peut pas grandir car son père refuse de vieillir, qui se choisit un homme plus vieux pour tenter de trouver ce père donc. Il y avait le début d’une réflexion sur ce conflit de générations, une idée intéressante. Et puis rien. Le néant. Des états d’âme à n’en plus finir, une narratrice qui subit dans les détails la vie sexuelle de son père, semble se révolter et vouloir enfin évoluer, et puis non finalement, retour à la case départ. Des pages pour rien, le vide.

When Harry met Molly, Kieran Kramer : le livre sur lequel je faisais des recherches le jour où j’ai découvert le film Mrs Miracle! Eh bien, à ma grande déception, il n’a pas tenu ses promesses. Pourtant Julia Quinn en disait du bien… Re-déception. En toute honnêteté, ce livre n’est pas mauvais. Mais trop approximatif, un peu bâclé, les ressorts de l’histoire sont trop gros, la trame parfaitement ridicule, le héros  pas du tout héroïque et l’héroïne complètement anachronique! Rien de crédible ici, dans le même esprit qu’avec A groom of one’s own, il y a eu des moments agréables, mais une impression globalement négative…

Le caveau de famille, Katarina Mazetti : autant j’avais aimé Le mec de la tombe d’à coté, dont ce livre est la suite, autant Le caveau de famille m’a ennuyée. Benny et Désirée veulent faire un enfant, mais ils ne veulent pas avoir à décider d’être ensembles. Ils ne prendront donc une décision que si elle tombe enceinte. Ce qui arrive. Incapables de prendre la moindre décision, il se morfond, elle s’enferme dans le silence. Rien ici ne m’a évoqué l’humour mordant du premier volet, et les personnages m’ont semblé désespérément agaçants. Une vraie déception…

La solitude des nombres premiers, Paolo Giordano : voilà un livre qui m’a carrément mise en colère! Ce livre prétend parler du lien indestructible qui unit Alice et Mattia, depuis leur adolescence tourmentée, puis au long de leur vie adulte. Mais en fait de lien, il n’y a rien, que la complaisance de ces deux personnages qui s’enferment dans la conviction que leur souffrance dépasse celle de tous les autres. Si cette attitude se comprend chez des adolescents, elle est horripilante chez des adultes. Alice, l’anorexique qui se coupe du monde suite à une blessure qui la laisse boiteuse, et n’a jamais réglé son Œdipe, m’a paru affreusement égoïste et puérile. Mattia, au QI trop élevé, qui se sent responsable de la mort de sa sœur jumelle et s’auto-mutile pour se punir, est déjà bien plus cohérent. Mais peu importe, car si au début, leur douleur est poignante, j’ai fini par les détester, tant leur souffrance semblait n’être plus qu’un artifice pour préserver leur sentiment d’être spéciaux, hors du monde, tant leur relation me paraissait dépourvue de sens. Les personnages n’évoluent pas, restent coincés dans le rôle qu’ils se sont définis des années plus tôt, et cela peu importe les influences extérieures. Sans jamais faire le moindre effort pour en sortir, tous deux se tournent autour sans vraiment s’approcher, s’éloignent au gré de leurs caprices ou par fatalité, et se perdent. L’auteur parsème son récit de quelques miettes d’espoir, pour mieux les écraser aussitôt, ouvre des pistes pour ne jamais les explorer, et dévore ses personnages avec un fatalisme morbide. Au-delà de l’aspect désespéré de l’histoire, je n’ai pas cru une seconde que cette relation était possible ou cohérente. Et en refermant ce livre, je n’avais qu’une question : Pourquoi??!

Espérons que cette mauvaise passe ne dure pas car, si ma PAL déborde, dès que je commence un nouveau livre, il me tombe des mains… Et je ne peux pas en parler car je ne parle que des livres que j’ai fini… Mais l’heure devient grave, je n’aurais bientôt plus de livre en réserve dont je voudrais vous parler, et alors, j’en serais réduite à me filmer en train de faire des claquettes pour que vous ne passiez pas ici pour rien les jeudis! Avouez que ce serait triste…

Bonne semaine,

Chi-Chi

Vent d’est, vent d’ouest

(Réédition 17/03/2011)
Ami lecteur(trice), hier soir, j’ai vécu un drame dramatique (oui, il existe des drames pas dramatiques – vous ne saurez pas de quoi il s’agit, celui d’hier était bel et bien dramatique). Sur l’échelle des drames dramatiques, je pense qu’il était tout en haut, en compagnie d’une rupture de stock de mes cookies préférés au Monoprix un soir de révisions. C’est dire si la situation était grave!
Je disais donc, hier soir. Pas de révisions, l’absence de cookies était gérable, mais j’étais fermement décidée à vous écrire un petit post sur un de mes livres préférés. J’ai donc commencé à retourner ma bibliothèque pour mettre la main dessus (dans ces moments-là, je me dis qu’il faudrait vraiment que je me résigne à CLASSER mes livres au lieu de les entasser au petit bonheur la chance). Et là, drame. Dramatique. Impossible de retrouver mon livre chéri. Je vérifie. Je recommence. Deux fois. Rien à faire, mon exemplaire de Vent d’est, vent d’ouest a disparu.
Et que fait une personne normalement constituée dans un cas pareil? Elle attend, elle réfléchit, se demande si elle ne l’aurait pas prêté. Dans mon cas, vérifie si elle ne l’a pas laissée chez ses parents, qui ont encore en otage quelques dizaines de livres lui appartenant.

Eh bien pas moi. Étant hautement intelligente, je me suis précipitée sur internet pour commander en urgence mon livre chéri. Logique. Surtout que je suis en train de rédiger ce post de mémoire! Ce n’est donc pas comme si j’allais m’en servir immédiatement. Mais le simple fait de savoir que je ne l’avais pas a déclenché chez moi un réflexe primaire, une nécessité de le tenir entre mes mains et de le relire, une fois de plus!

L’histoire se passe en Chine, en 1930. Pearl Buck, l’auteur, est une américaine contemporaine de l’époque, qui connaît bien son sujet pour avoir vécu en Chine plusieurs années. C’est de la vieille Chine, celle d’avant la Révolution culturelle, dont il est question ici, et de son affrontement avec l’Occident qui commençait alors à atteindre le pays.

Kwein-Lan est une jeune fille élevée dans la plus pure tradition chinoise. Son mariage a été arrangé, avec un homme de très bonne famille qu’elle n’a jamais rencontré, un chinois éduqué qui a étudié la médecine aux Etats-Unis et n’en est revenu que pour le mariage. Le soir de leurs noces, il lui annonce qu’il ne souhaite pas vivre selon la tradition, à commencer par le fait d’habiter avec ses parents dans la maison ancestrale. Nos jeunes mariés emménagent donc dans une maison de type occidental, idée révolutionnaire pour l’époque. Kwein-Lan est troublée par l’attitude de son mari, elle qui a été élevée pour demeurer soumise à un homme, alors que lui souhaite la traiter en égale. Elle a été si bien élevée qu’elle ne dit jamais rien de ses opinions, de sa perplexité face aux idées étranges de son époux, de cette maison qu’elle trouve laide. Entre eux, le courant ne passe pas du tout. Plus elle tente de plaire à son mari en étant une bonne épouse selon les préceptes que l’on lui a enseigné, plus il est distant. Car Kwein-Lan ne peut se résoudre à remettre en cause le bien-fondé de tout ce que l’on lui a appris. A commencer par ce qui concerne ses pieds.

En effet, notre jeune mariée a les pieds bandés. Pour rappel, dans la vieille tradition chinoise, les femmes issues de familles riches avaient les pieds bandés depuis leur plus tendre enfance, pour les empêcher de grandir. En dehors du fait que les petits pieds étaient considérés comme un canon de beauté, cette coutume était extrêmement douloureuse et elle symbolisait la richesse et la puissance de la famille : une femme aux pieds bandés ayant du mal à marcher, cela signifiait que la famille pouvait se permettre d’entretenir ses femmes sans qu’elles aient à travailler. Seules les paysannes avaient donc des pieds normaux, considérés par tous, à commencer par notre jeune mariée, comme laids.

Quand son mari lui demande d’arrêter de se bander les pieds, Kwein-Lan résiste violemment. Elle y voit un déni de tout ce qu’elle est, tout ce qu’elle représente. Son mari y voit un signe de barbarie, un refus d’entrer dans la modernité.  C’est le jour où elle cède enfin que les choses changeront entre eux. A compter de ce moment, leur relation va s’épanouir, et nos époux vont se découvrir, enfin communiquer et se comprendre. Nous suivrons dès lors l’évolution non seulement de leur mariage, mais aussi du monde qui les entourent.

C’est une histoire très touchante, toute en nuances et délicatesse, avec des personnages vraiment atypiques, pris entre deux mondes, deux civilisations. L’auteur sait à merveille nous décrire un pays en suspens, à l’aube du changement. Si Vent d’est, vent d’ouest est incontestablement le chef-d’œuvre de Pearl Buck, sur le même thème, je vous recommande également les livres Fils de Dragon et Pavillon de femmes, deux autres histoires magnifiques et poignantes…

N’hésitez pas!Bonne lecture,

Chi-Chi

La princesse de Siam

(Réédition du 07/03/2011)
Le soleil brille ce weekend.
C’est un soleil d’hiver, lorsqu’il caresse mon visage avec délicatesse, je ne crains pas la morsure douloureuse de ses rayons, mais me languis de sa chaleur. Le retour du soleil me donne toujours des envies de vacances.
C’est un peu comme si j’aspirais à retrouver la langueur des jours d’août où il fait si chaud que l’on commence à vivre à la tombée de la nuit. Le soleil me donne envie de partir.
Loin.
Mais nous sommes en mars, et si on n’est pas sensé se découvrir d’un fil en avril, imaginez le mois qui précède ! Du coup, c’est décidé, aujourd’hui, je vous emmène à l’autre bout du monde, où il fait surement beau et chaud !
Je vous emmène en Thaïlande, ou plutôt au Siam. Car c’était ainsi que ce magnifique pays était appelé à la fin du 19ème siècle, au moment où s’ouvre La princesse de Siam d’Alexandra Jones.
Et guise de fil rouge, nous allons suivre le récit de la vie d’Elly Hjelm, ressortissante danoise et de Phra Tod Bankhon, aristocrate siamois.

Après une enfance au Siam, Elly est renvoyé au Danemark, chez son oncle et sa tante, afin de parfaire son éducation et devenir une jeune fille comme il faut. Mais Elly est malheureuse loin de ce pays exotique qui l’a vue naitre et n’a qu’un but, y retourner en qualité de médecin (fin 19ème, super easy comme projet de vie!). Pendant ce temps, au Siam, Tod continue lui aussi son chemin d’apprentissage de la vie auprès de son mentor, Phra Preecha, puis donne dans le commerce de jade (trafic serait sans doute un mot plus convenable, mais j’ai des égards pour la noblesse du héros)… Chacun de leur côté, les épreuves s’enchainent pour nos deux héros jusqu’au moment où enfin, les voilà tout deux réunis géographiquement.

Au delà de la simple histoire entre ces deux caractères bien trempés, on voit se profiler des changements dans ce pays aux règles si étrangères des nôtres. La fin du 19ème siècle et le début du 20ème riment pour les européens avec les grands empires coloniaux et l’arrivée de la première guerre mondiale. A l’autre bout du monde, la vie n’est pas moins compliquée et les passions se déchainent (il faut dire qu’entre une danoise et un baron du Siam, la simplicité n’a pas vraiment sa place).

Elly et Tod sont loin d’être parfaits. Leur couple…comment dire… Les couples mixtes sont bien trop souvent idéalisés comme une chose fabuleusement exotique, un pont entre deux cultures, le meilleur des deux mondes. Mais dans la vraie vie, celle où les petits poneys n’ont pas de place dans l’écurie, l’alliance entre deux cultures rime bien souvent avec clash et compromis. Et c’est exactement ce qu’est leur couple, une rencontre passionnée et douloureuse entre deux cultures. C’est  finalement dans le réalisme et les difficultés qu’ils traversent que j’ai apprécié ce voyage en ces terres complètement étrangères pour moi.

La princesse de Siam a su me charmer de ses paysages, de ses noms exotiques, de ses personnages tellement étranges et par dessus tout de ces instants chargés d’histoire auxquels j’avais l’impression de participer.

Si comme moi vous avez envie de vacances, suivez-moi dans cette parenthèse historique et vivez vous aussi le temps d’un livre, au rythme de la mousson.

Bonne lecture
Tam-Tam

De l’eau pour les éléphants


Réédition du 21/02/2011
Il y a un an, une amie très chère me tendait « De l’eau pour les éléphants » en me disant « Lis-le, l’histoire est magnifique ».
Je suis d’un naturel sceptique, un jour, on m’a tendu Twilight et on m’a dit sensiblement la même chose. Mais malgré toute l’affection que je porte à Chi-Chi, cette dernière n’est pas la seule à avoir très bon gout en matière littéraire.
J’ai donc pris le livre. J’ai retourné le livre. J’ai lu le résumé du livre. Et j’ai pâli. Intérieurement. Le thème central de l’histoire était le cirque.
Je n’aime pas le cirque. Je n’aime pas les acrobaties où les articulations ont l’air d’être faites de guimauve. Je n’aime pas les trapézistes qui virevoltent à 15 mètres  au dessus du sol et les lanceurs de couteaux qui risquent à tout moment de séparer un membre du reste du corps de leur assistance. Je n’aime pas les paillettes (n’est ce pas, dear ?). Et je n’aime pas les clowns !J’ai découvert le cirque avec Dumbo. Et ce Disney n’a rien de tendre : entre la cruauté de Monsieur Loyal envers ce pauvre petit éléphant et sa maman, et l’indifférence des autres animaux, mon cœur d’enfant a encore mal pour Dumbo. Comment oublier la séquence où l’éléphanteau, complètement ivre, nous fait partager ses hallucinations musicales qui ont peuplé mes cauchemars d’enfants pendant de nombreuses années (pour les courageux).
En plus, un clown, c’est super creepy. Ce faciès figé dans le maquillage, merci, mais non merci! Autant vous dire que je n’ai jamais lu les romans « Ça » de Stefen King, je n’en ai jamais eu besoin pour frissonner dans mes socquettes!

Mais j’ai confiance en mon amie. J’ai refoulé mon trauma d’enfant et je me suis lancée dans la lecture du roman de Sara Gruen.

Cela aurait pu virer à la catastrophe. Je me voyais déjà appeler Chi-Chi en catastrophe parce que je n’arrivais pas à dormir, que j’avais peur du noir et que des éléphants roses voulaient me piquer mes BN…

Dès les premières lignes de ce livre, un miracle a eu lieu. C’est bien simple, lorsque j’ai fini le livre, le soir même, j’avais les larmes aux yeux, des envies d’éléphant de compagnie qui me tiendrait chaud le soir…

L’histoire est bien écrite, intéressante et émouvante.
Jacob Jankowski est étudiant à l’école vétérinaire lorsqu’il perd ses parents dans un accident. Sans doute un peu perdu et sans doute un peu poussé par le désespoir, il saute dans le premier train qui passe. C’est celui du Cirque des frères Benzini. A bord du train, on n’accepte pas les passagers clandestins. S’il ne veut pas être jeté par dessus-bord, il va lui falloir gagner le droit de rester.

On découvre alors l’envers du décor. Car au-delà des paillettes et des projecteurs, la vie dans un cirque est dure. Il y a les stars qui occupent le centre de la piste, et les travailleurs de l’ombre. Mal nourris, maltraités, sous-payés, la Grande dépression n’a pas arrangé leur quotidien. Et par-delà les applaudissements de la foule, c’est un monde cruel qui s’articule autour d’un concept simple : tu travailles ou tu meurs.

(Disney 1 – mes illusions 0)

Malgré les difficultés, c’est dans cette dureté que Jakob va découvrir la valeur de sa vie, et s’y accrocher. De cette vie d’errance, il va faire un voyage initiatique, il découvrira les valeurs de l’amitié, du courage et de l’amour.

Au-delà d’une histoire captivante, ce roman est remarquablement écrit. Pendant tout le trajet que le train du cirque suit, j’ai senti la tension monter. J’ai appris à connaître les personnages imaginés par l’auteur. Du triangle amoureux au dressage des éléphants, cette histoire regorge de surprises. J’ai découvert l’Amérique de la Grande dépression et j’ai été déçue de voir le mot « fin » apparaitre.

Après réflexion, Dumbo mérite peut-être une seconde chance…

Bonne lecture,
Tam-Tam

PS : J’ai appris dernièrement que cette histoire avait été adaptée en film. La sortie de ce dernier est pour bientôt. J’hésite… D’autant que le rôle-titre est tenu par Robert Pattinson…

Qu’en pensez vous ?

Les mathématiques, c’est romantique

 

Lorsque l’on parle de sentiments, le postulat général veut que la logique reste à la porte. Le cœur a ses raisons, bla  bla bla… Blaise Pascal n’était peut être pas fleur bleue, mais l’idée était là. J’ai eu une version personnelle et adaptée de cet adage : Je suis pragmatique, l’amour ce n’est pas pour moi. Comme si le fait d’être logique et raisonnée allait en contradiction avec le sentiment amoureux.

Mais on parle de tomber amoureux, et s’il y a bien quelque chose que nous ne prévoyons pas dans notre vie, c’est la chute. L’amour représente alors un sentiment que l’on ne peut expliquer, qui n’obéit à aucun raisonnement et qui reste incompréhensible au plus brillant des intellects. L’amour serait pour les esprits lâchant prise, se laissant aller aux sentiments en oubliant leur raison.

Et puis un jour, au fil des lectures, j’ai réalisé que l’on y cherchait des explications à l’amour qui nait entre les hommes. Il y aura toujours quelqu’un pour expliquer la relation entre x et y, pour donner une raison à leur attraction : les hormones, la survie de l’espèce, l’attirance naturelle de l’homme, la sensualité féline de la femme…

On a tous entendu les théories fumeuses de l’attraction : Qui se ressemble s’assemble, les opposés s’attirent, ils ont les mêmes objectifs de vie…

Nous prétendons que l’amour n’est pas logique, mais nous passons notre vie à essayer de l’expliquer, avec plus ou moins de réussite.

Patrick Cauvin pousse la théorie plus loin. Dans « e=mc2,  mon amour » et « Pythagore, je t’adore », il nous dévoile l’histoire de Daniel et Lauren.

Daniel est français, habite en banlieue parisienne, connaît le dictionnaire du cinéma par cœur et pourrait sans doute monter un réacteur nucléaire avec un bout de ficelle et un chewing-gum usagé.

Lauren est américaine, parle en alexandrins et peut vous expliquer tout Kant et Nietzche depuis l’âge de 3 ans.

Avec un cerveau pareil, difficile de se sentir à sa place dans la société. Plus vraiment un enfant, pas encore un adulte, mais définitivement très solitaire. Les vies de nos héros vont entrer en collision le jour de leur rencontre, chacun trouve en l’autre une âme sœur. Ils se ressemblent, et pourtant tout les oppose : il est un peu voyou, un peu branleur, elle est un peu coincée, un peu hautaine, mais l’auteur saura les réunir.

Le charme de ces deux romans est d’avoir rendu possible ce qui dans mon esprit était impossible. Ces deux prodiges sont d’une logique implacable, les rouages de leur cerveau leur font envisager des possibilités qui nous dépassent, nous, simples mortels, et pourtant, ils « lâchent prise » et « tombent » amoureux.

On peut donc être pragmatique ET amoureux ? Une révolution s’opère dans mon esprit…

Nous aurons deux livres pour découvrir leurs aventures. Ils vont grandir et passer de l’enfance à l’adolescence, tenter de s’émanciper. Ils vont nous émouvoir avec leurs problèmes d’adultes et leur énergie d’enfants. Comme ils ont pu me faire rire avec leurs plans invraisemblablement brillants qui m’ont fait envisager un instant que la conquête du monde était possible, ils réussiront même à réconcilier les plus allergiques aux mathématiques !

Après lecture de ces deux opus, mon envie oscille entre faire une équation du troisième degré, déterminer l’intégrale de la fonction f(x), ou aller me pelotonner devant un film de Franck Capra dans lequel Cary Grant déploierait tout son charme.

Bonne lecture,
Tam-Tam

Le dernier souffle


Réédition du 24/01/2011

Parfois, je n’ai plus rien à lire.

Je suis une grosse menteuse ? Je suis blessée dans mon honneur. Vraiment, vous ne me croyez pas quand je vous dis qu’il m’arrive de ne plus rien avoir à lire ?
Ce doit être ces mois passés à vous recommander des livres ? Ou peut être me suis-je trahie en reconnaissant ne pas avoir lu certains livres chroniqués par Chi-Chi…

Bon, je le reconnais, lorsque je dis que je n’ai rien à lire, il faut voir entre les lignes et comprendre « rien ne me tente dans ma bibliothèque » ou « je ne suis pas chez moi et j’ai sous-estimé ma vitesse de lecture, les 6 livres que j’ai apporté pour le weekend sont déjà lu et chroniqués ».
Vous êtes durs avec moi, vraiment !

En plus, il m’est déjà arrivé de n’avoir rien à lire !
Je m’en souviens comme si c’était hier : j’étais en visite dans un royaume voisin et le prince pas si charmant qui me recevait a passé le week-end à lire. Moi qui pensais que l’on passerait cette visite diplomatique à goûter aux charmes du pays, j’étais un peu vexée.
Et puis il s’est mis à me parler de la trilogie du Dernier Souffle de Fiona McIntosh. « C’est une histoire d’amour formidable, tu devrais être sensible ! ». Le rustre, il marquait un point.

Pourtant rien dans la quatrième de couverture du premier opus intitulé « Le Don » ne laisse entrevoir la moindre romance. Il est question de Wyl Thirsk, général et chef des armées du royaume de Morgravia, dont l’ennemi juré et héritier du trône, a juré la perte. Il est question d’une menace venue du nord, d’une malédiction (ou d’un don, question de point de vue) transmise par Myrren, une sorcière, qui doit être la réponse au mal qui ronge le continent et que Wyl va devoir embrasser s’il espère sauver le pays qu’il a juré de défendre.

Fidèle à ses talents d’argumentateur, ce prince pas si charmant me rétorque :
« Si ! Si ! là.
– Mon cher prince, peux tu développer ?
– Wyl et une fille du livre! Le doigt pointé sur un passage qu’il est vraisemblablement en train de lire, il lève le bout du nez et rencontre mon regard interrogatif.
– Ah bon ? Pas une chèvre ? »

Le prince pas si charmant est quelqu’un de concis. Mais j’ai eu recours à ma technique de sniper pour lui tirer les vers du nez. Quelques spoilers suivent, mais ce sont ces informations même qui m’ont poussée à ouvrir le premier tome et à plonger avec délice dans les aventures du général à la crinière de feu. A bon entendeur…

Wyl est l’héritier d’une longue tradition de militaires et proches amis du roi. Son père était général et le frère de sang du roi Magnus, son grand-père était général et confident du roi précédent, und zo weiter…
Le souverain souhaite que son fils Celimus fasse de même avec Wyl (la tradition, vous comprenez). Mais l’amitié ne se commande pas, et il est clair dès leur rencontre qu’ils sont destinés tout au mieux à se détester cordialement. Magnus n’est pas éternel. A l’heure de sa mort, c’est une profonde haine que voue Celimus à l’égard de Wyl.

A présent que son royal père n’est plus là pour temporiser ses excès, la cruauté naturelle du nouveau souverain peut enfin se révéler dans toute sa splendeur.
Sa première mission, faire tuer Wyl (Parce que sinon, c’est pas drôle hein ? Une histoire sans complications en heroic fantasy, faut pas trop compter dessus !).

Quelques années plus tôt, Wyl a bravé le courroux de l’héritier et fait preuve de compassion envers une jeune femme accusée de sorcellerie en lui donnant un verre d’eau et en s’opposant à la poursuite de sa torture. Cette dernière, avant de succomber, a transmis le « dernier souffle » à Wyl pour le remercier et faire du jeune homme l’instrument de sa vengeance…

Ce dernier souffle transmis par Myrren se matérialise au moment de la mort. L’âme de Wyl se trouve alors transportée dans le corps de son assassin. De corps en corps, Wyl devra traverser le continent entier, affronter des armées entières, ruser, mentir et se battre pour venger sa famille, protéger la femme qu’il aime et rétablir la paix.

Pourquoi lire Le don, Le sang et L’âme ?
Parce que fondamentalement, voir un guerrier rouquin réagir à la découverte de ses « nouveaux corps » successifs est un amusement sans fin.
Parce que comme toujours dans l’héroic fantasy, la division manichéenne du monde est reposante. Les méchants sont de la pire sorte, pas de circonstances atténuantes, pas de sursaut d’humanité. On est heureux de les voir périr avec fracas. Les héros luttent pour une noble cause. Ils sont généreux, loyaux, téméraires… Bref, tout ce que nous ne sommes jamais totalement.
Parce que l’auteur est une femme. Et si nous avons le droit à des descriptions rondement menées de combats au corps à corps, Fiona McIntosch vous épargnera les chapitres entiers de descriptions de batailles qui personnellement m’ont fait périr d’ennui à la lecture du Seigneur des anneaux.
Enfin, parce que le prince pas si charmant avait raison, il y a une belle histoire d’amour qui vaut le coup d’être découverte.

Bonne Lecture
Tam-Tam

Courting Greta

Contexte :

Scène de nuit, le téléphone est encore et plus que jamais notre meilleur ami.

Vous croyez que c’est facile de tenir un blog à 4 mains quand on se voit 2 fois par an, 3 les bonnes années ? Résultat, besoin d’une organisation de malade.

Surtout quand il s’agit de la saga de l’été.

Traditionnellement c’est T. qui s’en occupe toute seule, mais j’ai décidé de lui faire une faveur vu que depuis qu’elle participe à la reproduction de l’espèce, elle est un peu plus occupée.

Non je plaisante, c’est juste qu’on a brainstormé sur un sujet, qu’il y avait 14 tonnes de livres à lire et qu’on s’est dit que ça serait plus fun à deux. D’où mise au point dès le début du mois de mai d’un programme de lecture avec prévision des dates d’articles et ordre dans lequel il faut lire ce qui est encore à lire, le tout pour caler tous nos articles jusqu’à fin septembre ! (là où vous pouvez être rassurés du coup, c’est qu’on a pas prévu de fermer le blog avant ça)

1er livre sur ma liste, ça tombe bien, c’est un qui me tente plutôt :
Courting Greta de Ramsey Hootman

Vous avez compris depuis la semaine dernière, le thème c’est le héros vierge. Dans un historique c’est déjà rare, mais alors en contemporain, autant chercher une licorne et un farfadet en train de danser la gigue ! Autant essayer de prendre Nessie en photo lors de ses vacances au Pole Sud. On a trouvé quand même, vous verrez…

Ici, le ton est donné assez vite, on peut se douter de pourquoi le héros (Samuel) est vierge. Handicapé physique, ayant vécu dans sa petite bulle, détestant le monde entier (la peur de l’autre, cela arrive aussi aux personnes intelligentes, et Samuel – il déteste que l’on l’appelle Sam – a ses raison de se méfier) de manière assez indiscriminée, pas facile de passer à l’acte.

Mais quand un incident le pousse à sortir de sa torpeur, il plaque son travail grassement payé de consultant/génial inventeur informatique dans la Silicon Valley pour devenir prof de techno dans un lycée minable.

Entre l’étroitesse d’esprit du principal qui confond handicap et stupidité (à moins que ce ne soit sa stupidité à lui qui le handicape), les élèves qui sont, c’est bien connu, des modèles de cruauté par leur absence totale de limites (je ne connais pas grand chose de plus cruel qu’un ado de 15 ans), et les joies de la vie quotidienne du prof confronté à la pénurie de moyens matériels qui essaye quand même tant bien que mal de faire son travail correctement, Samuel se retrouve dans des situations assez peu heureuses et le choc des cultures est d’autant plus violent qu’il passe de San Francisco à une petite ville de province, du confort matériel à un environnement spartiate, et en fait, tout simplement que, non content de changer de travail, c’est sa vie entière qu’il bouleverse. Autant dire, pas la joie…

Jusqu’à ce qu’il rencontre Greta… la prof de sport.

Je voudrais vous dire que c’est une romance, mais ce livre est tout sauf romantique. Il parle d’amour oui. Il parle de la difficulté de baisser sa garde pour laisser d’autres êtres humains approcher, il parle de la perte des illusions, et de la découverte qu’il y a quand même une vie possible sans ces illusions. Il parle du fait qu’il n’est jamais trop tard et que l’amour et l’amitié peuvent venir de là où on l’attend le moins.

Pas d’envolées poétiques, pas de licornes, pas de paillettes. Jusque dans le sujet clé de la virginité et du sexe, tout est traité avec un réalisme âpre. Oui, âpre. Dur, un peu trop parfois. Rien n’est dissimulé, rien n’est éludé. C’est un éclairage cru sur la réalité dans ce qu’elle a parfois de plus rude, mais aussi de plus touchant, justement parce que les personnages sont réels.

Samuel et Greta ne sont pas beaux, ce ne sont pas de héros de romance, ils sont criblés d’imperfections autant physiques que morales. Il est égocentrique avec un complexe de victime, elle est enfermée dans ses secrets et incapable de communiquer un sentiment. Et pourtant, dès les premières pages, je voulais croire en leur histoire.

Dès les premières pages, l’auteur m’a accroché, je voulais savoir ce qu’il adviendrait d’eux, et je ne voulais pas lâcher le livre jusqu’à comprendre comment ils en étaient arrivés là.

Dans Courting Greta, c’est la vie qui reprend son souffle, et finalement, la virginité de Samuel n’est qu’un détail, qu’un marqueur de la distance qu’il a mis entre lui et le reste du monde. Par son handicap, c’est quelque chose auquel on peut croire, mais si il avait eu de l’expérience, l’histoire en aurait été la même – si ce n’est qu’il aurait peut-être déjà eu l’occasion de faire confiance.

Pour conclure, pas de révélation fondamentale sur le héros vierge comme sujet d’étude en romance, mais un livre habilement mené et une très belle découverte que je vous recommande !

Bonne lecture

Chi-Chi

Le soleil sous la soie

Oyé, Oyé,
Aujourd’hui en exclusivité, un guest star. Oui, vous avez bien lu, UN guest star!
En plus, le héros du roman du jour est un Nicolas. Comme vous le savez, c’est un gage de qualité!
T.

Recevoir un livre fait plaisir mais si on n’a jamais entendu parler ni de l’auteur ni du livre, que ce dernier  fait plus de 900 pages, on peut se demander si on arrivera à  se motiver pour le commencer puis à le terminer.

Heureusement « Le Soleil sous la soie » d’Éric Marchal emporte l’intérêt du lecteur et nous tient jusqu’au dénouement.  La quatrième de couverture présente une intrigue se situant à la fin du 17e siècle relativement classique d’un personnage principal chirurgien ambulant partagé entre deux héroïnes. Une fois la lecture du livre terminée, on peut dire que cette quatrième présente bien l’intrigue et campe fidèlement le récit.

Avant de parler des personnages, précisons que le 17e siècle décrit n’est pas celui de la cour de Versailles même si un passage va s’y situer et où d’ailleurs quasiment tous les faits décrits dans l’ouvrage sont authentiques.

L’histoire commence en Lorraine et s’y terminera après un voyage à travers de l’Europe.  Nous sommes loin des fastes de la cour de France et de ses intrigues si souvent décrites ailleurs. Nous allons plutôt découvrir l’histoire du Duché de Lorraine et de son jeune Duc Léopold.

Nicolas Déruet, le personnage principal a tout pour lui, il est beau, intelligent, imaginatif, indépendant, désintéressé, avisé, tolérant et fidèle. Il est d’une amitié indéfectible, toujours là pour aider et sait pardonner en faisant preuve d’une indulgence enviable. A côté de lui de nombreux personnages qui vont l’accompagner, l’épauler, le soutenir voire parfois le trahir et, malgré cela, Nicolas saura voir et tirer le bon côté des choses. Citons François le Hérisson blanc son maitre, Azlan son élève, Germain Ribes de Jouan son ami et confrère, Léopold 1e son Duc.

Nicolas a sans doute un côté trop « parfait » mais pas trop agaçant pour le lecteur masculin que je suis. Face à lui, deux héroïnes veulent être l’élue de son cœur, l’une Marianne Pajot accoucheuse aspire comme lui au progrès de son art de maïeuticienne en cherchant à améliorer sa pratique par une soif permanente de la connaissance, l’autre, Rosa de Montigny marquise de Cornelli, issue de l’aristocratie annonce par ses actes l’esprit des lumières du 18e naissant. Alors laquelle va-t-elle gagner son cœur ?

L’une comme l’autre sont attachantes. Chacune agira pour gagner et conserver le cœur de Nicolas. Il est difficile d’en préférer l’une à l’autre. Et ce choix est aussi compliqué pour Nicolas mais le temps l’aidera à faire son choix. Si c’est le fil conducteur de l’histoire que l’on pourrait résumer à l’amour et ses complications, la richesse de l’ouvrage tient également en sa qualité de roman historique qui nous fait découvrir l’histoire du Duché de Lorraine, nous décrit les balbutiements de la chirurgie moderne face à une médecine soucieuse de garder son influence, nous fait partager le quotidien des armées de la coalition du Saint Empire Romain en guerre contre l’Empire Ottoman.

Ce roman historique, dans la ligné des Piliers de la terre de Ken Follet, a l’atout d’être écrit par un français et de tenir toutes ses promesses.  Signalons que le titre du livre « Le Soleil sous la soie » symbolise l’image du cœur qui bat sous la peau. Le cœur-soleil, emblème de l’amour et de la tendresse, assure le souffle de vie, sous la peau-soie douce au toucher.

Bonne lecture,
Dr. Come

Saint Nicolas de la romance

Heureux qui comme Ulysse…a fait un long voyage.

Voilà bien longtemps que je voyage. Mais en ce 6 décembre, c’est vers ma chère Lorraine que mon esprit s’égare. Car en Lorraine, le 6 décembre, nous célébrons, en compagnie que tout le reste de la communauté germanophile et germanophone, la Saint Nicolas.

J’ai caressé l’idée, un court instant de vous raconter dans ce post du lundi l’histoire du bon Saint Nicolas, du boucher et des trois petits enfants. Car Saint Nicolas est l’infâme instigateur de mon addiction au chocolat Ferrero – nous avons déjà établi à quel point entre moi et Ferrero, c’est une véritable histoire d’amour qui s’est créé.

Chaque année, grâce à lui, l’action du chocolatier doit gagner quelques points…

Il était donc de mon devoir de rendre hommage à celui qui a vu naitre mon amour des gouters de pain d’épices les jours de neige, celui qui nous voyait, chaque année sans faute, enfiler nos pulls les plus chauds (et piquants) pour aller voir sa parade dans les rues de notre ville. Du haut de son char, il agitait la main, saluant les familles avec une dextérité digne d’un concours de Miss (des années de pratique mes bons amis, et un coaching intense orchestré par Miss Mirabelle).

Mais j’ai eu pitié de vous, et du devenir de votre petit déjeuner. Aussi ai-je décidé de me concentrer sur Nicolas, à défaut de vous faire un rapport sur le Saint. Et pour rendre cet hommage encore plus légitime, j’accueille ici aujourd’hui Madame la Marquise. Cette Lady d’Alsace connaît tout comme moi le plaisir simple de déguster le pain d’épices de la Saint Nicolas, la joie de voir les décorations de Noël dans les rues, l’excitation à l’ouverture du Marché de Noël qui donne aux rues un air de fête…

Et des Nicolas, que ce soit moi ou notre guest-star du jour, nous en avons rencontré !

Il y a les tourmentés :

Alors que je faisais les étagères de ma bibliothèque pour retrouver mes Nicolas, Madame la Marquise, elle, pensait à Nicolas Angelovski, et me racontait comment elle l’avait rencontré pour la première fois dans « L’ange de minuit » de Lisa Kleypas, alors qu’il n’était qu’un méchant. Imaginez, il voulait pendre l’innocente Tasia pour le meurtre de son frère (qui selon moi était un pervers de la pire espèce qui le méritait bien, mais Madame la Marquise est une dame bien comme il faut, aussi ne l’a t-elle pas mentionné).

Lorsqu’on le retrouve dans « Prince de l’éternité », il n’est plus cet homme ténébreux qui pouvait faire ce qu’il voulait en toute impunité. Il a changé. Notre Marquise a son panthéon personnel de héros incontournables, et ce Nicolas en est une figure très sombre (entrer dans un panthéon n’est pas chose aisée après 30 ans de lecture). Il a un passé. Il a changé. Mais il sait ce qu’il veut… ou plutôt qui il veut, quitte à manigancer la rupture des fiançailles de la jeune fille convoitée pour pouvoir la consoler en l’épousant lui-même. Mais le grand Nicolas qui croyait tout savoir va comprendre qu’on ne peut tout prévoir, et surtout pas les sentiments.

Tout comme notre marquise, j’aime ce Nicolas, ses imperfections et ses tourments. Et pour mon plus grand bonheur, Lisa Kleypas semble affectionner les Nicolas au passé sombre.

Il y a les musiciens :

Comme chez Nora Roberts et le charismatique Nicholas Le Beck, pianiste et compositeur de talent dans la saga des Stanislaski. Il ne vous chantera pas « Deck the halls with boughs of holly »… non, loin de là. Ce fringuant jeune homme donne plus dans le Broadway que dans le chant de Noël. Et c’est la charmante Frederica qui saura lui faire battre le cœur. Pour les besoins de cet article, je me suis replongée dans leur histoire… Elle fleure bon les années 80 (Monsieur est fumeur) mais le charme de Nick a su rester intact. Il est l’idée que je me fais d’un musicien. De longs doigts fins, agiles, un corps tout en nervosité et muscles longs, un passé (check !), et le salut dans la musique. Laissez-vous charmer par la musique de Waiting for Nick (Un amour d’enfance), vous refermerez ce livre avec une envie de Broadway, et de nourriture ukrainienne.

Il y a les Lords au grand cœur :

Nicholas St. John, dans Ten ways to be adored when landing a Lord de Sarah MacLean : je vous avait parlé de mon miracle Amazon de cet été, ce livre est l’histoire du charmant jumeau, Nicholas. Et si jumeau il est, identique il n’est pas…

Nicholas n’est pas un « rake », c’est un intellectuel. Du moins en apparence. Sous couvert de son statut d’expert en antiquités, ce dernier a œuvré pour l’intelligence britannique pendant les guerres napoléoniennes. Il est à présent de retour au pays, et après avoir été élu meilleur parti de Grande-Bretagne, sa vie semble encore plus périlleuse. Lorsqu’un vieil ami lui demande son aide, il saute sur l’occasion de fuir Londres… et tombe sur Isabel.

Il y a les petits :

Ou plutôt Le petit… Nicolas, de René Goscinny. Fidèle à ma tendance à tout lire dans le désordre (je vous raconterai un jour comment j’ai lu les Chroniques de Narnia en commençant par le Prince Caspian…), j’ai découvert le petit Nicolas avec « Joachim a des ennuis ». Je devais avoir 7 ans, et j’ai été impressionnée d’apprendre que c’était un adulte qui avait su retranscrire avec autant de justesse mon esprit d’enfant. Vous remarquerez aussi que le petit Nicolas est assez intemporel. Il est évident qu’on n’y parle ni de Nintendo, ni d’internet, mais les questionnements, problèmes, chamailleries, et autres considérations enfantines restent vraies. Je ne saurais dire si j’ai lu un « Petit Nicolas » un 6 décembre, mais l’esprit est le bon. Prenez donc une clémentine, une barre de chocolat Milka (pour changer) et plongez-vous dans les aventures de ce petit bonhomme.

Des Nicolas, il y en a bien d’autres…

En ce 6 décembre, je suis plongée dans The Perfect Stranger – Sauvetage amoureux – de Anne Gracie où il est question de Nicholas Blacklock et de Faith, j’ai ouvert la case 6 de mon calendrier de l’avent, il fait froid dehors et la lessive attendra…

Bonne lecture,

Tam-Tam

Papa Longues Jambes

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(Réédition du 28/10/10)

La première chose que je regarde, lorsque je vais chez quelqu’un pour la première fois, c’est la présence de livres. Peu importe le genre de littérature, mais une maison ou un appartement sans livres me semble vide. Froid. Sans vie. Lorsque je regarde une émission de déco à la télé, la question qui me préoccupe toujours le plus est la suivante : mais où mettent-ils leurs livres??! Et pour ceux qui en ont, pourquoi le décorateur s’obstine-t-il à les dissimuler? Il paraît que ce n’est pas harmonieux visuellement, une bibliothèque!

Je suis choquée par cette idée, mais du coup, je me suis demandée… Pourquoi, alors que certaines personnes n’imaginent pas vivre sans des bibliothèques surchargées, d’autres n’ouvrent jamais un livre? De qui tenons-nous notre goût pour la lecture? Qu’est-ce qui a rendu certains plus sensibles que d’autres au pouvoir des mots, de l’imagination? Est-ce prédestiné, génétique? Héréditaire? J’ai tendance à croire que c’est une bonne dose de prédisposition assortie d’un héritage favorable.

C’est ma mère qui m’a appris à lire, avant que je n’aille à l’école. Sans être une grande lectrice elle-même (trop d’enfants, pas le temps), elle avait un sain respect pour les livres. Et bien sur, elle m’a lu des histoires dès mon plus jeune âge.

Mon père, c’est autre chose, c’est un malade de lecture. Mais des choses très sérieuses, qu’il ne partageait pas avec nous. Pensez, il n’y avait même pas d’images dans ses livres, ou alors parfois quelques photos ennuyeuses, du genre un chameau au milieu du désert, ou un portrait de vieux monsieur en noir et blanc… Mais même comme cela, il m’a transmis un rapport bizarre au livre : lors des nombreux déménagements de mon enfance, et malgré le poids et les difficultés que cela pouvait entraîner, nous avions des dizaines de cartons de livres à emmener avec nous à chaque fois. Les livres étaient à la fois le boulet du déménagement, et l’élément familier qui symbolisait notre maison, où que nous soyons. D’aussi loin que je me souvienne, dans tous les lieux où nous avons vécu, il y avait toujours des livres dans toutes les pièces : chambres, bureau, bibliothèque, couloirs, entrée, sous-sol…

Pour l’entourage moins proche, même problème : chez les grands-parents, d’un coté, de l’autre, chez les oncles et tantes où nous allions en vacances… En ce qui me concerne, je crois que c’est un peu tout cela réuni qui m’a contaminée et a fait de moi une lectrice avide. Ce serait donc l’environnement? Oui, mais pas seulement. Les résultats n’ont pas été les mêmes par exemple entre mes frères et moi. Mon grand frère est comme mon père, il lit beaucoup, des choses très sérieuses, l’un de mes petits frères n’aime pas vraiment la lecture.Et moi, eh bien je lis de la romance, il paraît que cela ne compte pas. Mais je « consomme » tout de même entre 4 et 8 livres par mois!

Plus que n’importe qui, je crois que c’est ma mère qui m’a transmis ce virus, c’est elle la responsable du temps que je passe encore aujourd’hui le nez plongé dans un livre, et elle m’a donné en héritage des livres qu’elle avait elle-même aimé. Je vous ai déjà parlé d’Anne, il est temps de s’intéresser à Judy, l’héroïne de Daddy Long-legs (Papa Longues Jambes) de Jean Webster.

Jerusha Abbott, aka Judy, a grandi dans un lugubre orphelinat américain, circa 1900. Trouvée bébé, son nom a été choisi par Mrs Lippett, la directrice : Jerusha vient d’une tombe, et selon Mrs Lippett, c’est un prénom « solide », quand à Abbott, c’était le 1er nom dans l’annuaire! Ses 18 ans approchant, Judy devrait bientôt quitter l’orphelinat pour un métier fort enviable, genre domestique, domestique ou domestique. Et en attendant, elle s’occupe des petits de l’orphelinat… Un jour, Judy, que l’on n’appelle pas encore Judy mais plus sagement Jerusha, est convoquée chez la directrice.

Sa vie va changer ce jour-là : l’un des « bienfaiteurs » de l’orphelinat a décidé de s’intéresser à elle, et parce qu’il trouve qu’elle écrit bien, qu’elle a de l’esprit, et du coup, le potentiel pour devenir écrivain, il a décidé de lui payer des études à l’université! Judy se disant que c’est une perspective d’avenir nettement plus enviable que domestique (et elle a bien raison), accepte aussitôt! Seule condition à cette bourse d’études providentielle, notre héroïne doit envoyer à son bienfaiteur une lettre mensuelle sur ses activités diverses et variées.Parce qu’il souhaite rester anonyme (les lettres sont à adresser à M. John Smith – qui ne répondra jamais), Judy décide de le surnommer « Papa Longues Jambes », en référence à sa grande silhouette dégingandée, à peine entre-aperçue.

La suite de l’histoire nous est alors racontée à travers les lettres que Jerusha (qui devient enfin Judy) envoie, racontant son installation à l’université, ses cours, ses exploits sportifs, ses voyages, ses premières tentatives d’écrivain, sa rencontre avec un charmant jeune homme… Le style pétillant et malicieux qu’elle utilise dans ses lettres émaillées de petits dessins (de la main même de l’auteur), nous entraîne au fil de ses années universitaires, vers ses projets d’avenir, son émancipation de femme… Et bien évidemment, à la découverte de l’identité de ce mystérieux Papa Longues Jambes!

Ce roman est un classique de la littérature nord-américaine, maintes fois adapté en film et en dessin animé. Pour prolonger le plaisir, il existe également une suite, Dear Enemy, ou Mon ennemi chéri, qui est bien moins connue, et nous raconte l’histoire de Sally, la meilleure amie de Judy à l’université. Et sur le sujet, je vous fait partager l’avis d’une autre guest-star, Pirouette :

« Côté réflexions sur l’éducation et idées philosophiques, il y a plein de commentaires sur l’influence de l’hérédité, de l’environnement, les méthodes d’éducation plutôt douces (par rapport à celle de Mrs Lippett) et les bienfaits d’une bonne hygiène de vie : aérer les salles, envoyer camper les garçons dehors, varier la nourriture, faire travailler les enfants soit aux champs, soit à la cuisine, à la couture, etc. C’est vraiment très intéressant. Et on peut l’écouter sur librivox.org (NdA : pour les fans des audio-books, donc pas moi!). L’auteur fait référence à Montessori et à d’autres théories de l’éducation. C’est assez avant-gardiste pour l’époque. Elle insiste encore une fois aussi sur le suffrage des femmes, ou plutôt le fait qu’elles n’aient toujours pas le droit de vote. L’horreur!! L’auteur a l’air de croire que l’éducation peut tout changer et sauver tout le monde ».

Si ces livres ont survécu à l’épreuve du temps, c’est bien parce qu’au-delà de la romance, on y trouve différents niveaux de lecture!

Et j’espère bien que si j’ai un jour une fille, elle aussi les aimera, et les conservera précieusement, dans sa maison envahie par les livres (oui, je souhaite avoir des enfants qui hériteront de la maladie familiale)… En attendant, si vous n’avez pas encore lu Papa Longues Jambes, et sa suite, précipitez-vous chez votre libraire!

Bonne lecture,

Chi-Chi

Un début d’année du côté rose de la force

Les parutions sont nombreuses, et ici on lit beaucoup en VO…

Mais les éditeurs sont plein de sagesse, voyez donc toutes les jolies choses qui vont sortir (ou sont déjà sorties) que je vous (re)propose en ce lundi!

En historique tout d’abord:

angeminuit-princeeternite« L’ange de minuit » de Lisa Kleypas. J’ai en ma possession l’exemplaire avec un couverture qui déborde de kitch, mais je vous mets ici la réédition beaucoup plus consensuelle de J’ai Lu (Cess, elle est sublime la vieille couverture hein?).

« Le prince de l’eternité », qui en est la suite. Toujours lu en version vintage, mais toujours aussi « Kleypasien » (oui, tout a fait, kelypasien!).

flambeur-minuit« Le flambeur » de Sarah MacLean. Little B. est présentement en train de lire son exemplaire (gagné grâce aux adorables membres du blog Lune et Plume) et doit me faire un rapport dans les plus bref délais. Mais en attendant, en mon temps, j’ai beaucoup aimé! La suite « La curiosité est un vilain défaut » paraitra en avril, tenez-vous prêtes!

« Le duc de minuit », de Elizabeth Hoyt. mon favori de la série pour le moment (Batman!!!) (oui, je me suis retenue pour le smiley, alors je compense avec le triple point d’exclamation, il ne faut pas m’en vouloir).

A paraitre en mars, la réédition de « L’idylle interdite » de Teresa Medeiros que j’ai abordé cet été dans le cadre de ma saga sur les pirates. Chi-Chi, Doom est de retour!!!! Et enfin en juin, « La jeune fille à la tour » d’Eloisa James sera disponible en VF.

Passons aux contemporains:

milady-fangirl-betme« Fangirl«   de Rainbow Rowell est enfin sorti. Si ce n’est déjà fait, précipitez vous dessus et découvrez Cath et son univers!!

« Séduis-moi si tu peux » de Jennifer Crusie lui aussi est sorti. Il fait partie du top 15 de Chi-Chi… après, je dis ça moi, je dis rien…

theoreme-bastardSans oublier « Le théorème du homard » de Graeme Simsion. Une romance vraiment pas comme les autres.

Et « Beautiful Bastard » de Christina Laurens, ou du moins la version surprenante sur laquelle Chi-Chi a mis la main.

Je vous laisse à la sélection du jour. Et pour celles qui ne pourraient malheureusement pas multiplier les heures dans la journée, je vous conseille de commencer par Fangirl en contemporain et Le flambeur en historique…

Bonne lecture,
Tam-Tam

Nos étoiles contraires

nos-etoiles-contraires

Oui, vous ne rêvez pas… En ce mercredi je parle d’un livre. Mais comme c’est pas vraiment une romance de type « poney paillettes », Nos étoiles contraires (the fault in our stars) de John Green trouve plus sa place à Vera Cruz.

Oui, parce que ce n’est pas vraiment spoiler que de dire que l’histoire d’amour entre deux ado atteints de formes de cancer n’est pas la recette magique d’un happy end systématique. Néanmoins, le roman de John Green reste une très belle histoire, d’où sa présence ici.

La narration se fait à la première personne, du point de vue de Hazel Grace, atteinte d’un cancer à la Thyroïde avec des métastases sur les poumons, ce qui la force à trimbaler un bombonne d’oxygène partout où elle va, notamment au groupe de soutien où elle rencontre Augustus, en rémission (cancer des os qui lui a couté une jambe)…

Une jeune fille, un jeune homme… vous connaissez la procédure. Mais ici point de mievrerie gratuite, dégoulinantes de bons sentiments. Les deux héros et leur statut un peu particulier de survivants ne les ont pas transformé en personnification de la bonté et de la générosité (comme c’est parfois le cas dans la culture américaine). Non, ce sont des ados plein d’humour noir. Il faut dire que finalement, le morbide, ça leur est très familier.

Si bien que si vous aimez la voix du livre (ma comparse n’aime pas le style de John Green, donc je préfère prévenir), ce livre se lit avec une facilité déconcertante malgré la thématique.

En plus, l’adaptation filmique sort en juin. Alors quoi de mieux que de l’avoir lu pile poil avant?
Je vous laisse avec sa bande annonce.


Bonne lecture,
Tam-Tam

The Rosie Project – Le théorème du homard

Mes amis, aujourd’hui, il s’agit de parler de choses graves. Graves comme la liste de Noël qui n’est pas terminée, comme la valise que je n’ai pas faite pour aller passer quelques jours en famille ou comme le menu qui est toujours indéterminé? Non, pire, grave comme la tenue que je n’ai toujours pas choisie pour la traditionnelle photo du 25 que je redoute par dessus tout. Qui a une tête fraiche le 25, franchement?

Pas moi. Donc, j’ai l’air fatiguée et il se passe des choses graves.

Dans la vie de Don aussi, des sujets importants sont à l’étude (mais pas quelle robe mettre pour l’occasion, non). Car récemment, Don a lu une étude démontrant que les hommes mariés vivaient plus longtemps que les célibataires.

Qui est Don me direz-vous? Le héros de ce livre bien sur. Et notre héros pense qu’il a encore beaucoup de choses à faire sur cette terre, et que sa quarantaine approchant, il est temps de songer à l’avenir. Avenir qu’il prolongerait bien d’une petite dizaine d’années, grâce aux bons soins d’une épouse dévouée. Alors, Don a décidé de se marier.

Le problème, c’est qu’il ne sait pas encore bien avec qui. Oui, Don est célibataire, il a une série de critères très précis concernant ce qu’il attend de sa future femme. Mais n’ayez crainte, pour s’aider, il a mis au point un questionnaire parfaitement précis et hautement détaillé qui devrait lui permettre d’éliminer rapidement les candidates non désirables.

Il faut dire que Don est un peu spécial.

Pour les experts ès séries, je vous dirais que Don est un genre de Sheldon dans The Big Bang Theory (quand même nettement moins pénible et plus sympathique, je vous rassure). Professeur de génétique dans une grande université, sa vie est réglée comme du papier à musique selon des règles et des standards inébranlables. Don n’est pas trop vilain à regarder, il ressemblerait même un peu à Gregory Peck, mais il manque cruellement de social skills (si vous ne connaissez pas Gregory Peck, votre culture est à faire – pour s’occuper en faisant le sapin par exemple – comment ça il n’y a que chez moi que l’on attend le 23 pour décorer le sapin ??).

Je disais donc, Don est spécial, ce qu’il faudra traduire par : il est insupportablement brutal d’honnêteté et de rigueur morale. Psychorigide quoi… Tendance autiste je dirais même, bien que cela ne soit jamais clairement mentionné.

Mais, en pleine recherche scientifique de sa compagne parfaite, et handicapé par son idée fixe, notre héros se méprend lorsque Rosie vient frapper à la porte de son bureau, et il suppose qu’elle vient poser sa candidature comme épouse potentielle. Bien évidemment, Rosie ne saurait faire l’affaire, pensez : barmaid de profession, elle fume, elle n’est pas ponctuelle, elle ne mange pas de viande…

Rosie, de son côté, n’est pas spécialement intéressée par le questionnaire de Don, qu’elle trouve plutôt révoltant, option dégradant pour toutes les femmes de la planète. Un critère de plus en sa défaveur, elle a l’audace d’être féministe ! Et elle est surtout intéressée par les talents de généticien qu’elle pourrait utiliser dans la quête qu’elle a elle-même entamée pour retrouver son père biologique.

Par on ne sait trop quel miracle du destin, poussées par des forces invisibles (le premier qui dit la flèche de Cupidon récitera 5 fois la table des éléments), Don et Rosie se trouvent embarqués ensemble dans ce qu’ils appellent The Father Project, et qui, entre deux homards, une soirée cocktails, pas mal d’incidents diplomatiques et trop de conseils d’amis plus ou moins bien intentionnés, va les emmener dans une drôle d’aventure et déboucher sur The Don Project et le fameux Rosie Project !

Je n’en dirais pas plus sur Don et Rosie, vous n’êtes pas au bout de vos surprises et je m’en voudrais d’en gâcher la moindre miette…

Je ne peux que vous dire ceci : The Rosie Project de Graeme Simsion est un roman vraiment hors du commun. Ce n’est pas une romance classique, ce n’est même pas du tout une romance (sauf que, spoilers, cela finit bien). C’est un livre drôle, différent, avec une voix originale. Don est un personnage difficile d’abord, et le monde vu à travers ses yeux est plus le moins déconcertant. Mais Rosie n’est pas en reste, elle dissimule bien des choses derrière sa frange et son attitude rebelle, juste ce qu’il faut de surprises pour déstabiliser Don et le forcer à se reconnecter avec la réalité qu’il se donnait tant de mal à éviter.

Rosie et Don ensemble, c’est juste assez de nouveauté et de surprises pour vous donner envie de continuer à tourner les pages quoi qu’il arrive, et savoir comment tous ces projets vont se finir !

C’est aussi un phénomène éditorial, originellement publié en Australie et revendu dans plus de 36 pays, dont les droits cinématographiques ont été achetés par Sony Pictures (et j’espère qu’ils ne le laisseront pas trainer au fond d’un tiroir pendant 10 ans, ce serait trop dommage). C’est un livre qui a le même potentiel que Silver lining playbook (aka Happiness therapy qui a quand même réussi à combiner les beaux yeux de Bradley Cooper et un Oscar pour Jennifer Laurence *fangirl moment*), autant vous dire que je voudrais bien voir ça !

C’est Graeme lui-même qui va travailler sur le script (il l’avait d’ailleurs d’abord conçu comme un scénario), et dans une interview, il a annoncé qu’il verrait très bien Eric Bana dans le rôle de Don. Ok, moi aussi je le verrais bien. Please ?

En attendant, il travaille sur une suite, je garde l’œil ouvert…

Quand à vous, offrez largement ce livre, aux lecteurs de romance et aux autres sans discrimination, c’est juste un excellent roman.

Bonne lecture,

Chi-Chi

Anne des Pignons Verts

(Réédition du 12/08/10)

Certaines personnes autour de moi s’amusent de mes lectures, d’autres sont franchement méprisantes. Moi, j’ai choisi : je lis ce que j’aime. Et ce que j’aime, c’est refermer mon livre, un sourire aux lèvres, en me disant que si quelqu’un a voulu raconter cette histoire, c’est que le monde n’est pas aussi gris que ce que le journal de 20h aimerait me le faire croire. Est-ce que cela fait de moi une naïve? Une personne moins intelligente? Je ne crois pas… Je connais mes classiques, et je ne suis pas embarrassée. J’ai choisi et j’assume. Un livre bien écrit reste un bon livre, que ce soit une romance ou non.

Et plus je gagne en expérience (et en cheveux blancs, mais chut, c’est un secret bien gardé entre L’Oréal et moi), et plus je réalise que j’aimais la romance bien avant de lire des livres estampillés « romance ». Eh oui, vous en avez tous lu, de ces livres un peu sentimentaux, avec une jolie histoire, qui finit bien. Souvent, ce sont des romances qui se cachent derrière un roman policier, ou un drame historique ou quelque autre prétexte. Je peux vous en citer des exemples ! Anna Gavalda, Jane Austen, Mireille Calmel, Jean Auel, Marc Levy, pour ne citer qu’eux. Le succès de leurs livres me prouve que la romance plait, et qu’elle se cache dans toutes sortes d’histoires, bien au-delà des publications de certains éditeurs qui s’y sont consacré.

Les premiers livres de ce genre, qui n’en étaient pas vraiment, la période pré-Harlequin, c’est ma mère qui me les a offerts, à l’insu de son plein gré la pauvre. Si elle avait su le futur qu’elle me préparait, elle aurait sans doute été plus prudente! Maintenant, on sent chez elle un vague regret, tout ce talent pour la lecture gâché dans des romances… Ah, mais je lui serais toujours reconnaissante de m’avoir ouvert cette porte, toutes ces lectures inoubliables, c’est à elle que je les doit! Merci maman de m’avoir mis entre les mains Les 4 filles du Docteur March de Louisa May Alcott, Le jardin secret de Frances H. Burnett, Papa longues-jambes de Jean Webster et bien évidemment, tous les contes de fées possibles et imaginables!

De cette époque, l’un des livres qui m’a le plus marqué, c’est Anne of Green Gables, ou Anne, la maison aux pignons verts de Lucy Maud Montgomery. Ce livre est le premier d’une série, écrite par une canadienne entre la fin du 19ème siècle et le début du 20ème siècle, et par la suite adapté pour la télévision, d’abord en films puis en série et enfin en dessin animé. Autour de ce livre s’est créé tout un univers, centré sur le village d’Avonlea, et les multiples particularités qui font tout le charme de cette histoire.

Anne est une jeune orpheline qui entre dans l’adolescence, et tout commence pour elle lorsqu’elle est adoptée par Matthew et Marilla, un frère et une sœur d’un certain âge, lesquels vivent dans la maison « des pignons verts » sur l’ile du Prince Édouard, à l’est du Canada. Ils pensent avoir adopté un garçon pour aider Matthew aux travaux de la ferme, mais c’est Anne, avec ses nattes rousses, sa gouaille et sa philosophie de la vie qui débarque. Et qui restera. L’adaptation ne se fait pas sans mal, mais au fil des livres, on a la joie de la suivre dans sa découverte de la vie, entourée de Matthew et Marilla évidemment, mais aussi de Diana, sa meilleure amie, de Gilbert Blythe, son ennemi de cœur, et une ribambelle de personnages secondaires savoureux.

La plume de Lucy Maud Montgomery est charmante, elle décrit avec tendresse et poésie son pays, la nature canadienne. Tout passe par les yeux d’Anne, qui n’a pas son pareil pour décrire ce qui l’entoure, avec le sens du mélodramatique d’une enfant au début, et puis, au fur et à mesure que passent les années et les tomes, la sagesse d’une femme, qui se marie et a des enfants, lesquels héritent de sa personnalité pour le moins originale, et nous racontent à leur tour des histoires qui font rêver. La série s’achèvera d’ailleurs sur le mariage de la dernière fille d’Anne, comme une passation de flamme, l’ouverture vers une autre histoire que l’auteur n’a pas eu le temps de nous raconter.

Pour la petite anecdote, l’histoire d’Anne a eu tant de succès à son époque que durant la 1ère guerre mondiale, le gouvernement canadien avait offert à ses soldats partis au front en Europe un exemplaire du premier livre, pour leur rappeler leur pays et leur remonter le moral! Et si cette histoire est un peu moins connue en Europe aujourd’hui, elle reste encore un des monuments de la littérature canadienne, que je ne peux que vous encourager à lire à votre tour!

Bonne lecture,

Chi-Chi

Call the midwife, le livre


Allez, j’en remets une couche…

Il y a quelques semaines, je vous parlais d’une série de la BBC… Oui, je sais, je parle beaucoup séries ces derniers temps, et plus particulièrement de série BBC, mais qu’y puis-je si elles sont si bien?

Il y a quelques semaines donc, je vous parlais de cette série sur les sages-femme de Londres au lendemain de la seconde guerre mondiale, et je vous disais que « Call the midwife » était l’adaptation des mémoires de Jenny Worth. Et parce que je suis un chouilla obsessionnelle, je me suis procurée le premier tome, je l’ai dévoré, englouti, avalé en une bouchée.

Et c’est avec assurance que je peux vous dire qu’en matière de livre qui n’est pas une romance, qui n’est même pas une fiction, ce livre est canon!

Jenny worth, alors Jenny Reed nous raconte sa routine et si la trame narrative n’est pas linéaire, la lecture n’en ai pas alourdie ni complexifiée. C’est un peu comme si Jenny était dans la pièce avec nous. Et jenny est une fabuleuse conteuse!

J’ai aimé les descriptions des patientes et des cas, les non-dits de la narratrice qui donnent envie de savoir la raison du sous entendu. J’ai aimé cette image donnée de Londres, de ses habitants.

Alors par rapport à la série, il y a quelques différences.
Déjà la vie du couvent, des sœurs et de leurs comparses les sages femmes, tout cela est bien moins présent. Et l’histoire est clairement plus centrée sur Jenny et son expérience. Mais on passe un moment si excellent que je déroge à la règle (avec la permission de Chi-Chi) et je vous parle d’un livre où il n’est pas question de romance!!

C’est vous dire!!! Allez, précipitez vous dessus!!
En plus le premier tome a été traduit en français sous le titre « Appelez la sage-femme ». Vous n’avez plus aucune excuse!!!

Bonne lecture,
Tam-Tam

La minute coquine

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L’article d’aujourd’hui, avant de l’écrire, j’ai demandé l’autorisation de la maitresse de l’étiquette, c’est vous dire si je vais m’aventurer en terrain sexy!

Mais j’ai eu l’aval de princesse Chi-Chi et donc aujourd’hui à Vera Cruz, je me penche sur une BD coquine.

« Gisèle et Béatrice » de Benoît Feroumont.
Pour les amateurs du 9ème art, vous le connaissez peut-être à travers sa série « Le royaume » (que le prince et moi-même aimons beaucoup pour son côté très ironique malgré la thématique empruntée au conte). Les amateurs du 7ème art, de leur côté, auront peut-être reconnu son nom pour son travail sur les « Triplettes de Belleville » et « Brendan et le secret de Kells » (personnellement, j’ai beau avoir vu et aimé ces deux film d’animation, ma mémoire des noms plus que catastrophique m’a une fois de plus fait défaut et je remercie les biographies d’auteur) (mais je m’égare).

C’est donc l’histoire de Béatrice, qui travaille d’arrache-pied dans une entreprise et qui se fait allègrement exploiter. Une fois encore, le sexisme de son patron, Georges, aura eu raison de sa promotion et c’est son collègue incompétent qui va se voir proposer le poste pour lequel elle est bien plus compétente…

Car entre allusions sexistes et avances en tout genre, Georges, n’a sans doute jamais entendu parler de l’égalité entre les sexes. Mais Béatrice est intelligente, elle prend son mal en patience et finit même par accepter l’invitation à dîner du libidineux G.

Or notre ami G. n’est pas au bout de ses surprises et ce n’est pas qu’une simple « partie de jambes en l’air avec des sous-entendus de « droit de cuissage » qui l’attend au bout de nuit… Mais une transformation totale!

Au revoir Georges, bonjour Gisèle! Au revoir l’histoire traditionnelle, bonjour l’érotisme décalé.

Pourquoi décalé? Parce que le dessin de Feroumont n’est pas celui que l’on imaginerait d’emblé accolé au mot érotisme. Décalé parce qu’il n’est pas seulement question de fesses, mais d’inversion des rôles, de vengeance libératrice, de sentiments (oui, quand même un peu) et de morale à laquelle on ne s’attendait pas.

Le prince a été déçu par cette BD, de mon côté, si elle n’a pas révolutionné ma vision de la société et de la place des femmes, j’avoue avoir clairement pris un malin plaisir à voir G. et Béatrice évoluer dans cette histoire, entre deux scènes coquines (à ne pas placer entre toutes les mains).

 

Je vous en souhaite ainsi une bonne lecture!
Tam-Tam

 

Amorostasia

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Aujourd’hui sera placé sous le signe de la BD.

Sortie au début du mois, cette histoire était vendue avec le commentaire « Tomber amoureux nuit gravement à la santé ». Il n’en fallait pas plus pour retenir mon attention, vous pensez bien!

Et mon libraire, comme animé d’un 6ème sens, est arrivé à mes côtés alors que je me penchais sur l’ouvrage en question. Je me suis tournée vers lui, les yeux interrogatifs…

« Poney paillettes, mais avec un twist ».

Oui, mon libraire parle le Tam-Tam… Et il sait m’appâter le bougre!

J’ai donc acheté Amorostasia (le titre est poétique d’ailleurs) et suis allée m’installer dans un des fauteuils confortables du café voisin de la librairie (stratégie géographique parfaite).

En sirotant mon moka (décadent à souhait, recouvert de chantilly et d’éclats de noisettes), j’ai dévoré l’histoire de cette maladie sur laquelle la journaliste Olga Politof enquête. Les premiers cas de cette pathologie particulière ont frappé la capitale, plongeant sa population dans le désarroi le plus complet. Les personnes retrouvées comme figées ont toutes en commun cette expression calme et un peu illuminée qui intrigue. Toutes donnent l’impression d’avoir été en proie à une vague de sentiments forts juste avant que le temps ne s’arrête pour eux. L’amour serait donc à l’origine de ce mal.

Mais est-ce seulement un mal. Aucune des « victimes » ne souffre physiquement. Des vieux couples, des jeunes amoureux sont plongés dans un état catatonique qui pousse les autorités, et nous aussi lecteur, à nous interroger sur ce que c’est au fond que l’amour…

Si vous voulez remuer vos certitudes et vous plonger dans une histoire qui traite de la passion amoureuse, celle qui rend certains malades sans que cela soit vraiment une maladie, Amorostasia est pour vous. A la fois poétique, philosophique, et d’inspiration scientifique, j’ai dévoré cette histoire en m’extasiant à chaque fois de voir comment l’auteur Cyril Bonin avait touché juste.

Laissez vous séduire par ce mal aussi nouveau qu’ancien!

Bonne lecture,

Tam-Tam

Lady Pirate

Il n’y a pas que L’île au trésor qui est classée en littérature générale.

Lady Pirate n’est pas classée en romance et c’est une histoire divisée en 2 tomes, Les valets du roi et La parade des ombres. De quoi donc vous occuper au moins le temps d’un weekend à l’ombre d’un parasol en compagnie de votre poison préféré – café/thé/rosé, rayer la mention inutile.
Mireille Calmel nous raconte ici la destinée de Mary.

A l’aube de notre histoire, Mary se voit contrainte par sa mère Cecily à se faire passer pour un garçon. Alors âgée de 7 ans, elle ne comprend pas vraiment la raison de ce choix maternel, mais cela semble faire plaisir à sa chère maman qui a bien du tourment depuis qu’elle est seule.

D’abord mariée au fils d’un riche armateur Londonien, John Reed, puis éprise d’un marin… Cecily se retrouve désertée et sans ressource et a alors l’idée de faire passer Mary pour le défunt fils de son défunt mari.

C’est ainsi que Mary Jane devient Mary Oliver et grandit dans la supercherie. Mais si au départ cette mascarade l’a intriguée, elle s’est vite prêté au jeu en découvrant la liberté et la quantité de choses qu’elle pouvait faire sous les traits d’un garçon !

Education littéraire et maîtres d’escrimes, leçons d’étiquette. La jeune Mary est éduquée pour devenir un gentilhomme sous la houlette de la riche et puissante grand-mère (qui ne veut cependant pas entendre parler de Cecily, qu’elle tient pour responsable de la mort de son fils).
Mais une série d’évènements (parmi lesquelles on trouve la mort de sa mère, la puberté et une chasse au trésor) la poussent à tout quitter.

Après une rencontre avec la sulfureuse Emma de Mortefontaine, elle reprend la fuite, « s’engage à bord d’un vaisseau » (pour reprendre les paroles de la désormais célèbre chanson) et quitte les îles britanniques.

Les aventures de Mary Read vont la pousser loin. Elle va faire de nombreuses rencontres : le Capitaine Forbin, Corneille, son fidèle lieutenant, et Niklaus Olgersen, le fringant Maréchal des Logis.

Et elle va connaitre son lot d’aventures, de joies et de peines.

Car sous les traits d’un garçon, et profitant de la crédulité de la quasi-totalité de la population, elle va partir à la guerre, naviguer sur les océans, tuer, se battre mais aussi aimer, haïr et jurer vengeance.
Je n’ai pas envie de vous dévoiler qui sera le grand amour de Mary, même si vous imaginez bien qu’il se trouve dans les 3 hommes cités un peu plus haut. A leur manière, ils font écho à un aspect de la personnalité aux mille facettes de notre héroïne et, si j’ai bien mon chouchou (pour des raisons qui me sont complètement personnelles), vous douterez, vous fondrez, vous frémirez et vous enragerez.

Ce livre n’est pas une romance conventionnelle. La trame se concentre trop sur Mary et sa quête (là encore je n’en dis pas plus pour ne pas spoiler) pour que la romance soit la focalisation première de notre lecture. Mais amour il y aura. Et pirate aussi !

Oui, parce que c’est quand même le thème. Et donc, dans un souci de transparence, je vous annonce quelques spoilers à suivre dans l’étude approfondie du pirate sexy.

Enfin, quand je dis pirate, je parle de marin au sens plus large. Parce qu’en l’an de grâce 1696, existaient une « race particulière » de pourfendeurs des mers : les corsaires !

Et parce que la chaleur m’a rendue un peu feignasse sur les bords, j’ai décidé que tout le monde serait un pirate, et que je traiterai les marins sexy de ce livre comme des pirates. En plus, le livre d’appelle quand même « Lady Pirate », donc ce n’est pas comme si une partie de l’histoire n’était pas fondée sur le concept de la piraterie.

Donc après étude, le pirate est :

Beau :
Globalement, les trois hommes de Mary sont beaux à leur manière.
Forbin est magnifique et régalien. Le macho dans l’âme, le charmeur et séducteur au sourire irrésistible
Corneille est d’une beauté discrète. Il a perdu un bras, donc il doit savoir qu’il ne peut rivaliser avec le charme brut. Il fait dans la subtilité, l’écoute, la patience…
Niklaus est courageux et loyal (un peu comme Lassie, oui). Géant blond, il est de ces hommes que l’on suit avec confiance dans les pires situations, il commande les hommes, il inspire la confiance et le respect.
Séducteur et charmeur :
Oui, parce que faire fondre la jeune Mary Read, qui n’a d’yeux que pour la quête de son trésor, cela demande du talent, de la persistance et de la volonté.

Sexy :
Oui, même Corneille. Il m’a fait fondre. Ce qui était moins gagné qu’avec les deux autres.

Et la piraterie dans l’histoire ?
Nous avons un trésor, deux parties qui se le disputent, une course autour du monde pour le récupérer, des combats… Je ne sais pas ce qu’il vous faut d’autre ?
En savoir un peu plus sur l’héroïne sans doute…

Mary Read est une héroïne de littérature qui emprunte beaucoup de choses aux clichés de la romance :
Elle est une femme habillée en homme.
Elle est dotée d’un caractère qui en fait de ces héroïnes de la trempe d’Angélique. Elle fait « face à son destin ».
Elle est envoutante pour les hommes (et les femmes) qui croisent sa route
Elle se fait des ennemis puissants mais trouve toujours sa force dans l’adversité de la situation.
Elle est guerrière et maitresse, mère et amante, amie et furie.

Même lorsque vous aurez envie de la secouer, vous ne pourrez qu’apprécier sa force et sa volonté. Et puis sinon, le roman ne manque pas de héros yummy !


Bonne lecture,
Tam-Tam

Avec vue sur l’Arno – Chambre avec vue

Petit retour du côté des classiques en ce vendredi, je ne sais pas si c’est parce que je me sens coupable de vous parler autant d’ebooks non traduits, et que je sais que cela empêche certains d’entre vous de profiter de mes précieux conseils, mais cela faisait un moment.
 
Après une boulimie de contemporains cute et pas mal de relecture (je suis en train de me faire mentir, moi qui était une non-relectrice autoproclamée), il est temps.
 
Et il est temps de revenir à un classique de la littérature anglaise, A room with a vue de E. M. Forster, traduit en français par Avec vue sur l’Arno.
 
Mais je pense que la plupart d’entre vous auront, comme moi, découvert l’histoire avec l’adaptation en film de James Ivory en 1986, sous le titre Chambre avec vue.
 
C’est sur le roman de 1908 que votre attention doit se porter, l’adaptation sera pour après. Tandis que mon amie la météo continue de me martyriser, je rêve d’aller visiter l’Italie, comme Miss Lucy Honeychurch, notre héroïne.
 
Lucy qui joue les touristes à Florence, sous le chaperonnage attentif et sévère de sa cousine Miss Charlotte Bartlett. C’est le traditionnel « Grand Tour » que toute personne bien éduquée faisait à l’époque pour découvrir les civilisations classiques et parfaire son éducation. Hélas pour nos demoiselles, à leur arrivée à Florence, elles découvrent que les chambres avec vue sur l’Arno que l’on leur avait promises ne sont pas libres. Ce qui contrarie fort Miss Charlotte, qui ne manque pas de s’en plaindre lors du repas partagé avec les autres hôtes de la pension de famille où elles se trouvent.
 
Condamnées à passer leur séjour à admirer la cour intérieur du bâtiment et à subir les odeurs les plus désagréables, le séjour florentin s’annoncerait bien mal si M. Emerson, autre pensionnaire à la tendance chevaleresque, ne leur proposait pas un échange, son fils George et lui-même disposant justement de chambres avec vue. Proposition ô combien scandaleuse aux yeux de Miss Charlotte, outrée par tant d’audace et d’inconvenance de la part d’un illustre inconnu.
 
Cet épisode initial n’est qu’un prétexte pour faire se rencontrer les protagonistes de l’histoire qui suivra, Lucy et Miss Charlotte, M. Emerson et Georges mais aussi Révérend Beebe, Miss Eleanor Lavish, Miss Catherine et Miss Teresa Alan, et la Signora Bertolini, patronne des lieux… 
 
C’est le portrait d’une société en plein changement, d’une tension permanente entre la jeunesse, la beauté, et les convenances sociales que nous raconte réellement E. M. Forster.
 
Si Miss Charlotte est la garante d’une certaine rigueur morale, la personnification du sacrifice au service du devoir, Lucy de son coté, est la jeunesse, l’innocence, l’audace parfois aussi de braver les règles.
 
Entre Lucy et Georges s’esquisse les prémisses d’une idylle, et sous la plume de l’auteur, la campagne italienne se fait le miroir radieux des émotions qui s’emparent d’eux, pour un moment.
 
Car, vous vous en doutez, la confrontation entre cette tentative de liberté et les conventions écrasantes d’une Angleterre edwardienne, ne sauraient tolérer une résolution si simple des tourments qui agitent chaque personnage du roman. De l’Italie au Surrey, Lucy devient le point central d’une véritable étude de la société de son temps, de son snobisme, du système de classes qui évolue, le tout sous la plume ironique et amusée d’un auteur qui sait aussi bien parler de satyre que de beauté ou de philosophie.
 
Avec vue sur l’Arno est réellement un roman d’apprentissage, celui de Lucy, et tout le talent de Forster s’exprime dans la caractérisation de son personnage, la rendant vivante et réelle à nos yeux plus que n’importe quel autre personnage de l’histoire. C’est d’ailleurs un reproche que l’on pourrait faire à l’œuvre, de n’avoir pas donné autant de vie à Miss Bartlett, à Georges ou à M. Emerson… Mais un reproche bien mineur quand on considère l’œuvre dans son ensemble et la maitrise avec laquelle elle est menée.
 
Cette histoire s’achève sur un dernier chapitre qui à lui seul vaut la lecture de tout le roman, un discours sur l’amour et le romantisme, sur la capacité de chacun à discerner en lui sa vérité, sur la liberté qu’il faut savoir saisir, quitte à en assumer le prix.
 
Sans vous dire un mot de plus, je ne peux que vous encourager à découvrir, si ce n’est pas encore fait, le livre, qui ne peut que plaire aux amateurs de Jane Austen et des sœurs Brontë. Et quand cela sera fait, alors seulement, je vous recommande d’aller voir l’excellent film dont je parlais plus haut, avec Helena Bonham Carter, Maggie Smith, Judi Dench, Daniel Day-Lewis pour ne citer qu’eux !
 
  
Bonne lecture et bon film,
Chi-Chi
 

Jamie Alexander Malcolm Mackenzie Fraser

Ça c’est pas du titre en carton hein?


Ne nous voilons pas la face, nous connaissons l’effet que ce nom peut créer chez certaines d’entre nous. 
Je peux sans mal imaginer cet enchainement de syllabes avec l’accent un peu rugueux des Highlands et voir vos lèvres s’entrouvrir doucement, comme dans l’attente.
Je vous sais aussi capables d’imaginer la chevelure de feu virevoltant dans un paysage de brume matinale, dardant sur vous son regard de chat. Et là, je sais qu’un soupir vous a échappé. Et oui, je vous vois déjà en train de frissonner à l’évocation de ces 5 mots. 

Comment je le sais? Parce que Jamie.

Je sais, certaines ici n’ont pas encore succombé au charme irrésistible du géant Écossais. Mais les autres, là bas dans le fond, qui soupirent, comprennent.

Ainsi donc, j’ai lu « An echo in the Bone », 7ème opus de la saga de Diana Gabaldon
Je pourrais vous faire un article sur la question, sauf que deux problématiques se posent à moi:

  • comment vous parler du tome 7 sans rien révéler sur les 6 précédents?
  • comment vous parler de ce tome en restant cohérente?

Car Jamie me fait non seulement soupirer d’aise, mais il arrive à me rendre aussi éloquente qu’un yaourt périmé dans le frigo quand on le fixe de bon matin. 

Je sens que je vous perds avec mes métaphores, je vous explique. Un yaourt périmé dans le frigo semble vous fixer et vous envoyer un message, « jette-moi », « mange moi avant qu’une colonie de champignons ne viennent m’envahir », ce genre de chose. Sauf que de bon matin, les neurones n’ont pas encore réussi à trouver le chemin de la connexion rationnelle, et clairement, il peut m’arriver de prêter à ce yaourt des intentions pour le moins étranges « range ton bureau », « il faudrait laver l’arrière du frigo », etc…

Ainsi, Jamie, non content de me faire swooner à mort, me fait partir dans des envolées formidables (à défaut de rationnelles) qui peuvent parfois résulter en une poussée de brillance… Du moins c’est ce que j’aime me dire pour me rassurer (et j’en ai besoin, si l’on considère que je viens d’admettre entretenir une relation étrange avec mes yaourts périmés).

Du tome 7, j’ai tiré une citation et de cette citation est né un dessin que je vous dévoile aujourd’hui… à défaut de vous raconter ô combien ce livre était merveilleux!

Et voilà le produit fini… Le grain du papier fait que le rendu digital est moins bon qu’en vrai, sur une étagère de ma bibliothèque. Mais Jamie! Non?

   Bon mercredi,
Tam-Tam




The Perks of Being a Wallflower

Quand j’ai vu qu’il s’agissait d’une histoire d’adolescent, je me suis dit « Merci, mais non merci ». Je veux dire, ces choses ne m’intéressent guère plus. C’est derrière moi tout ça. Je suis une adulte. I’m an adult. Bon certes, mes colocataires sont mes parents. Mais je veux des histoires de femmes matures (et belles, comme moi). Mais (son altesse royale) Lady V. m’a dit « Non, tu verras, il est vraiment très bien », et du coup je me suis laissée tenter.

Deux jours plus tard, a plus le bouquin. Oui, c’est ce qu’on appelle dévorer un livre. Le manger tout cru. 

Une fois n’est pas coutûme, le narrateur de ce roman est un garçon. Charlie rentre au lycée après un été difficile. Charlie a besoin de se confier et de parler de lui, de ce qui lui arrive, de ses envies, de ses peurs. Donc Charlie se lance dans un échange épistolaire unilatéral (comment ça c’est contradictoire ?). En fait, Charlie écrit des lettres à une personne anonyme.  Charlie a envie d’être heureux, de faire des efforts pour l’être mais ce n’est pas toujours facile. Car Charlie est différent. Il est spécial. Cependant Charlie se fait des amis. Et il tombe amoureux. Et Charlie nous raconte tout. Il nous parle également de sa famille. De son frère qu’il admire, de ses parents qu’il aime, de sa sœur, de sa tante. 
Charlie a une façon d’écrire extrêmement touchante. Et si je pensais être haut dessus de tout cela, le lycée, le journal d’un Princesse, One Tree Hill, j’avais tourné la page, et bien j’ai pu aller me rhabiller. Et chaudement pour l’hiver. Parce que, même si je n’ai pas eu une expérience similaire, et que je ne peux pas tellement m’identifier au personnage, cette histoire m’a réellement troublée. 

Toutefois,  j’ai conscience de vous délivrer ici une chronique très personnelle et je conçois que certains n’en penseront pas tant d’un si petit livre.

Mais enfin, si vous êtes comme moi, et que vous tombez sous le charme de Charlie, je vous recommande chaudement de regarder le film ensuite. Le réalisateur en est aussi l’auteur. Stephen Chbosky, est donc resté très fidèle à ce qu’il avait imaginé dans son livre. Et si le casting, m’avait laissée sceptique de prime abord, j’ai révisé mon jugement. Je peux vous l’avouer, je ne suis pas la première fan d’Emma Watson (inutile de vous préciser le rôle qu’elle tient, vous comprendrez bien assez vite). Je la trouve très jolie certes, mais autant vous dire que j’ai de sérieux doutes quant à ses talents d’actrice. Mais elle ne m’a pas déçue et j’irai même jusqu’à dire qu’elle m’a très agréablement surprise. Et en ce qui concerne le reste de la distribution, c’est un sans-faute. 

Somme toute, au risque de me répéter, ce livre est d’après moi une petite perle, il se lit vite mais vous marque longtemps !

Agréable lecture,

Lady D. pour servir.

Les sirènes de Saint-Malo

Nous sommes le 26 décembre. Je m’apprête à prendre le train pour Trouville sans livre pour me tenir compagnie. Me voilà donc à errer dans les rayons du Virgin de Saint Lazare. C’est ainsi que j’ai découvert « Les sirènes de Saint-Malo » de Françoise Bourdin que j’allais entamer pendant les deux heures de trajet.

Bretagne, cathédrale de Saint-Malo, Joël revient après huit ans d’exil pour les obsèques de son père. 

On parle des prénoms ? Oui parce que la trame se déroule en Bretagne donc laissez moi vous dire que question originalité vous allez être servi… Jaouëns, Mariannick, Servane…

Bon, personnellement, Joël, cela me rappelle mon moniteur d’auto-école qui portait des petites chemises noires avec des bagues aux doigts. Bref, pas le rêve. Mais revenons-en à Joël, notre héros donc, qui, à la suite d’une grande dispute avec le dit père, avait quitté la maison familiale une nuit pour se réfugier à Rennes dans un premier temps et y faire ses études, et plus tard à Paris sans jamais remettre les pieds en Bretagne.

En effet, une erreur de jeunesse commise avec son acolyte de toujours, Thierry, avait bien failli faire sombrer la société d’armement J.Carriban, transmise de père en fils depuis plusieurs générations. Joël et sa sœur décident alors de reprendre la société, de continuer à la faire vivre malgré tout. Ils n’envisagent pas les choses autrement, celle-ci leur tient trop à cœur. Bien entendu, il va falloir s’imposer et convaincre, car autant vous dire que le retour de Joël n’est pas franchement vu d’un très bon œil… Mais ce dernier veut se racheter et surtout réalise à quel point il est attaché à cette région.

J’aimerais vous parler un peu de la romance qui a lieu mais je crains de vous spoiler légèrement… Pas qu’elle ne soit repérable à cent mille lieux à la ronde mais pour ceux qui entretiendraient des petits espoirs au début… Bon, je fais court, et si vous ne voulez rien savoir abstenez-vous de lire les trois lignes qui suivent.

Elle est jeune, d’origine très modeste, s’en sort tout juste en travaillant à mi-temps. Très droite, franche et honnête, elle est surtout très belle. De beaux cheveux roux (à faire baver Chi-Chi), fine et élégante, elle fait chavirer bien des cœurs. Je vous en ai déjà dit beaucoup.

Le livre ne transcende pas son genre, une ou deux choses m’ont peut-être un peu déçue mais il est très agréable à lire et fait référence à des choses, des endroits, des ambiances que l’on connait. La Bretagne, l’océan, la voile. Sans être bretonne, cette ambiance me parle, me touche, j’y adhère et je comprends l’amour que nos protagonistes portent à cette région.
 
 
Bonne lecture…
Lady D.
 

La mort s’invite à Pemberley – Death comes to Pemberley

Il y a quelque mois, je vous avais parlé de cette très belle histoire, celle de Lizzie et Darcy : Orgueil et Préjugés

Pour ceux et celles qui n’auraient pas encore lu ce livre (ce dont je doute fortement si vous lisez ce blog…), je vous conseille de ne pas poursuivre cet article car je commence par la fin de l’ouvrage de Jane Austen. Si vous connaissez la fin, suivez-moi…

Lizzie et Darcy ont mis du temps, ils se sont ignorés, ne se sont pas aimés, se sont connus, appréciés, et ont fini par se marier ! L’histoire finit parfaitement bien, ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfants… 

Enfin, c’est ce que l’on suppose. Le roman s’arrête au mariage. Qui n’a jamais souhaité connaître la suite ? Leur vie de couple, l’installation de Lizzie comme maitresse de Pemberley, la naissance des enfants ! 

C’est ce que nous offre P.D. James dans Death comes to Pemberley (La mort s’invite à Pemberley en VF). Certes, le titre est surprenant. L’on sort d’une romance pour entrer dans un vrai roman policier. Est-ce possible ?

Oui ! 

Tout l’art de l’auteur est de nous offrir une suite en respectant parfaitement la psychologie des personnes que l’on connaît. Et quelle joie de les retrouver ! Lizzie, Darcy mais aussi Jane et Bingley, Lydia, Mr. Bennet et… Wickham. 

C’est autour de ce dernier que se situe l’intrigue. Etant une fan absolue des romans policiers, je ne vous en dirai pas plus, par crainte de gâcher le suspens. Ce n’est certainement par le meilleur « polar » de tous les temps ; toutefois, retrouver les personnages rattrape les quelques petites insuffisances et longueurs du roman. Sans déflorer l’intrigue, et pour vous mettre l’eau à la bouche, je peux vous dire que Bingley et Jane se sont installés très près des Darcy, que Lydia est toujours aussi insupportable et que vous allez en apprendre long sur Wickham… 

Amis de la romance et du polar (parce qu’il n’y a aucune raison que cela soit incompatible), ce livre est fait pour vous !


Bonne lecture,
Duchess V.

PS : dans un tout autre style, mais toujours avec cette association romance/polar, je vous recommande également le livre que m’a conseillé Chi-Chi pour m’initier aux romances : Mister Perfect.
 

Crocodile sur un banc de sable – Crocodile on a sandbank

J’avais juré. Mais j’ai encore craqué. Je n’ai pas encore tourné la page sur la série du protectorat de l’ombrelle. Mais je ne suis pas la seule responsable dans cette affaire. En effet, tout est parti d’un commentaire sibyllin de YueYin « Moi, Connal, je lui préférerais toujours son original ». 


Une partie de moi s’est insurgée, a crié à l’injustice, pendant que l’autre a procédé à un interrogatoire en règle:

- pas original de quoi?

- et qui est l’original?

- et pourquoi, et comment et dans quelles circonstances?


YueYin, dans son infinie compréhension de l’addiction littéraire, a répondu avec précision à toutes mes questions. J’ai alors découvert que l’inspiration derrière Connal, le puissant, le vaillant, le velu loup-garou qui avait fait palpiter mon petit cœur d’artichaut portait le doux nom d’Emerson, et que si je voulais découvrir le couple « originel », il me fallait explorer l’œuvre de Elizabeth Peters et les aventures d’Amélie Peabody.


Explosion de poney à paillettes dans mon esprit en manque et en pleine période de sevrage post « Amelia et Connal ». Quand YueYin m’a proposé de me fournir la « came » (en plus), j’ai à peu près hésité 3 secondes… Je sais, je suis faible.


Mais je suis sûre que cet article parlera à toutes les addicts des séries ici-bas. C’est dur d’abandonner des personnages. Et je serais pour ma part prête à tout pour faire renaître les sentiments qui m’animent lors d’une lecture formidable.


C’est donc un peu honteuse de ma rechute, mais définitivement excitée par cette trouvaille que je vous présente cette semaine « Crocodile sur un banc de sable » le premier tome de la série des Amélia Peabody de Elizabeth Peters.


Notre histoire s’ouvre sur la délicieusement pragmatique Amélia Peabody. Toujours célibataire à l’âge canonique de 28 ans, et confortable financièrement grâce à un héritage, notre héroïne a décidé de profiter de sa liberté pour explorer les chemins du savoir et découvrir les merveilles de l’Égypte. 

Alors qu’elle traverse l’Europe pour rejoindre le continent africain, elle croise sur sa route Evelyne, alors en détresse: une sombre histoire de réputation ruinée, d’un grand-père en colère, d’un cousin plein de bonnes intentions et d’un amant en fuite…
 

Amélia, elle-même en mal d’une dame de compagnie, prend la jeune fille sous son aile, et les voilà en partance pour le pays des pyramides, des momies et des malédictions vieilles de plusieurs millénaires.

Et ce sont les trois que notre Amélia découvrira. Son pragmatisme légendaire aura beaucoup à faire car entre deux sarcophages et trois apparitions de momie, elle devra aussi  croiser le fer (au figuré) avec Emerson.

Leurs échanges pendant cet opus sont délicieux. C’est d’ailleurs ce qui selon moi rend ce livre si irrésistible. Il la fait tourner en bourrique, elle le rend chèvre. Un mélange qui fait des étincelles et qui laisse affamé! Heureusement, cette série, elle va me durer, parce qu’avec une quinzaine de tomes, j’ai le temps de voir venir!

Il ne me reste plus que qu’à me trouver une romance sweet et bien doudou la semaine prochaine, des suggestions?
 
Bonne lecture,
Tam-Tam
   

Quand souffle le vent du nord

… je sors ma bouillotte, perso. 

Mais bon, ça c’est moi hein, parce que même si je ne suis pas frileuse pour deux sous, quand le vent souffle, je frissonne (et là je réalise que ce genre de fin de phrase pourrait presque sonner sensuel)(par ailleurs si j’en suis à parler de chair de poule, c’est qu’il doit faire bien frais chez moi).

Mais le vent du nord ne souffle pas, la météo, quoique froide, nous a accordé quelques jours de soleil et j’en ai profité pour m’enchainer à mon bureau et travailler (et là je réalise que vous n’êtes pas ici pour parler météo) (ni vraiment de mon travail, puisqu’on est sur le sujet des choses à ne pas évoquer).

Le vent du nord, en revanche, a soufflé sur ma lecture.

Tout a commencé un après-midi par une excursion dans une librairie en Tam-Tamland. Je m’étais levée le matin avec Maccon et Alexia (pardon pour l’aspect quasi obsessionnel que prend cette série, mais promis, c’est la dernière fois) et je n’avais absolument aucune intention d’acheter un livre.

Mais j’étais accompagnée (d’ailleurs, je blâme entièrement Stéphanie pour m’avoir attirée dans cet antre tentateur), et j’ai été faible. J’ai craqué sous la verve qu’a déployée Stéphanie pour me présenter « Quand souffle le vent du nord » de Daniel Glattauer:

« c’est l’histoire d’un homme et d’une femme qui s’échangent des mails »
« au début ils ne se connaissent pas du tout, ce n’est que par hasard que leur correspondance débute »
« au fur et a mesure, ils se prennent au jeu »
« la fin est parfaite »

Vous admettrez qu’il m’était très difficile de ne pas fondre devant une telle présentation.

D’abord, parce que le principe des lettres envoyées à un ou une inconnu(e) n’est pas sans me rappeler « Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates » Mary Ann Shaffer et Annie Barrows où Juliet est le pivot d’une correspondance épistolaire avec les habitants de l’île de Guernesey. Par ailleurs le concept de l’échange de « mails » spécifiquement ne pouvait que me rappeler le terriblement savoureux « Pour un Tweet avec toi » de Teresa Medeiros.

Bref, au moment où Stéphanie prononçait ces paroles, elle me condamnait à plusieurs heures de lecture. Vous me direz, ce n’est pas très grave d’être condamnée à lire, je vous répondrais que tout dépend des circonstances…

Je m’explique.
Ce roman s’établit comme un dialogue entre Leo Leike et Emmi Rothner.  
Emmi envoie un mail de résiliation, se trompe d’adresse, tombe sur Leo. Des mois plus tard, encore par erreur, Leo recoit un mail commun de bonne année. Mal luné ce jour là, il répond, surprise par le ton cassant de l’homme, Emmi répond à son tour…
 
Si les premiers mails sont fortuits, une relation très intime nait au fil des mails. Avec elle se dessine au fil des pages Leo et Emmi, chaque mail révélant un ou deux détails, chaque phrase déshabillant peu à peu les personnages: Emmi et ses humeurs, ses envies son mariage; Leo et sa maladresse, son intelligence, sa rupture…

Chaque lecteur aura son interprétation propre des personnages, mais l’auteur, dans son infini génie, saura faire monter la tension, toujours un peu plus loin dans la mystère; il saura vous faire vous interroger avec hargne (sans jamais vraiment poser la question) et saura vous séduire de ses mots. 

Il a titillé ma curiosité jusqu’à me faire mourir d’envie d’aller commettre l’irréparable (tricher et lire la fin). Stéphanie m’a enjoint d’être forte. Ce fut dur mais j’ai tenu bon et j’ai vu. J’ai vu qu’il fallait résister et que le jeu de l’auteur valait bien quelques heures de sommeil en moins. Attention, point de fin en explosion de poneys à paillettes mais une fin « parfaite ».

En plus bonne nouvelle, il parait que le tome 2 est sorti en poche….

Bonne lecture, 

Tam-Tam 

PS à l’intention de ma chère Chi-Chi: je profite honteusement de ton absence pour chroniquer une fausse romance, c’est mal je sais, mais tu as vu la belle photo? Ce collier va tellement bien t’aller!

CIA – charisme, intelligence, awesomitude

Dans cette série qui entame son 4ème épisode, j’ai du bon et du mauvais. Mais qu’il soit régence ou contemporain, mes espions étaient jusqu’à présent plus occupés à découvrir les conséquences de leurs sentiments et la puissance de ce que l’amour peut leur faire faire, qu’à réfléchir aux conséquences de leurs actions sur la paix mondiale, sur la destinée des populations.

Parce que j’ai beau aimer les espions débordant de testostérone ou ceux qui savent briller dans les salons Londoniens, la partie purement cartésienne de mon esprit n’arrive pas a avoir peur pour eux, à craindre ne serait-ce qu’un instant que le méchant les atteigne.

Or, une des dimensions du roman d’espion est ce suspense haletant, cette incertitude quand à l’issu de la course poursuite entre le héros et son adversaire. Parfois, la ligne qui définit le bien est le mal est elle-même incertaine, les héros ne sont pas tout à fait exempts de défauts et ils se tiennent sur le fil, constamment tiraillés entre leur honneur, leur égo, et la peur de mourir (qui vous fait oublier l’honneur, croyez moi !).

Cette semaine, je mets donc à l’honneur un livre qui possède ses caractéristiques. « Les lions du Panshir » de Ken Follet ouvre son premier chapitre en 1981. Alors pour ceux qui ne savent pas, en 1981, le mur n’est pas tombé. Nous sommes (encore) dans le contexte de la guerre froide, où deux blocs s’affrontent, un peu comme dans une partie d’échecs.

Le terrain de jeu ? L’Afghanistan. Chaque puissance place ses pions pour consolider ses positions.

Tout commence à Paris, où Jane, jeune étudiante en linguistique, tombe sous le charme d’Ellis. Ce qu’elle ne sait pas, c’est qu’Ellis, est un espion de la CIA. Lorsqu’elle découvre l’homme de sa vie n’est qu’une illusion et que sa relation n’est qu’un mensonge, Jane épouse (sans doute un peu par dépit) Jean-Pierre, un jeune médecin qui l’emmène en mission humanitaire pour « Médecins de la liberté » en Afghanistan. 

Et alors que Jean-Pierre assoit sa réputation de médecin, Jane essaye de dispenser des leçons basiques d’hygiène dans les contrées reculées du Panshir. Elle se lie avec les femmes du village, s’immerge dans la culture linguistique locale et pense qu’enfin elle a trouver un sens à sa vie…

Bon là, je caricature… Parce que ce qu’elle ne sait pas, c’est que Jean-Pierre est lui aussi un espion, à la solde du bloc soviétique et qu’il a pour mission de rendre la vie des rebelles très compliquée. Rebelles qui se trouvent au sein même de la communauté.

Jane n’est pas stupide et alors qu’elle encaisse à peine la trahison de son mari, voilà qu’Ellis réapparait…

Vous dire que le gentil dans l’histoire c’est Ellis serait mentir. Vous dire que Jean-Pierre est un gougeât manipulateur serait trop simple. Ils sont tout deux bien trop complexes pour cela. Dans le Panshir, on donne plus dans les nuances de gris (oui, je me permets la référence, oui !) que dans le manichéen pur et simple. Car les motivations de Jean-Pierre sont finalement très semblables à celle qui animent Monsieur Ellis CIA. J’aime quand tout n’est pas si simple et que l’auteur nous plonge dans la complexité du cerveau humain et ses désirs.

Ken Follet est d’ailleurs suffisamment talentueux pour que son histoire, les virages qu’elle finit par prendre jusqu’à son final surprenant soit orchestré de main de maitre. Jane est le point d’ancrage de cette histoire, et les évènements semblent graviter autour d’elle. Aucune chose n’est certaine avant le mot « fin » qui à mon sens vient bien trop vite.

Bonne lecture,
Tam-Tam

North and South – Nord et Sud

Après le chef d’œuvre de la semaine dernière, je m’ennuyais, je n’avais pas assez de choses à lire, alors je me suis dit que j’allais entamer un pavé de 600 pages. Normal quoi !

Non en vrai, mes copines me harcèlent depuis des mois en me disant que c’est une honte que je n’ai pas encore vu la série BBC Nord et Sud, adaptée du roman d’Elisabeth Gaskell, avec le divin Richard Armitage dans le rôle du héros… (*soupir*… Richard et sa chocolate voice et son regard intense… je défaille…)

Donc, je n’ai pas vu Nord et Sud, la série, mais, en bonne fille obéissante, je ne demandais qu’à combler cette lacune. Sauf que je voulais avoir lu le livre avant… Le fameux pavé de 600 pages donc.

Voila, c’est chose faite, j’ai lu 600 pages en anglais victorien (ce qui m’a donné l’occasion de constater que mon anglais plus « littéraire » que mes romances habituelles était un peu rouillé), et dans la foulée, je me suis précipitée pour voir la série, pour mon (et votre) plus grand bonheur ! (Richard…)

Bref résumé, donc, si tant est que l’on puisse résumer en une, deux ou même trois pages une œuvre aussi longue, dense et complexe que ce livre. Nord et Sud (North and South) est ce que l’on peut appeler un roman industriel, un roman qui parle de cette époque charnière de l’histoire où l’homme est peu à peu remplacé par la machine. Publié en 1855, au cœur de l’Angleterre victorienne, il se fait le miroir de l’opposition qui existe alors entre la vieille société, celle qui s’attarde doucement sur la Régence chère à nos auteurs de romance, et l’essor économique de la révolution industrielle, dans une veine bien plus réaliste.

A travers les yeux de Margaret Hale, son héroïne, l’auteur dresse le portrait contrasté du Sud et du Nord, ruralité contre industrie, et utilise chaque personnage pour mettre en lumière les aspects aussi bien positifs que négatifs de cette évolution, pour chacune des parties concernées.

Elevée à Londres par sa tante, Margaret ne connait de la vie que les salons cossus de la petite noblesse et les paysages tranquilles du minuscule village du Hampshire où elle passe une partie de l’année, et où son père est pasteur. Mais lorsque ce dernier décide de quitter le clergé pour devenir professeur à Milton, dans le Darkshire (le pays noir), Margaret et sa mère suivent le mouvement.

Milton, ville industrielle inspirée de Manchester, n’aurait pas pu être plus éloignée de tout ce que connaissait la famille Hale. Ses usines enfumées, grouillantes d’ouvriers, ses rues boueuses et sales, ses maisons minuscules et noires de suie, forment un contraste terrible avec la verdoyante et paisible campagne anglaise et les brillants salons londoniens !

Nord et Sud sera donc l’histoire de Margaret, de sa découverte du Nord, et de son évolution, loin des préjugés du début. Réputée être fière et réservée, elle est choquée par la violence des rapports humains, notamment ceux entre patrons et ouvriers. Si elle admire le courage des ouvriers, dont la vie lui semble misérable et plus difficile que celle des paysans du Sud, les patrons, nouveaux riches souvent sans grande éducation lui inspirent du mépris. Et c’est là, enfin mes chers lecteurs, à cet instant précis, qu’apparait John Thornton… John, que j’imagine déjà sous les traits de Richaaaard ! Mais je m’égare…

John Thornton (Richard !), patron de l’une des plus grandes filatures locales, self-made man de la première heure, a décidé de parfaire son éducation en prenant des leçons de philosophie avec Mr Hale. Margaret méprise cet homme, qu’elle trouve trop dur avec ses ouvriers, sans éducation, en un mot, ayant une conduite indigne d’un gentleman. Ce qui parait d’autant plus naturel que Thornton (je me retiens de ne pas ajouter des petits cœurs à chaque fois que j’écris ce nom) n’est pas un gentleman ! Mais si Margaret se laisse aveugler par son orgueil et une série de malentendus, Thornton (au cas où vous n’auriez pas compris, j’aime ce personnage), de son coté, tombe instantanément sous le charme de cette princesse froide, tout en sachant qu’il n’a aucune chance de la conquérir. Un amour non-partagé, comme c’est romantique…

Hum, comment vous décrire plus en détails les multiples péripéties de la vie à Milton et tous les événements qui amèneront Margaret à apprécier Mr Thornton, John, (Richard quoi…), et à travers lui, les aspects positifs du Nord, au-delà de ses premières impressions.

Beaucoup comparent Nord et Sud à un Orgueil et préjugés de l’époque victorienne, notamment à cause de cet antagonisme qui existe au début entre les héros, mais la comparaison s’arrête là. (et heureusement, car nul ne peut égaler Darcy et Elisabeth, et je préfère me dire qu’ils sont uniques en leur genre). En effet, là où Jane Austen s’attache à une étude de mœurs, Elisabeth Gaskell peint une fresque sociale qui dépasse largement ses personnages principaux, et s’attache autant aux questions de conditions de vie des ouvriers qu’à la place de la religion et aux changements qui secouent la société de l’époque. Autant le dire, la romance dans Nord et Sud, le livre, occupe réellement une place secondaire !

Maintenant que vous connaissez la trame principale du roman, je peux vous avouer que, si j’ai aimé le livre, j’ai préféré la minisérie. Justement parce qu’elle se centre beaucoup plus autour du couple principal et que, en bonne princesse romantique qui se respecte, cela ne pouvait que me plaire !

L’adaptation, au demeurant très réussie, a pris assez de libertés avec la narration pour modifier complètement le rythme du roman, qui se déroule sur plus de deux ans, contrairement à un peu moins de dix-huit mois dans la série, et avec une ambiance assez différente. Ainsi, le roman ne commence pas avec le voyage des Hale vers le Nord, mais avec le mariage d’Edith, la cousine de Margaret. De même, la scène finale de la série (que j’ai adoré…) ne se déroule pas du tout comme dans le roman, pour mon plus grand bonheur (j’étais frustrée dans les deux cas, mais moins dans la série que dans le livre). La rencontre entre nos héros, les visites chez les ouvriers, la demande en mariage, le personnage de Mr Bell, toutes ces choses ont été modifiées pour mieux répondre aux besoins narratifs de la série, sans pour autant trahir l’esprit du roman.

Pour moi, ces modifications permettent de mieux apprécier la partie intéressante de l’œuvre, l’histoire d’amour (eh oui, que voulez-vous, j’ai une réputation à tenir et un article à écrire) ! Car vraiment, si le roman nous offre bien plus de détails sur les sentiments de Thornton (Richard !!!), la série s’attarde davantage sur le couple, ensemble, et elle nous offre en prime quelques moments romantiques que jamais la plume d’un écrivain victorien n’aurait osé décrire !

Sur ces bonnes paroles, lisez Nord et Sud, et regardez la série, mais pas pour les mêmes raisons !


Bonne lecture,
Chi-Chi


PS : Le billet de Marijo, qui m’a fait découvrir Richard et à qui je voue, du coup, une reconnaissance éternelle, et celui de Pimpi, juste parce que… 

The learning curve

Bon, parlons un peu des sujets de circonstances… C’est le mois de mai, il faut beau et chaud (ah non pardon, il fait gris et humide), et le monde entier semble tourner au ralenti à cause de ce truc étrange que l’on nomme les jours fériés. Que je n’ai pas. Chaque jour, je me retrouve donc fidèle au poste, assise à mon bureau à faire semblant que j’ai une envie folle de travailler. 

Et à en profiter pour lire discrètement sur Isidore quand personne ne me remarque. Oui, je sais, c’est mal. Ne vous inquiétez pas, le travail est fait quand même… 

J’ai donc eu le temps de lire plein de choses ces dernières semaines. Le souci, ce serait plutôt de réussir à vous en parler. Parce que si j’ai envie de lire, je n’ai pas vraiment le courage d’écrire… Plein de choses se passent en ce moment, et je n’ai pas le temps, pas l’énergie d’écrire des beaux articles en bonne et due forme… Je voudrais donc pouvoir vous dire « Nous sommes jeudi, j’ai terminé un bon livre cette semaine, c’était chouette, lisez-le ! », et retourner à ma lecture (et à mes multiples autres obligations…). 

Mais étrangement, j’ai le sentiment que Tam-Tam (si ce n’est vous), n’apprécierai que modérément une telle initiative, qui ne vous aiderai pas dans le choix d’un nouveau livre. Je vais donc faire un effort, en espérant que vous me pardonnerez la brièveté de mon article pour au contraire apprécier l’effort que je fais (et pire, j’assume… presque !)… 

Reprenons donc du début : J’ai lu The learning curve de Melissa Nathan. 

Souvenez-vous, Melissa Nathan, c’est l’auteur de la meilleure austenerie que j’ai lu dans ma (courte) carrière de lectrice d’austeneries. Donc une auteur que j’aime bien, et dans un tout petit livre de rien du tout, une auteur dont j’aurais lu l’intrégalité de l’œuvre. Après je serais triste. Pour toujours. Rien que ca. 

Son style est à la frontière de la chick-lit, elle sait en prendre le meilleur sans jamais tomber dans la facilité et nous proposer des héroïnes modernes mais pas superficielles. 

The learning curve, c’est l’histoire de Nicky. Nicky est prof de CM2 dans une école plutôt chic de Londres. Nicky est sortie avec Rob pendant 6 mois à la fac (cela fait déjà 10 ans, c’est fou ce que le temps passe vite). Nicky est restée amie avec Rob après la rupture, parce que celui-ci, gentleman, a su la larguer avec classe (je ne savais pas que c’était possible…). Nicky travaille dans la même école que Rob et n’a pas tout à fait tourné la page, malgré des efforts honorables pour rencontrer le père de ses enfants. Nicky a 30 ans et son horloge biologique lui indique qu’il serait bon de commencer à s’inquiéter de rencontrer ce fameux père potentiel !

Et donc, comme vous vous en doutez maintenant, The learning curve, c’est l’histoire de comment Nicky va tomber amoureuse du père de ses enfants ! 

C’est aussi l’histoire d’une année scolaire, de la vie quotidienne, d’un feu d’artifice, de samedis à la piscine et de voyages scolaires, des rivalités professionnelles et amoureuses, et de tous les personnages qui gravitent autour de Nicky : Rob, Amanda, Ally et Pete, Oscar et son père, Claire, ses trois filles et son mari qui travaille trop, Lilith et Daisy, la directrice, sa mère et sa fidèle secrétaire, et tous les autres… 

Sur ces bonnes paroles et sans plus vous révéler les détails croustillants de l’histoire, pour une lecture légère et pétillante, je vous invite à découvrir Melissa Nathan si ce n’est pas déjà fait ! 

Bonne lecture, 
Chi-Chi 
  

Precious bane – Sarn

Aujourd’hui, je reprends le chemin des livres qui ont bercé mon adolescence

Celui-là est beaucoup moins connu que Jane Eyre, mais pour moi, il s’assimile tout à fait à ce roman classique et mériterait d’être tout aussi bien connu. Precious bane, traduit en français sous le titre de Sarn, est un roman de Mary Webb paru en 1924.

Sarn, c’est le nom de l’étang auprès duquel se déroule notre histoire, c’est aussi le nom du domaine de la famille Sarn, fermiers de la région. C’est l’histoire d’une Angleterre campagnarde du début du 19ème siècle, superstitieuse, à l’ignorance teintée de violence, dans un temps qui paraît presque suspendu, hors de la réalité tant il est figé dans ses certitudes.

L’histoire est dominée par la figure de Gédéon, le fils de famille qui hérite de la ferme, personnage caricatural dans sa dureté cruelle, son ambition dévorante et sa cupidité aveugle, qui règne en maître sur la vie de la mère et de sa sœur, Prue. 

Pourtant, Gédéon n’est pas un personnage entièrement mauvais et, au début, l’auteur parvient à nous communiquer un peu de l’affection qu’il éprouve pour sa famille. Affection qui hélas ne fait pas le poids face à son ambition et son attrait pour l’argent. C’est cette passion néfaste va peu à peu le pousser vers la folie sous notre regard de lecteur, son ambition devenant une vindicte impitoyable qui ruinera la vie de ses proches et les entraînera dans son malheur.

Voila un tableau qui ne serait guère réjouissant, et un livre guère adapté à ces lieux, s’il n’y avait Prue. 

Prue qui est la véritable héroïne de cette histoire, Prue qui nous permet de découvrir l’histoire à travers les lignes de son journal intime. Car, même si Gédéon est le moteur principal des évènements, l’élément qui déclenche tous les autres, c’est la vision que Prue porte sur lui qui nous permet d’en prendre la mesure. 
Prue qui a eu le malheur de naître défigurée par un bec-de-lièvre. Dans cette Angleterre d’un autre siècle, cette difformité est vue comme signe de sorcellerie et Prue est la cible de brimades constantes, quolibets et agressions infligées par les villageois ignorants et effrayés par l’idée qu’elle soit une fille de Satan, une sorcière. Prue dont l’intelligence lui permet de rester forte face à cette méfiance….

Et puisqu’il s’agit de ne pas perdre de vue qu’ici, on parle d’amour, il existe bien sûr un élément romantique ! La douceur de Prue et sa volonté seront récompensées par l’arrivée d’un nouveau personnage, Kester Woodseaves, qui saura passer outre les apparences, sa malformation, les préjugés, son « héritage familial », et l’opposition de Gédéon!

Le livre est écrit dans une langue fine et délicate qui n’est pas sans rappeler le naturalisme de George Sand, décrivant avec une grande poésie la nature autour de l’étang de Sarn, la campagne anglaise et ses mœurs teintés de superstitions, les animaux et la vie fermière, la cruauté des sentiments humains et la folie qui s’empare de certains…

Le titre anglais, Precious bane, vient d’un extrait du poème Paradise Lost de John Milton, et l’ambition de Mary Webb était bien de montrer, dans un poème en prose, l’affrontement entre le bien et le mal, réduits à l’échelle humaine. 

Pour Prue, ce bec-de-lièvre était un fardeau précieux (« precious bane ») envoyé par le ciel afin de la rendre meilleure : elle supporte avec philosophie la cruauté des villageois, bien qu’elle en souffre, mais se montre forte et décidée à supporter cette croix. L’héroïne répond alors à un certain idéal de femme douce, forte mais humble et résignée, du moins c’est l’apparence que l’on pourrait voir au premier abord. 

Mais comme Jane avant elle, Prue est un personnage moralement très solide, ce qui lui permet de survivre à la descente aux enfers dans laquelle l’ambition de son frère entraîne la famille Sarn. Mary Webb fait de Prue une femme qui cherche à se libérer dans l’apprentissage de la lecture, puis de l’écriture, parée par sa volonté de qualités traditionnellement masculines, déterminée tout en rêvant d’amour, ce qui en fait une vraie romantique.

Sarn est donc un roman envoûtant, où la violence du monde quotidien apparaît, dans le flou d’une campagne perdue dans la brume. C’est un roman témoin de son époque, où il est question de la vie difficile des paysans et des superstitions populaires. Mais surtout, c’est un roman où il est question d’amour ! L’amour de Prue pour sa famille, pour la nature, et enfin pour Kester, qui saura voir au-delà des apparences et des préjugés pour apprécier la beauté de son âme.

Enfin c’est un roman où se mélangent deux histoires, celle de Prue et de Gédéon, le frère et la sœur que tout oppose, le jour et la nuit, la bonté et la cupidité en une symbolique du bien et du mal… 

J’espère ne pas vous avoir fait fuir avec cette lecture certainement moins légère que ce à quoi nous vous avons habitué, et j’insiste en disant que c’est un roman que je vous recommande absolument !
Bonne lecture,
Chi-Chi
 

In her shoes

Il paraît qu’ici, on est des pro de l’amour. Et il est vrai qu’en romance, on en voit passer des sentiments. Selon moi (et sans me vanter, ce qui va suivre est d’un esprit et d’une intelligence rare), l’amour est au cœur de toutes les relations humaines.

Ainsi, aujourd’hui n’est pas coutume, le roman que je vais vous présenter parle d’amour (mouahaha, quel suspense de malade, vous ne vous y attendiez pas du tout!).

Mais d’un amour un peu particulier. Alors non, il ne s’agit pas de l’amour d’un vampire et d’une sirène qui défierait les lois de la nature (vous imaginez le rejeton de ces deux là ?).

Mais tout simplement de l’amour fraternel, familial, et de manière plus primaire, de l’amour que l’on se porte à soi-même.

Et ce ne sont pas Maggie et Rose Feller, les héroïnes du roman « In her shoes » (Chaussure à son pied en français) qui iront me contredire. Sans vouloir donner dans le cliché, mais un peu quand même puisque c’est bien souvent le cas dans une fratrie, les deux sœurs sont aussi différentes que le jour et la nuit.

Maggie est sexy, envoutante, charmeuse, pétillante, « socialite » et modeuse en puissance. Elle est belle et le sait. Elle sait surtout que c’est sa plus grande arme, sa compétence première, sa grande réussite. Ce qui n’est d’ailleurs pas grand chose, on en tous conscience, et elle aussi. Parce que du côté de la réussite académique et professionnelle, c’est Rose qui décroche la palme. Diplômée de Princeton « Suma cum laude » (mention très bien en français, mais admettez, c’est plus sexy en latin ?), jeune associée d’un prestigieux cabinet d’avocats de Philadelphie, elle a même un certain Jim au début de notre histoire. Le jackpot quoi!

Deux sœurs, un précipice entre les deux avec un seul point commun, leur taille de chaussures.

Les deux sœurs s’aiment, mais les relations fraternelles sont encore plus compliquées parfois que les relations amoureuses. Pour la simple et bonne raison que l’on a pas choisi la personne avec laquelle on grandit. Rose et Maggie sont bloquées. Bloquées dans un schéma qui ne profite à aucune.

On pourrait croire que Maggie profite de Rose qui est trop bonne pour se rebeller. Ou qu’en portant assistance à Maggie, Rose s’assure d’avoir toujours le dessus. La réalité se trouve elle dans le mélange subtil des deux, comme seul l’amour fraternel sait le faire. Des années et des années d’un schéma reproduit à l’infini… Jusqu’au jour où Maggie « pousse le bouchon un peu trop loin », poussant Rose à la mettre à la porte et à la rayer de sa vie,  l’amour fraternel pouvant aller se faire voir.

Maggie et Rose vont alors devoir apprendre à vivre l’une sans l’autre.

Maggie va apprendre à vivre seule, sans filet de sureté (le filet étant Rose, vous l’aviez compris). Elle va devoir faire des choix en prenant soin d’en envisager les conséquences. Rose n’est plus là pour passer derrière et lui tendre la main lorsqu’un problème surgit, Rose n’est plus là pour passer l’éponge sur les mauvais jours.

Mais Rose, qui croyait finalement que tous ces soucis venaient de l’omniprésence de son incapable de sœur, va réaliser qu’elle ne nage toujours pas dans la béatitude. Elle va devoir elle aussi apprendre à vivre sans Maggie, si facilement blâmable. Sans Maggie occupant tant de place qu’il est facile de se trouver des excuses pour ne pas prendre de décisions dans sa propre vie, qu’il est facile de nier et d’oublier ses propres désirs. 

L’amour fraternel, Jennifer Weiner le traite ici avec beaucoup de justesse en nous embarquant dans une histoire où tous les personnages ont leur moment de parole. Rien n’est manichéen, tout est décrit dans une nuance de sentiments très justes, très intenses, très vrais.

J’ai aimé cette évolution progressive des deux personnages. Rien n’a été facile pour elles, mais on sent que ce livre, et le chemin parcouru dans cette histoire, pourrait être un chemin que toutes les sœurs peuvent vivre un jour.

Un livre à lire, à offrir, à méditer, à garder.

Bonne lecture,
Tam-Tam

PS 1 : pour les puristes qui voudraient argumenter que je m’éloigne des romances traditionnelles, n’ayez crainte, l’une des deux sœurs va trouver « The one »…

PS 2 : Un dernier mot sur l’adaptation ciné que certains d’entre vous auront peut-être vu, ce n’est pas tout à fait traité de la même manière, certains passages ont été coupés. Le film est vraiment bon, mais le livre est mille fois mieux !
 

La demi-pensionnaire

A l’origine, je pensais vous faire aujourd’hui un post sur la suite de ma saga James Bondienne sous Napoléon. Et puis, un truc tout bête, j’ai fait moins de kilomètres en voiture cette semaine et du coup, j’ai optimisé mes trajets de train en m’avançant dans mon travail professionnel (une princesse professionnelle est une princesse responsable). Bilan de la manœuvre : je n’ai pas fini l’écoute de The seduction of the Crimson Rose…. arrrggggggh….

Du coup, aujourd’hui, c’est chronique vintage avec un livre lu il y a pile 10 ans. Je le sais, c’est inscrit à l’intérieur (je vous promets, c’est une manie créatrice de sourires)!

Ce roman a tout pour plaire à tout le monde.

– A votre banquier d’abord, puisque La demi-pensionnaire se trouvera sans doute dans les rayons de votre bibliothèque.

– A votre capital temps, puisque 200 petites pages, c’est à peine plus qu’un Harlequin ! (mais en tellement mieux)

– A votre âme francophone : Didier Van Cauwelaert, est comme son nom ne l’indique pas, français. C’est suffisamment rare pour être souligné.

– A votre cœur de midinette, puisqu’il s’agit d’un coup de foudre…

Dans toutes les belles histoires de coup de foudre, il y a le moment où le héros tombe amoureux, et le moment où son amour est testé. La particularité de La demi-pensionnaire est que le coup de foudre à lieu à l’entrée, et le test fatidique au dessert… littéralement.

Je vous perds ? Pas de panique, je vous explique…

La demi pensionnaire, c’est donc l’histoire de Thomas, qui lors d’un déjeuner, tombe amoureux d’Hélène au premier regard. Sauf que Thomas est un gentleman, et ce n’est pas avant le dessert qu’il réalise que cette dernière est bloquée dans un fauteuil roulant puisque, jusque là, il était plongé dans ses grands yeux…

Elle est « demi-pensionnaire », mais pas figée au sol, ni amorphe dans sa propre vie. C’est d’ailleurs la force de ce livre. Absolument pas tourné vers le pathos, ni vers la colère qui semble parfois bien légitime pourtant devant l’adversité. C’est une bouffée d’optimisme et d’humour que nous crée ici l’auteur.

Tout n’est pas non plus tourné vers cette héroïne qui sort de l’ordinaire. Thomas est un être complexe, qui se dévoile au fil des pages. A l’époque de sa lecture, ce livre m’a donné de l’énergie, de l’envie de déplacer les montagnes. Oui, il y a dix ans, je donnais dans le cliché Harlequin…

Et puis il s’agit d’un coup de foudre donc, argument principal pour certain, mais qui reste un élément qui me fait grincer des dents. Ou peut être est-ce un petit reste de cynisme qui fait que je suis de celles qui disent « on ne me la fait pas à moi »… Car un coup de foudre, c’est :

– trois fois plus de travail pour l’auteur pour me convaincre.
– trois fois plus de risque de tomber dans la catégorie des couples que je ne saurais voir
– trois fois plus de pentes glissant vers le cliché Harlequin qui ne passe qu’avec du champagne
– mais trois fois plus de chance de se montrer inoubliable s’il est manié avec talent

Histoire complexe, où l’on se plonge dans une réflexion sur le sens de la vie, ce qu’on en attends… et où Hélène et Thomas nous montrent que parfois, les miracles ne sont pas nécessaires pour voir la vie du bon côté.

Didier à tout bon, la demi-pensionnaire a pris pension chez moi depuis 2001…

  
Bonne lecture,
Tam-Tam

(presque) Mille contes et légendes

Vous connaissez tous les Mille et une nuits et certainement quelques uns des contes qui en sont issus. 
Sinbad, Aladdin, Ali Baba… Pour moi qui suis fascinée par les contes et les légendes, la lecture d’un texte aussi mythique s’imposait. 
Ce livre (enfin ces 12 tomes) qui trônaient dans la bibliothèque familiale, j’avais 14 ans quand je les ai découvert, à la même époque que le Mouron rouge et JaneEyre ! Après avoir grandi, bercée par Disney et ses contes, étant une inconditionnelle d’Aladdin, je ne pouvais pas laisser passer une telle occasion. Et je vous prie de croire que j’ai eu le choc de ma vie ! Car finalement, ce que la culture populaire a retenu , ce n’est qu’une version expurgée pour les enfants…
Que ceux ici qui ont lu les Mille et Une Nuits lèvent la main.
Si vous l’avez lu, vous savez que ce recueil de contes n’est pas destiné à un jeune public!
Récits de tradition orale pleins de références à la littérature et à la culture populaire, aussi bien arabe que persane et indienne, rassemblés dans un recueil par un français, Antoine Galland, au 18ème siècle, on ne présente plus les Mille et une nuits, et Shéhérazade la conteuse.
Le cadre est simple. Dans un Orient mythique, le sultan Schahriar est devenu fou suite à l’infidélité de son épouse. Après l’avoir fait exécuter, il décide de se remarier chaque jour avec une femme qu’il décapitera à l’aube, pour ne plus jamais lui laisser le temps de le tromper. Révoltée, Shéhérazade, fille du grand vizir, se porte volontaire au mariage, bien décidée à empêcher le sultan de mettre à exécution son plan.
Et, parce qu’elle est intelligente, elle a bien sur un plan. C’est pendant sa nuit de noces qu’elle commence à raconter sa première histoire. Une histoire si passionnante, si bien tournée, que le sultan brûle d’en connaître la fin. Et quand arrive l’aube, et que l’histoire n’est pas terminée, il ne peut se résoudre à tuer sa femme avant de savoir la fin. Un jour s’écoule, et Shéhérazade reprend son récit à la nuit tombée. Une histoire en entraînant toujours une autre, c’est ainsi que, nuit après nuit, Schahriar repousse le moment de son exécution. Tenu en haleine par Le Marchand et le Génie, Le Pêcheur et le Démon, Les Dames de Bagdad, Les Trois Calendes, Les Trois Pommes, Le Bossu, Le cheval d’ébène et bien d’autres, le sultan fait défiler les nuits, les semaines, les mois puis les années…
Après mille et une nuits passées à raconter des histoires, Shéhérazade, qui a enfin réussi à gagner la confiance de son époux (et qui a eu des enfants de lui, ce qui ne gâche rien), aura la vie sauve. Le sultan, en renonçant définitivement à vouloir la tuer, met fin à ce récit ininterrompu…
On trouve des contes dans les contes, ce qui fera au total plus d’une centaine d’histoires. Pour la petite anecdote, Ali Baba et les quarante voleurs, souvent présenté comme un conte des Mille et une nuits, ne fait pas partie des manuscrits originaux ! Quand à Sinbad et Aladdin, la question reste ouverte car ils ne remplissent pas, selon les experts, les critères de la littérature arabe traditionnelle. On soupçonne les premiers traducteurs d’avoir ajoutés ces contes au recueil…

Mais peu importe finalement, car les Mille et et une nuits, ce sont des contes pour adultes, tissés d’orientalisme et de sensualité. Ce que l’on en retiendra, c’est la fascination pour un monde mystérieux idéalisé dans notre imaginaire. C’est l’histoire d’amour qui se dessine entre Shéhérazade et son sultan, que l’on retrouve nuit après nuit, ce sont aussi les histoires de vie, de rencontres, d’amour, de peines et de ruptures de chacun des personnages qui sont évoqués pour nous. C’est un récit de voyages, une fresque formidable et magique qui a influencé des générations d’artistes, c’est la cristallisation de tout ce que l’Orient a de mythique pour nos yeux d’occidentaux et c’est une œuvre classique dont on ne compte plus les traductions et adaptations en tout genre.

En un mot, ce sont des livres à ne pas mettre entre des mains innocentes, mais sans aucun doute des livres à lire!
Bonne découverte,
Chi-Chi

Ensemble c’est tout, Anna Gavalda

Aujourd’hui : lumière sur « Ensemble c’est tout », roman écrit par Anna Gavalda et publié en 2005. Comme vous le savez sûrement, ce bouquin a été adapté au cinéma deux ans plus tard par Claude Berri. Le passage de livre à film est un phénomène récurrent de nos jours qui suscite deux types de réaction : ceux qui apprécient de voir l’histoire prendre vie à l’écran et ceux qui ne jurent que par les livres et condamnent toutes adaptations cinématographiques. 
Personnellement, je n’appartiens à aucun de ces deux groupes. En fait, j’appartiens à un sous-groupe de gens incultes qui va voir les films avant de lire les livres. Ce petit défaut est plus du à mon ignorance qu’à ma paresse puisque, en l’occurrence, je n’avais aucune idée que « Ensemble c’est tout » était adapté d’un roman en allant le voir au cinéma. Or, j’en suis tombée amoureuse – Qui ne craquerait pas pour Guillaume Canet dans la peau de Frank Lestafier, je vous le demande ?- et j’ai donc dévoré le bouquin par la suite. Toujours est-il qu’en procédant dans ce sens, on est rarement déçu. En effet, on redécouvre l’histoire que l’on sait aimer déjà, avec des nouvelles scènes, des détails supplémentaires sur la vie, la personnalité, le passé, la famille de nos protagonistes… Bref que du plaisir !

    Mais je m’égare, l’idée n’est pas de démarrer un débat sur le sujet mais simplement de vous expliquer pourquoi l’histoire m’a tant plu. En fait, l’auteur aborde avec justesse plusieurs thèmes qui me parlent beaucoup, notamment…

… l’amitié. Certes, ce n’est pas foudroyant d’originalité mais il s’agit d’une amitié particulière, une amitié qui se tisse entre des personnes si diamétralement opposées qu’elles ne se seraient jamais intéressé les unes aux autres dans un contexte habituel. Tout sépare nos personnages que ce soit leur personnalité, leur vécu, leurs passions et pourtant ils vont être amenés à vivre ensemble. C’est d’ailleurs le seul lien qu’ils aient, leur situation géographique. C’est comme si on vous plantait avec deux autres personnes totalement inconnues sur une île déserte. Eh bien, vous finissez par faire l’effort de franchir l’immense mur pour les connaître, par accepter vos différences et vous adapter les uns aux autres. Camille est une artiste désillusionnée, Frank un cuisinier un peu rustre, Philibert un aristocrate décalé et maladivement timide. Pourtant, ils vont se découvrir et s’apprivoiser.

… l’espoir. Dit comme cela, c’est certain, cela parait niais ! Mais dans le bouquin, laissez-moi vous dire que c’est renversant de beauté et d’émotion ! ^_^ En fait, les personnages sont tous baignés dans une triste solitude au départ, mais pas pour les mêmes raisons. Camille est hantée par ses actes passés, démoralisée par sa mère, et reste donc cachée sous une carapace de peur et de souffrance que personne ne sait briser. Frank est seul aussi, à cause de son rythme de travail infernal et de la fatigue qui l’accompagne, à cause aussi du souci qu’il se fait pour la santé de sa grand-mère chérie, le seul lien affectif qui lui reste. Quant à Philibert, avec ses tocs et sa grande timidité qui l’inhibent complètement, il se renferme sur lui-même, incapable de sociabiliser. C’est donc quand va se créer cette amitié entre eux, que petit à petit ils vont émerger de cette solitude, lutter contre leurs démons et s’épanouir. Camille qui avait rangé toiles et pinceaux, va se remettre à dessiner. Philibert va surmonter son bégaiement en se rendant à des cours de théâtre. Pas besoin de chercher à rentrer dans le moule de la société, juste à s’ouvrir aux autres pour que la vie soit plus facile.

… les choix. A un moment dans une vie, il faut oser se lancer, prendre des risques. Que ce soit Camille, Philibert ou Frank, tous sont amenés à prendre des décisions importantes tout au long du livre qui vont remettre en cause l’équilibre fragile de leur existence, leur apprendre à assumer des responsabilités et finalement les aider à se relever, à grandir et à s’épanouir.

… et l’amour bien entendu.

En somme, être ensemble c’est tout ce qui fait la différence.

Lady D.
 

Une odeur de gingembre, Oswald Wynd

Une odeur de gingembre est un livre qui m’a été offert pour mon anniversaire par ma petite cousine. Ce qui pour moi, est déjà en soi un gage certain de qualité. Car ma cousine est brillante et extrêmement intelligente ; elle lit et comprends des ouvrages qui ne seront jamais à ma portée. Elle est étudiante à l’ENS quoi…
J’avais donc déjà un apriori plutôt positif.

Dans un deuxième temps, j’ai été séduite par la couverture. Oui, le marketing fonctionne sur moi et je suis très sensible au packaging : une peinture d’une femme en kimono fleuri se promenant avec une ombrelle sous le soleil… Un appel au voyage…

Je retourne donc le livre et m’empresse de lire le résumé. Il n’y a plus de doute possible : ce roman va me plaire.

Avant d’aller plus loin dans la présentation, je vais mettre un énorme « WARNING » rouge clignotant.

Mesdames, Mesdemoiselles, ceci n’est pas un livre « sweet  and cute » où les Petits Poneys vivent en paix et harmonie avec les Petits Malins et invitent les Bisounours à prendre le thé. Non.
Mary Mackenzie, l’« héroïne », ne vit pas dans un monde rose à paillette.

Ceux qui veulent une histoire façon Amélie Poulain peuvent donc arrêter la lecture ici…

Attention, SPOILERS!  
L’histoire de Mary Mackenzie se passe au début du 20ème siècle (plus précisément débute le 9 janvier 1903).
Mary a tout juste 20 ans, est écossaise et embarque pour la Chine où elle doit épouser Richard (un attaché militaire britannique qu’elle a rencontré en Ecosse mais qu’elle connait très peu au final). Au travers de son journal et de lettres, elle raconte son long voyage en bateau en compagnie d’un chaperon qu’elle supporte difficilement,  son arrivée en Chine et la vie avec un homme qu’elle ne connait pas et dont elle s’aperçoit qu’il n’est pas aussi « bien » qu’elle le croyait…
A Pékin, Mary est seule. Richard est souvent en mission pendant plusieurs jours –voire plusieurs mois  – elle ne parle pas chinois et n’arrive pas à communiquer avec ses domestiques et se sent donc inutile dans cette maison qu’elle n’a pas choisi et qui n’est pas à son goût. La vie avec les autres femmes de militaires ne l’intéresse pas plus que ça et elle a dû mal à s’intégrer. D’autant plus que Mary est intelligente et fait preuve d’une curiosité d’esprit rapidement désapprouvée par la communauté européenne. Cette partie est vraiment résumée parce que le roman est riche et on m’a dit d’écrire une ou deux pages…
Délaissée par Richard, Mary part en vacances (dans un monastère quelque part en Chine) avec sa seule amie, Marie de Chamonpierre, et le mari de cette dernière, premier secrétaire de la légation française.
Et là, c’est le drame… (petite musique angoissante en fond sonore)
Au milieu de toute cette nature, Mary ne rencontre pas le Petit Prince des collines mais, Kentaro (le prénom est assez sexy d’ailleurs je trouve) un officier Japonais qu’elle a eu l’occasion de rencontrer quelques fois lors de diners.
Et Mary tombe amoureuse de Kentaro et commet l’irréparable… Cette petite aventure extra conjugale aurait pu rester leur petit secret à eux et aux Chamonpierre (ben oui parce qu’ils ne sont pas bêtes les Chamonpierre. Ils ont bien compris le petit manège de Mary qui part toute la journée on ne sait pas trop où alors que le seul voisin à proximité, et ben c’est Kentaro… Un homme + une femme =… Ils ont vite fait le calcul le couple français… )
Bref le problème c’est que Mary tombe enceinte. Et là pour faire passer la pilule à Richard ça va être compliqué parce que :

1-Richard est en mission depuis plusieurs mois au fin fond de la Chine ; donc Mary n’a pas pu être très intime avec lui…

2-Mettons que Richard soit revenu une fois en coup de vent à Pékin quelques jours parce que Mary lui manquait trop et qu’il y ait eu des rapprochements un peu charnels, je vous rappelle juste pour mémoire que Kentaro  n’est pas blond et n’a pas les yeux bleus…

Donc pour résumer la situation, Mary est un peu dans une sale situation…

Forcément Richard l’apprend –enfin façon de parler. Richard rentre de mission et découvre Mary et son ventre proéminent. Il est gentil mais pas con… Donc vite fait bien fait il vire Mary de la maison sans lui laisser le temps de dire au revoir à Jane, sa petite fille d’un an et lui paye un billet de retour pour l’Ecosse.

Mais Mary ne va pas rentrer en Europe parce que Kentaro est un gentleman (enfin à ce stade de l’histoire c’est ce qu’on croit) et il va assumer ses responsabilités en bon Japonais qu’il est. Il fait chercher sa maitresse dans l’hôtel où elle attend avant de prendre le bateau et la fait venir au Japon. Là il l’installe dans une maison avec des domestiques et l’entretien. Elle se fait une raison quant à son statut de maîtresse mais se dit que de toute façon elle n’a rien à perdre vu qu’elle est déjà au bas de l’échelle sociale pour avoir couché avec un Japonais. Mary accouche ; elle est un peu sur un petit nuage et ne voit pas la catastrophe arriver. Son bébé, Tomo, lui est enlevé par Kentaro pour être donné à adopter. Petite explication : Tomo n’a pas l’air occidental et Kentaro appartient à une dynastie haut placée. L’idée est donc de donner son fils à adopter par une famille ayant déjà une fille. Le fils et la fille seront mariés ensemble et ainsi il y aura du sang Kurihama dans la famille. Youpi !

Donc quand elle comprend que c’est son amant qui a kidnappé son fils, Mary s’enfuit.

Je vous laisse donc imaginer à quel point sa vie au Japon ne va pas être facile. C’est une femme occidentale dans un pays largement misogyne, au début du 20ème siècle…

L’histoire ne vire pas au mélodrame. Mary est intelligente et courageuse. Elle va apprendre le japonais, trouver un emploi, et au final va s’avérer être une femme d’affaires brillante.

Ce roman est riche. J’aime que l’histoire de fond soit ancrée dans un contexte historique (la révolte des Boxers en Chine, la première et la seconde Guerre Mondiale). J’aime l’aspect féministe et donc moderne de l’histoire : Mary Mackenzie se prend en main et s’en sort toute seule. C’est une femme forte et moderne qui s’assume et se débrouille seule et ne craint pas le regard des autres.

Une odeur de gingembre n’est pas qu’un simple «  livre de filles », mais un livre qui traite avec finesse de la situation féminine au début du 20ème siècle et présente l’histoire d’une jeune femme qui va gagner son indépendance. Un peu comme un roman de Jane Austen avec une pointe d’exotisme.

Mais le mieux c’est de le lire et de se faire se propre opinion.

 
Arwen
 

De l’influence parentale (encore)

Récemment, je parlais lecture avec ma mère. J’avais lu La solitude des nombres premiers. Elle avait lu Trois vies chinoises de Dai Sije. Et tandis qu’elle me disait combien elle avait trouvé cette histoire désespérante, je me suis retrouvée en train de lui expliquer pourquoi j’aimais tant la romance. Un livre qui vous envoie un message positif, que vous refermez avec l’idée que le monde est un endroit plus beau, que l’amour n’est pas vain, cela n’a pas de prix. Ma mère comprend ce point de vue, même si elle n’est pas elle-même une fan de romance, et après tout, c’est elle qui m’a mis entre les mains ces livres qui ont formé mon goût et mon caractère! A la même époque où je découvrais Le Mouron Rouge et Anne of Green Gables, toujours dans la bibliothèque familiale, se trouvait Jane Eyre. Longtemps je me suis méfié de ce livre, héritage d’un temps ancien où les couvertures n’avaient pas d’image! Reconnaissez que c’était suspect…

Aujourd’hui, Jane Eyre est pourtant une de mes références. Malgré les multiples adaptations en film (dont une version avec Charlotte Gainsbourg en 1996, et une nouvelle version est prévue le 7 septembre 2011, avec Mia Wasikowska dans le rôle-titre), c’est toujours vers le livre que je reviens.

Ce roman de Charlotte Brontë a été publié en 1847 en Angleterre. Le succès est immédiat, et le livre sera traduit en français dès 1854. Présenté comme l’autobiographie de la narratrice, l’histoire nous fait suivre la vie de Jane Eyre sur une quinzaine d’années.

Jane, orpheline de dix ans, est hébergée par une vague relation de famille, Mrs Reed. Cette dernière n’est pas du tout contente de la situation, elle considère Jane comme une gêne, la maltraite et la punit durement si elle ose se rebeller. Après un incident particulièrement violent, Mrs Reed décide de se débarrasser de Jane et l’envoie à Lowood, école pour jeunes filles « difficiles ». Les conditions de vie y sont extrêmement rudes, la discipline de fer pour corriger toutes des demoiselles de leurs « vices ». Et Jane restera huit ans à Lowood, huit ans durant lesquels elle survivra plus qu’elle ne vivra réellement, mais huit ans durant lesquels son caractère se forgera, autour d’une idée : être indépendante. Le jour où Jane quitte l’internat, ce sera pour devenir l’institutrice d’Adèle, pupille du mystérieux Mr Rochester, à Thornfield Hall.

J’hésite à vous en dire plus, car si vous n’avez pas encore lu ou vu Jane Eyre, je m’en voudrais de gâcher pour vous la découverte de la suite!

La relation entre Jane et Mr Rochester va bien sûr occuper une place centrale dans la suite de l’histoire, mais les personnages qui les entourent ont une importance fondamentale. Tout le roman se déroule dans une ambiance sombre, presque pesante, un secret plane sur Thornfield Hall, des rumeurs courent, et Jane, comme le lecteur, ne sait que croire. En lisant Jane Eyre, j’ai toujours l’impression d’entrer dans une bulle, un espace où le temps n’a pas de prise, dans des lieux noyés de brouillard et de froid. Dans cet univers évoluent des personnages qui sont à l’exact opposé de cette ambiance, Jane est ardente en dépit des apparences, Mr Rochester est passionné… La personnalité de Jane, discrète jusqu’à l’effacement, mais farouchement indépendante, est tout à fait hors du commun pour une femme de son époque. C’est pour moi une héroïne tout à fait extraordinaire, surtout parce qu’elle est féministe dans un monde où le concept même du féminisme était très mal vu, parce qu’elle s’est formée seule dans un environnement où rien ne l’y encourageait, parce qu’elle est incroyablement forte tout simplement.

Si les films se concentrent le plus souvent autour de l’histoire d’amour entre Jane et Mr Rochester, ce serait faire un raccourci que de croire que l’histoire ne se limite qu’à cela. Jane Eyre n’est pas seulement une histoire d’amour, c’est avant tout un roman d’initiation, une histoire de femme dans l’Angleterre victorienne, c’est surtout l’histoire de Jane qui refuse d’être une victime et de subir sa propre vie. De plus, Charlotte Brontë manie la plume avec art, son écriture est très poétique, marquée par les influences romantiques de l’époque, avec une nuance presque gothique par moments!

Je vous recommande donc la lecture de Jane Eyre, sans vous contenter des versions cinématographiques. Mais, si vraiment vous n’avez pas le temps, pour les fans, le lien audio-book!

Bonne lecture,
Chi-Chi
 

Corps et âme

Il y a de cela quelques années, j’avais pris l’habitude d’inscrire en page de garde les dates, lieux et circonstances qui m’avaient poussés à acheter et lire un livre. Si c’était un cadeau, je marquais qui me l’offrait, etc.

En choisissant ce livre pour ma chronique de ce lundi, j’ai pu redécouvrir avec joie mon auto-dédicace de l’époque :

« Mai 2005 – Françoise lisait ce livre la veille de mon départ. Le résumé et la couverture m’ont plu. Je l’ai dévoré sur le ferry… Il faut dire qu’avec 18h de traversée, j’avais le temps ».

J’ai du relire ce livre au bas mot 10 fois depuis ce fameux voyage de 2005. Pourquoi ? Parce qu’au delà de la magnifique histoire que l’auteur raconte, Franck Conroy fait preuve d’un talent hors du commun pour peindre les émotions. Corps et âme fait parti des livres qui m’ont fait pleurer, et je vous ai déjà expliqué à quel point c’est un gage de magnificence.


Corps et âme, c’est l’histoire de Claude. Claude habite dans un appartement en sous-sol avec sa mère alcoolique. Il regarde les gens passer depuis le soupirail. La vie de Claude n’est pas tendre. Mais dans la pièce du fond, sous une pile de journaux datés, il y a un piano, objet inconnu qui l’intrigue et qui va lui ouvrir des portes dont il ne soupçonnait pas l’existence.

Car Claude a un talent. Un talent rare. Et de la chance… Ou peut-on vraiment parler de chance lorsque des crises alcooliques rythment les soirées de l’enfant ? La destinée, disons, voudra qu’il pousse la porte d’un magasin de musique, la tête pleine de questions, pour y rencontrer Monsieur Weisfeld. 

Ce livre retrace la vie de ce prodige. De son appétit de vivre, de ses doutes, de son apprentissage, de sa consécration.

Mais ce n’est pas un conte de fées, loin de là. Claude va construire sa destinée. Il a un don, certes, mais il a aussi en lui une volonté d’avancer, une sensibilité qui le pousse à vouloir toucher la perfection. A se donner entièrement.


Je pourrais sans doute vous parler des heures de ce livre qui immanquablement me fait pleurer à la page 570, qui me berce à travers ses pages des mélodies des plus grands. Je pourrais vous dire qu’au delà de la musique, qui reste le grand amour de la vie de Claude, ce dernier va devoir aussi se construire une famille, des amis, pour l’accompagner lors de son périple. Car le talent n’est pas tout, c’est ce que l’on en fait qui fait tout la différence.

Le livre a tout pour lui !


– Le cadre de New York à la fin des années 40. Les rues à la vapeur sortant des bouches d’égout. Les automobiles, le tramway. La ségrégation, le travail qui manque, le retour des soldats…

– La musique qui rythme chacune des pages. Des compositeurs géniaux, une initiation à l’apprentissage pointu d’un monde d’harmonies. Lorsque l’on lit un polar, on a l’impression d’en apprendre plus sur la criminologie. Lorsque l’on lit une régence, on révise nos connaissances des usages de la cour d’Angleterre. En lisant ce livre, on embrasse la création musicale, les octaves, les arpèges. Claude rend les gammes pleines de sens. Les arpèges pleins de sentiments, et les accompagnements chargés de génie.

– Le héros, qui prouve à lui tout seul que les destins miraculeux sont possibles. On veut croire en la chance. On a envie de jouer au loto, on s’essuie le coin des yeux devant ses réussites. Notre cœur bat au même rythme que le sien.


L’histoire enfin, d’une destinée, d’un amour inconditionnel, d’un talent, de rencontres… Cette histoire d’exception qui à mon gout fini trop tôt. Le talent n’a pas assez d’une vie pour s’épanouir, et Franck Conroy a à peine le temps d’un livre pour ravir notre cœur avec son héros tout en nuances.

A lire, vraiment.
Tam-Tam
 

Souvenez-vous des Lucky Charms…

Vous qui suivez tous religieusement notre blog, semaine après semaine, et ce, depuis le premier jour, savez tous que ma romance number one absolue est Ain’t she sweet de Susan Elisabeth Phillips.

Et si vous ne le saviez pas, soyez rassurés, cette grave lacune a maintenant été réparée…

Pour mon plus grand bonheur, SEP a aussi eu la bonne idée de vouloir écrire des séries (il faudra un jour que je développe la différence que je fais entre série et saga, et pourquoi j’aime tant l’un et pas l’autre)… SEP a donc écrit une série, 7 tomes que vous allez absolument devoir lire vous aussi !

Dans l’ordre de la série :

Nulle autre que toi (It had to be you)
Une étoile en plein coeur (Heaven, Texas)
C’est lui que j’ai choisi (Nobody’s baby but mine)
Ensorcelée (Dream a little dream)
Folle de toi (This heart of mine)
Parfaite pour toi (Match me if you can)
Tout feu, tout flamme (Natural born charmer)
 

Posons le décor : Phoebe Somerville, renversante beauté blonde à la réputation sulfureuse, quitte New York pour Chicago, où elle vient d’hériter de l’équipe de football américain locale, les Chicago Stars (et là, vous commencez à vous douter de quelque chose, puisque les Chicago Stars est le nom de la série!). 
Phoebe est le parfait stéréotype de la bimbo décérébrée, emmenant partout avec elle son toutou chéri, qui tient dans son sac à main. Enfin c’est ce que tout le monde veut bien croire, mais qu’en est-il en réalité? Et surtout Phoebe ne connait rien, mais alors rien de rien du tout au football, américain ou autre. En fait, elle n’y connait même rien en sport d’aucun genre. Et la voilà qui débarque, le sourire aux lèvres, perchée sur des talons de 12 cm, le brushing parfaitement agencé, bien décidée à s’investir dans la gestion de l’équipe. Je vous laisse le plaisir d’imaginer la réaction des athlètes, et surtout, celle de Dan Calebow, coach de l’équipe, ancien joueur et légende vivante de son état. Rien que ça. Et n’oublions pas de mentionner que Dan est aussi parfaitement misogyne, et n’a aucune intention de faciliter la vie à Phoebe… 
Voilà comment commence notre histoire, entre ces deux-là qui ne vont pas tarder à faire des étincelles dans tous les sens !
 
S’ensuit toute une série, s’intéressant successivement à différents membres de l’équipe des Chicago Stars, tous pourvus d’héroïnes hautes en couleurs. 
Dans le lot, je ne vais parler que de mes chouchous : j’aime bien sur Phoebe et Dan, mais aussi Jane  et Cal, de Nobody’s baby but mine, qui m’ont fait pleurer de rire à plus d’une occasion. Jane est un génie au QI scandaleusement élevé, mais qui a souffert toute son enfance d’être si brillante. Aussi, quand son horloge biologique s’emballe, elle décide de faire un bébé toute seule. Mais, et c’est là le nœud de l’intrigue, il faut que le géniteur soit stupide, pour contrebalancer ses gènes à elle. Son choix se porte sur Cal, footballeur professionnel, qui n’avait rien demandé à personne ! Oui, vous avez bien lu, nous avons donc un docteur en physique réputé pour être l’un des esprits les plus brillants de la planète qui concocte un stratagème si stupide scientifiquement que même un élève de seconde verrait qu’il est voué à l’échec. 
Et pourtant, en dépit de ce plan absurde, Jane et Cal forment un couple touchant, qui passe un bonne partie du livre à se jouer des tours pendables pour le plus grand bonheur du lecteur. Pour ceux d’entre vous qui ont le bonheur d’avoir déjà lu le livre, je n’ai qu’une chose à dire : Lucky Charms. Et si vous n’avez pas compris, c’est qu’il vous faut vous précipiter chez votre libraire !
  
Enfin, dans This heart of mine, Molly use elle aussi de procédés peu recommandables pour parvenir à ses fins avec Kevin Tucker, quaterback de l’équipe des Chicago Stars, qui a osé ignorer son existence alors qu’elle est amoureuse de lui depuis… eh bien presque depuis toujours ! Que se passe-t-il quand vous vous montrez un peu trop entreprenante afin de vous faire remarquer par quelqu’un qui ne vous voit pas? Rien de bon… en tout cas pas au début !
 
C’est là que se trouve la grande force de SEP dans cette série : malgré des situations complètement aberrantes, parfois même inconvenantes, même si ses personnages se comportent d’une façon pour le moins étrange, l’auteur parvient à nous faire entrer dans son univers, à nous convaincre que tout cela est plausible (tant que l’on ne lève pas le nez du bouquin en tout cas) et à nous amuser avec autant de talent qu’a nous émouvoir.
 
La série des Chicago Stars est un must-have de toute lectrice de romance qui se respecte. Au moins pour pouvoir s’en faire une idée, car SEP reste une référence en la matière. Ce cocktail d’humour et d’amour, tout en finesse, c’est la raison exacte pour laquelle j’aime la romance… Et je ne saurais en dire plus, car comme toujours quand j’aime un livre ou un auteur, les mots me manquent…
Bonne lecture,
Chi-Chi
 

Retour en Irlande

 Après Holly et Gerry la semaine dernière, retournons une fois de plus en Irlande !  Qu’il s’agisse de romans, de mythes ou de légendes, ce pays exerce sur Tam-Tam et moi même une fascination certaine. Et je trouvais justement que je n’en avais pas assez parlé ces temps-ci…

Aujourd’hui, je vous propose de découvrir une auteur irlandaise célèbre, qui n’est souvent pas classée dans la romance traditionnelle mais dans les romans féminins. Une auteur qui parle d’amour, mais pour mieux parler de la condition féminine, des difficultés rencontrées par ses héroïnes dans l’Irlande d’aujourd’hui, de mariage, de divorce, de liaisons dangereuses, même d’avortement, de difficultés financières, de différences de classes et j’en passe. J’ai nommé Maeve (prononcez Mève) Binchy…

J’ai découvert Maeve Binchy avec l’adaptation cinéma de son roman Circle of friends (avec Minnie Driver dans le rôle-titre), et je me suis très vite mise en quête de tous les livres de l’auteur. Dans ma bibliothèque, il n’y a plus maintenant qu’un livre de Maeve Binchy : Scarlet feather, mon favori. Les autres ont dû être sacrifiés, la mort dans l’âme, lors de l’un de mes multiples déménagements.

Scarlet Feather (Les Saveurs de la Vie en VF) tourne autour de deux personnages : Cathy Scarlet et Tom Feather, tous deux cuisiniers et qui se sont connus lors de leur formation. Leur rêve est d’ouvrir une société de traiteur ensembles, et c’est avec ce projet que début notre histoire. En suivant l’essor de leur société, « Scarlet Feather », pendant un an, nous entrons dans la vie de Cathy et de Tom, mais aussi dans la vie de tous ceux qui gravitent autour d’eux.

Cathy a connu un destin un peu à la Sabrina : elle a épousé Neil, brillant avocat et fils de la famille pour laquelle sa mère est femme de ménage depuis toujours. Malheureusement, ce mariage n’est pas bien vécu du tout par la famille de Neil, et particulièrement par sa mère. Cathy dépense donc une énergie folle à se plier en douze pour plaire à sa belle-mère, dans l’espoir d’apaiser les tensions… Le lancement de Scarlet Feather sera un catalyseur de ces tensions, et l’équilibre précaire de la situation va s’en trouver sensiblement modifié.

Tom de son coté est doté d’une petite amie au physique de rêve, Marcella,  qui rêve d’une carrière de mannequin qui lui ouvrirait la voie vers une vie meilleure, et par meilleure, je veux dire plus riche. Les sacrifices nécessaires à la réussite de Tom et de son entreprise ne sont que très moyennement à son goût, et leur relation s’en ressent.

L’histoire ne démarre donc pas sous les meilleurs auspices, car personne à part Cathy et Tom ne semble enthousiasmé par cette aventure. Les raisons en sont à la fois très simple et terriblement humaines. Jalousie, envie, amour, vanité, ambition, conformisme sont autant d’éléments qui dictent la conduite des personnages. A travers la création de Scarlet Feather, son évolution et celle des relations entre tous ces personnages, c’est leur vie de famille, les responsabilités leur incombant, les challenges qu’ils rencontrent, leurs rêves et leurs espoirs que nous découvrons.

Maeve Binchy met son talent au service d’une société en pleine mutation où s’affrontent encore tradition et modernité, et nous laisse imaginer que Tom et Cathy pourraient être nos voisins, nos amis, nos cousins tant ils nous sont familiers, arrivé à la dernière page. Elle nous entraîne avec finesse et discernement dans la vie quotidienne de ses héros, dans tout ce qu’elle a à la fois d’extraordinaire et de banal.

 Vous l’aurez compris, encore une auteur dont je ne peux que vous recommander l’œuvre toute entière, même si je me limite pour aujourd’hui à un seul livre!
Bonne lecture,
Chi-Chi
 

Lettres d’amour

Parlons film… 
Comment ça, un film??! Tam-Tam doit déjà être en train de froncer les sourcils, la main sur le téléphone pour me faire part de son désaccord…
Oui car, vous apprendrez mes chers lecteurs, qu’en ouvrant ce blog avec Tam-Tam, nous avons établi des règles. Et l’une de ces règles, c’est qu’ici, nous parlons de livres, et seulement de livres ! Seule exception, le film adapté d’un livre…
Ouf, le film d’aujourd’hui est aussi un livre. Alors pourquoi dire que je vais parler de film ? Eh bien parce que c’est grâce au film que le livre a été connu. Pas par moi, pensez bien, je suis au-dessus de telles trivialités, c’est évident que je connaissais le livre bien avant le film, mais tout le monde ne peut pas être aussi extraordinaire que moi, et c’est donc le film qui a rendu le livre célèbre.
Enfin, assez de bla-bla, je sais que le suspense est insoutenable pour vous (ce n’est pas comme si j’avais mis une photo avec le titre du livre en tête de page, n’est-ce pas), je veux donc parler de PS, I love you.
Pourquoi celui-là ? Parce qu’hier, assise dans un parc avec une amie, nous faisions la liste de nos films romantiques fétiches, et la comparaison de nos dvdthèques respectives,  et que PS, I love you est venu en tête du peloton pour toutes les deux. 
Lou, ce post est pour toi ! (oui, parfaitement, je romps la règle sacrée de l’anonymat et en plus je fais une dédicace spéciale !) (ne fuyez pas, c’est un peu pour vous aussi quand même, qui que vous soyez, ô lecteurs anonymes)
(Tiens, c’est marrant, je me rends compte que les posts livre/film ont tendance à me faire faire beaucoup de parenthèses… je vais essayer de me contrôler ! )
Donc, PS, I love you, premier roman de l’irlandaise Cecelia Ahern…
Notre héroïne, Holly, est mariée avec l’homme de sa vie, Gerry. Ils sont scandaleusement heureux. Pas un peu, pas beaucoup, à la folie HEU-REUX ! Genre le couple d’amis que vous détestez tant ils sont beaux ensembles, drôles, talentueux, et en plus ils osent être sympathiques, bref, le cliché de carte postale pour vous vanter les mérites du mariage.
Mais voilà, Gerry tombe malade, et, en quelques mois, est emporté par la maladie.
Comment ça, un livre où le héros meurt, mais qu’est-ce que c’est que cette arnaque ??! Eh bien en fait, PS, I love you est certes une romance, mais une romance sans héros véritablement déterminé, une romance centrée autour de Holly et de l’amour en général. Ce que l’on appelle communément un roman féminin.
Holly est désespérée, personne autour d’elle ne parvient plus vraiment à l’atteindre, car son meilleur ami, le seul qui aurait pu la sortir de là, est mort. Pourtant, c’est bien Gerry qui va aider Holly à s’en sortir, la ramener à la vie. Et pour cela, elle va recevoir, dans les mois qui suivent l’enterrement, 10 lettres, écrites par Gerry, pour la soutenir, la guider et l’aider à se reconstruire. Ces lettres sont pleines de messages, de défis que Gerry lui lance, de choses qu’il lui demande de faire, et qui l’envoient à l’aventure. Pas des aventures très exotiques certes, mais suffisantes pour obliger Holly à sortir de sa carapace et littéralement la ramener à la vie. 
Gerry, sans réellement quitter sa femme, l’amène à comprendre que, s’il n’a pas voulu l’abandonner, la vie continue pourtant, et au fil des lettres, toutes signées d’un PS, I love you, ce sont de véritables leçons de vie qu’il lui transmet. 
En une phrase, PS, I love you, c’est l’histoire de Holly et de comment l’amour de Gerry la ramène à la vie après sa mort. Voilà donc pour le livre…

Quant au film, me direz-vous ? Eh bien le film est légèrement différent du livre : quelques détails techniques, Holly est américaine et vit à New York avec Gerry (qui lui est bien irlandais), au lieu d’être irlandaise et de vivre en Irlande… Dans le livre, elle vient d’une famille nombreuse, dans le film elle n’a qu’une sœur. Le voyage dans le livre ne se déroule également pas au même endroit… Des détails donc, qui changent légèrement l’ambiance du roman mais restent assez fidèles à la trame de l’histoire.

A un détail (beaucoup moins anodin) près, William… C’est un bel irlandais que Holly rencontre dans le film, et c’est, selon moi un élément romantique qui ne fait pas du tout de tort à l’histoire ! Le film devient ainsi une véritable romance dans toute sa splendeur, et je n’en dirais pas plus… 
En résumé, je vous recommande de lire PS, I love you, pour son histoire emprunte de délicatesse et de sensibilité, pour le personnage de Holly, forte et pleine de caractère, toute en nuances. Et je vous recommande également de voir le film, qui raconte une histoire d’amour charmante, avec une musique charmante, des paysages irlandais charmants et un héros non moins charmant ! (ce qui fait beaucoup de charmant, avouez que cela vous fait envie!)

C’est tout pour aujourd’hui (je suis très fière, presque pas de parenthèses),

Bonne lecture/bon film,
Chi-Chi

Excursion chez les classiques

Allons, cela fait longtemps que je ne vous ai pas ennuyé avec un de ces livres qui ont marqué mon adolescence.

Chez moi, la littérature est érigée à un rang quasi-religieux, et nous étions priés de ne pas négliger les classiques. A la même époque où je découvrais Le Mouron Rouge, tandis que mon père essayait (sans succès) de me vanter les mérites de Balzac avec Eugénie Grandet et de Madame de La Fayette avec La Princesse de Clèves, ma mère faisait preuve de plus de psychologie en me mettant Georges Sand entre les mains.

Amantine Aurore Lucile Dupin, Baronne Dudevant, aussi appelée « La Dame de Nohant », est l’une des grandes figures de la littérature française du 19ème siècle. Et parmi ses œuvres, trois se trouvaient dans la bibliothèque familiale : La Mare au Diable, La Petite Fadette et François le Champi. Portés par une plume remarquable, ces livres de Georges Sand m’ont tenue occupé au moins une semaine en vacances… Ils sont fidèles au courant romantique de l’époque, on y retrouve les éléments clés de la nature, une pointe de surnaturel qui anime l’histoire, et bien sur, des personnages nobles, malgré leur statut social.

Si je n’ai pas beaucoup de souvenirs de François le Champi, j’ai une pensée émue pour La Mare au Diable, où un veuf et une jeune fille s’éprennent l’un de l’autre. Mais aujourd’hui, c’est de La Petite Fadette que je veux vous parler, tout simplement car j’ai volé l’exemplaire familial pour l’avoir sur la main dans mon château!

Ce livre a contribué à éveiller ma fibre romantique et mon amour pour les héroïnes fortes qui surmontent les difficultés qu’elles rencontrent et prennent leur vie en main. Fadette est certainement l’un des plus beaux personnages de littérature que j’ai eu l’occasion de rencontrer, complexe, très fine psychologiquement et résolument sûre d’elle.

Françoise Fadet, dite La Fadette, la Petite Fadette, le Grelet ou encore Fanchon. Vous voyez que ce ne sont pas les surnoms qui lui manquent!

Fadette qui est presque encore une enfant, à peine une adolescente, toujours mal fagotée, trop maigre, la peau trop sombre, et que toute la région pense sorcière à cause de ses manières un peu étranges et à cause du caractère plus étrange encore de sa grand-mère, la guérisseuse locale.

Fadette qui, en dépit des apparences, souffre d’être ainsi considérée mais qui, par fierté, n’en montre jamais rien et cultive, avec un peu de perversité, sa réputation.

Le soir où Fadette rencontre Landry, l’un des fils de la famille Barbeau, notre histoire peut commencer. Les Barbeau sont des fermiers plutôt aisés de la région, et ces deux là se connaissent sans vraiment se connaître. Mais ce soir-là, Landry est à la recherche de son frère jumeau, Sylvain, qui a disparu, et Fadette ne peut s’empêcher de le narguer, lui disant qu’elle, elle sait où se cache Sylvain.

Souvenez-vous de ce que je vous ai dit sur la perversité avec laquelle Fadette entretien sa réputation. Ce n’est pas une décision arbitraire qu’elle prend, mais une revanche envers ceux qui la méprisent sans la connaître. Et Landry est de ceux-là. Aussi, elle n’accepte de l’aider qu’à la condition qu’il lui promette de lui donner ce qu’elle veut, le moment venu.

Trop inquiet pour son frère, Landry accepte ce marché, tout en espérant secrètement que Fadette oubliera cette promesse et qu’il ne sera pas obligé de la tenir. Ce qui ne sera bien évidemment pas le cas, mais je n’en dirais pas plus, pour vous laisser le plaisir de découvrir vous-même cette histoire magnifique, et les évènements qui vont marquer l’évolution de la relation qui se noue entre Landry et Fadette…

Bien sur, puisque je parle de ce livre ici, vous pouvez vous douter qu’il y aura une histoire d’amour, quelque part en cours de route. Mais avant d’en arriver là, nos héros apprendront à se connaître, et le chemin qui va les mener l’un vers l’autre ne sera pas simple!

Georges Sand nous parle bien sûr de la vie dans les campagnes françaises au 19ème siècle, du poids des convenances sur la vie de chacun, de la différence sociale, mais aussi de la dignité humaine, de l’importance de toujours rester honnête envers soi-même, tout cela avec des personnages et dans un contexte que la bonne société de l’époque considérait comme frustre et sans intérêt.

A ceux qui reprochent à la romance de ne jamais présenter que des personnages aisés ou qui le deviendraient par magie au cours de l’histoire, vivant dans un monde enchanté et idéalisé, ce livre est une réponse que je leur fait…
Bien au-delà d’une histoire d’amour, La Petite Fadette est une fresque sociale magistralement menée par une auteur de grand talent, et c’est un livre que je recommande à tous, amateurs de romance ou pas!
Bonne lecture,
Chi-Chi

PS : Petite faveur pour Tam-Tam, Pirouette, et tous les autres fans qui passent par là, le lien audiobook!

PSS : J’ai entendu dire qu’il y avait un film, mais je ne sais pas du tout ce qu’il vaut. Quelqu’un a un conseil à partager avec moi?

Le Théorème de Cupidon…

… ou comment le Salon du livre est mauvais pour le budget lecture.

Le weekend dernier, j’ai fait ma valise, empilé tous les livres de Chi-Chi qui traînassaient dans ma bibliothèque, donné un dernier baiser à mon prince pas si charmant et j’ai quitté mon royaume le temps d’un weekend pour rejoindre les lumières de la ville et arpenter les couloirs du Salon du livre.

Mon programme du samedi organisé à la demie-heure près, j’avais listé mes dédicaces, les conférences auxquelles je voulais assister et les auteurs que je voulais apercevoir.

Et puis, des circonstances exceptionnelles m’ont obligé à changer mon jour de visite…
Me voilà donc le dimanche, avec dans mon programme 4 heures de libres (puisqu’au final, les conférences du dimanche me faisaient moins envie). 4 longues heures à déambuler dans les allées du Salon. 4 heures interminables avec tous pleins de beaux livres à portée de main (et de portefeuille).

Ma volonté a tenu 2h.

Elle a craqué lorsque je suis arrivée sur le stand Calmann-Levy où j’ai rencontré Agnès Abécassis et son éditrice.
L’auteure dédicaçait son dernier ouvrage « Le théorème de Cupidon ». Et la quatrième de couverture combinée à la gentillesse du duo a eu raison de mes derniers doutes.
Sitôt acheté, j’ai trouvé un coin tranquille dans la grande halle du Salon et me suis installée contre un pilier avec un café pour commencer ma lecture.

Si ce n’était pour les deux dernières dédicaces qui m’attendaient, j’aurais sans doute fini le livre dans l’après-midi. Mais ce n’était que partie remise car depuis, j’ai eu tout le temps nécessaire pour finir l’histoire d’Adelaïde et de Philéas.

L’histoire se passe à Paris. Je n’ai aucun mal à imaginer Adelaïde passant son badge Navigo sur la borne pour attraper son métro. J’imagine Philéas sur un scooter naviguant entre les voitures à l’heure de pointe ou passant au Franprix le soir pour acheter de quoi manger. J’imagine Adélaide et ses filles au marché le dimanche matin à Bastille… Légère et agréable à lire, j’ai aimé cette histoire où pour une fois toutes les références me sont familières.

Mais pourquoi le Théorème de Cupidon ? La définition de l’auteure: deux lignes parallèles ne se croisent jamais. Sauf si elles sont faites l’une pour l’autre. 

Soit. Mais en pratique, cela donne quoi ?

Cela donne une histoire où les héros semblent se rater en permanence, où la tension monte, et où l’on attend avec impatience LE moment où enfin ils vont se rendre compte qu’ils sont faits l’un pour l’autre. Parce que nous, lecteurs, au fur et à mesure des chapitres, nous en avons la certitude. Adélaïde et Philéas sont les fameuses lignes droites dont l’auteur parle !

Si vous ne connaissez pas cette auteure, je vous invite à vous procurer un de ces livres. Vous aimerez son humour et ses dialogues acérés. Et enfin un livre où l’on peut crier « Cocorico ! »

Mais, car il faut toujours un « mais », si je n’ai qu’un regret à déplorer (pour l’intérêt de l’argument, quelques révélations sur le livre vont suivre)… 

J’aurais aimé que l’histoire aille plus loin. J’ai l’impression d’être restée sur ma faim. 

Que se passe-t-il après LA fameuse rencontre ! Une histoire d’amour ne peut se résumer à la rencontre entre deux individus, qu’ils soient faits l’un pour l’autre ou non…

J’ai donc refermé ce livre quelque peu frustrée. Ce qui était sans doute l’intention de l’auteure. Mais je grogne, je grogne… et me demande ce que font Philéas et Adélaïde en ce moment même…

Bonne lecture,
Tam-Tam 


Edit : Suite à une erreur de mon système d’exploitation cérébral, j’ai un temps appelé Philéas, Philémon… Toutes mes excuses pour cette erreur…

Le réseau Corneille

Les histoires policières, d’espionnage, de suspense, de crimes en tout genre ne sont pas la tasse de thé de Chi-Chi qui le reconnaît fort volontiers.
De mon côté, sans être une fan invétérée au courant de toutes les dernières sorties, c’est un genre que j’aime revisiter de temps à autre. 
J’ai mes auteurs fétiches. J’ai mes sous-genres fétiches et Ken Follet pourrait être une sous-catégorie à lui tout seul. 
Ces derniers temps, je suis un peu en retard sur la lecture de ses 2 derniers écrits qui attendent patiemment sur mes étagères, mais je dois avoir dans mes rayons l’intégrale de ses écrits.

J’aime son travail. En VO et en VF. J’aime la manière dont il mène une histoire. J’aime comme il se sert de plusieurs fils rouges pour nous mener à sa conclusion. J’aime les zones grises si chères à cet auteur. Il y a les gentils, les méchants et les « à définir ». Et j’aime cette épreuve que va représenter le livre pour les héros.

Un héros chez Ken Follet va toujours un peu souffrir. Mais c’est pour son bien. C’est un peu comme la désinfection d’une blessure qui brûlerait le temps de l’application de l’alcool. Une fois les microbes éradiqués, quand la douleur palpitante disparaît peu à peu, on a la certitude que notre corps va nous remercier et repartir plus sain, avec une petite cicatrice en prime.

L’histoire chez Ken Follet est aussi un paramètre très important et je sais de source sûre que l’homme fait ses devoirs de recherches avec application. Et son livre s’en ressent. Dans ses livres, vous ne trouverez pas Le Havre sur la Méditerranée, et les français ne seront pas des êtres maniérés qui portent des foulards et des bérets pour aller chercher leur baguette en passant par le bistrot du coin…

Comment je le sais ? Parce que l’action du Réseau Corneille se passe dans l’Europe de la seconde guerre mondiale, de part et d’autre de la Manche. Et qu’en termes d’analyse du comportement anglais et français, mon ami Ken tape dans le mile !

Naviguant entre le nord de la France et le sud des Etats-Unis, ce livre est mené tambour battant et vous tient en haleine jusqu’à la dernière page.
Betty Clairet est Major au MI6, chargée de mission de sabotage sur le territoire français. A la veille du débarquement allié, Betty va devoir former une équipe pour une mission particulièrement périlleuse, la destruction d’un centre de télécommunications allemand. Le réseau Corneille, une sorte d’agence tout risque à la mode WWII (World War 2) est composée exclusivement de femmes, histoire de surprendre l’ennemi…
Pour faire face à cette héroïne au charisme impressionnant, il nous fallait un Némésis à sa hauteur. Et Dieter, allemand Nazi au charme machiavélique remplit toutes les conditions requises pour le rôle :
– Sans aimer la violence pour la violence, il voit en elle une façon d’obtenir des informations, et s’embarrasse peu des scrupules moraux qui pourraient en animer d’autres.
– Alors que d’autres auraient sous-estimé une femme, il sait que Betty est une menace pour le Reich, et voit en son arrestation le moyen prouver sa supériorité intellectuelle.
On aime le détester.
On aimera aussi Paul, américain intriguant chargé de prêter main forte au Major… et plus si affinités… Ahhhh… Paul…
L’arrogance américaine, le charme viril de l’homme, l’honneur et l’héroïsme du militaire allié. Betty a bien de la chance. Mais avant d’avoir de la chance, Betty va un peu souffrir. Paul aussi d’ailleurs. Mais tout deux vont en sortir grandis.
Et moi, alors que je referme le livre, j’en ressors le souffle court d’avoir eu peur pour eux, émue par leur douleur, et amoureuse une nouvelle fois du travail de leur auteur.
Bonne lecture,
Tam-Tam

Le souffle de l’Orient


Ami lecteur(trice), hier soir, j’ai vécu un drame dramatique (oui, il existe des drames pas dramatiques – vous ne saurez pas de quoi il s’agit, celui d’hier était bel et bien dramatique). Sur l’échelle des drames dramatiques, je pense qu’il était tout en haut, en compagnie d’une rupture de stock de mes cookies préférés au Monoprix un soir de révisions. C’est dire si la situation était grave!
Je disais donc, hier soir. Pas de révisions, l’absence de cookies était gérable, mais j’étais fermement décidée à vous écrire un petit post sur un de mes livres préférés. J’ai donc commencé à retourner ma bibliothèque pour mettre la main dessus (dans ces moments-là, je me dis qu’il faudrait vraiment que je me résigne à CLASSER mes livres au lieu de les entasser au petit bonheur la chance). Et là, drame. Dramatique. Impossible de retrouver mon livre chéri. Je vérifie. Je recommence. Deux fois. Rien à faire, mon exemplaire de Vent d’est, vent d’ouest a disparu.
Et que fait une personne normalement constituée dans un cas pareil? Elle attend, elle réfléchit, se demande si elle ne l’aurait pas prêté. Dans mon cas, vérifie si elle ne l’a pas laissée chez ses parents, qui ont encore en otage quelques dizaines de livres lui appartenant.

Eh bien pas moi. Étant hautement intelligente, je me suis précipitée sur internet pour commander en urgence mon livre chéri. Logique. Surtout que je suis en train de rédiger ce post de mémoire! Ce n’est donc pas comme si j’allais m’en servir immédiatement. Mais le simple fait de savoir que je ne l’avais pas a déclenché chez moi un réflexe primaire, une nécessité de le tenir entre mes mains et de le relire, une fois de plus!

L’histoire se passe en Chine, en 1930. Pearl Buck, l’auteur, est une américaine contemporaine de l’époque, qui connaît bien son sujet pour avoir vécu en Chine plusieurs années. C’est de la vieille Chine, celle d’avant la Révolution culturelle, dont il est question ici, et de son affrontement avec l’Occident qui commençait alors à atteindre le pays.

Kwein-Lan est une jeune fille élevée dans la plus pure tradition chinoise. Son mariage a été arrangé, avec un homme de très bonne famille qu’elle n’a jamais rencontré, un chinois éduqué qui a étudié la médecine aux Etats-Unis et n’en est revenu que pour le mariage. Le soir de leurs noces, il lui annonce qu’il ne souhaite pas vivre selon la tradition, à commencer par le fait d’habiter avec ses parents dans la maison ancestrale. Nos jeunes mariés emménagent donc dans une maison de type occidental, idée révolutionnaire pour l’époque. Kwein-Lan est troublée par l’attitude de son mari, elle qui a été élevée pour demeurer soumise à un homme, alors que lui souhaite la traiter en égale. Elle a été si bien élevée qu’elle ne dit jamais rien de ses opinions, de sa perplexité face aux idées étranges de son époux, de cette maison qu’elle trouve laide. Entre eux, le courant ne passe pas du tout. Plus elle tente de plaire à son mari en étant une bonne épouse selon les préceptes que l’on lui a enseigné, plus il est distant. Car Kwein-Lan ne peut se résoudre à remettre en cause le bien-fondé de tout ce que l’on lui a appris. A commencer par ce qui concerne ses pieds.

En effet, notre jeune mariée a les pieds bandés. Pour rappel, dans la vieille tradition chinoise, les femmes issues de familles riches avaient les pieds bandés depuis leur plus tendre enfance, pour les empêcher de grandir. En dehors du fait que les petits pieds étaient considérés comme un canon de beauté, cette coutume était extrêmement douloureuse et elle symbolisait la richesse et la puissance de la famille : une femme aux pieds bandés ayant du mal à marcher, cela signifiait que la famille pouvait se permettre d’entretenir ses femmes sans qu’elles aient à travailler. Seules les paysannes avaient donc des pieds normaux, considérés par tous, à commencer par notre jeune mariée, comme laids.

Quand son mari lui demande d’arrêter de se bander les pieds, Kwein-Lan résiste violemment. Elle y voit un déni de tout ce qu’elle est, tout ce qu’elle représente. Son mari y voit un signe de barbarie, un refus d’entrer dans la modernité.  C’est le jour où elle cède enfin que les choses changeront entre eux. A compter de ce moment, leur relation va s’épanouir, et nos époux vont se découvrir, enfin communiquer et se comprendre. Nous suivrons dès lors l’évolution non seulement de leur mariage, mais aussi du monde qui les entourent.

C’est une histoire très touchante, toute en nuances et délicatesse, avec des personnages vraiment atypiques, pris entre deux mondes, deux civilisations. L’auteur sait à merveille nous décrire un pays en suspens, à l’aube du changement. Si Vent d’est, vent d’ouest est incontestablement le chef-d’œuvre de Pearl Buck, sur le même thème, je vous recommande également les livres Fils de Dragon et Pavillon de femmes, deux autres histoires magnifiques et poignantes…

N’hésitez pas!

Bonne lecture, 

Chi-Chi

Escapade au Siam

Le soleil brille ce weekend.
C’est un soleil d’hiver, lorsqu’il caresse mon visage avec délicatesse, je ne crains pas la morsure douloureuse de ses rayons, mais me languis de sa chaleur. Le retour du soleil me donne toujours des envies de vacances.
C’est un peu comme si j’aspirais à retrouver la langueur des jours d’août où il fait si chaud que l’on commence à vivre à la tombée de la nuit. Le soleil me donne envie de partir. 
Loin.
Mais nous sommes en mars, et si on n’est pas sensé se découvrir d’un fil en avril, imaginez le mois qui précède ! Du coup, c’est décidé, aujourd’hui, je vous emmène à l’autre bout du monde, où il fait surement beau et chaud !
Je vous emmène en Thaïlande, ou plutôt au Siam. Car c’était ainsi que ce magnifique pays était appelé à la fin du 19ème siècle, au moment où s’ouvre La princesse de Siam d’Alexandra Jones.
Et guise de fil rouge, nous allons suivre le récit de la vie d’Elly Hjelm, ressortissante danoise et de Phra Tod Bankhon, aristocrate siamois.

Après une enfance au Siam, Elly est renvoyé au Danemark, chez son oncle et sa tante, afin de parfaire son éducation et devenir une jeune fille comme il faut. Mais Elly est malheureuse loin de ce pays exotique qui l’a vue naitre et n’a qu’un but, y retourner en qualité de médecin (fin 19ème, super easy comme projet de vie!). Pendant ce temps, au Siam, Tod continue lui aussi son chemin d’apprentissage de la vie auprès de son mentor, Phra Preecha, puis donne dans le commerce de jade (trafic serait sans doute un mot plus convenable, mais j’ai des égards pour la noblesse du héros)… Chacun de leur côté, les épreuves s’enchainent pour nos deux héros jusqu’au moment où enfin, les voilà tout deux réunis géographiquement.

Au delà de la simple histoire entre ces deux caractères bien trempés, on voit se profiler des changements dans ce pays aux règles si étrangères des nôtres. La fin du 19ème siècle et le début du 20ème riment pour les européens avec les grands empires coloniaux et l’arrivée de la première guerre mondiale. A l’autre bout du monde, la vie n’est pas moins compliquée et les passions se déchainent (il faut dire qu’entre une danoise et un baron du Siam, la simplicité n’a pas vraiment sa place).

Elly et Tod sont loin d’être parfaits. Leur couple…comment dire… Les couples mixtes sont bien trop souvent idéalisés comme une chose fabuleusement exotique, un pont entre deux cultures, le meilleur des deux mondes. Mais dans la vraie vie, celle où les petits poneys n’ont pas de place dans l’écurie, l’alliance entre deux cultures rime bien souvent avec clash et compromis. Et c’est exactement ce qu’est leur couple, une rencontre passionnée et douloureuse entre deux cultures. C’est  finalement dans le réalisme et les difficultés qu’ils traversent que j’ai apprécié ce voyage en ces terres complètement étrangères pour moi.

La princesse de Siam a su me charmer de ses paysages, de ses noms exotiques, de ses personnages tellement étranges et par dessus tout de ces instants chargés d’histoire auxquels j’avais l’impression de participer.

Si comme moi vous avez envie de vacances, suivez-moi dans cette parenthèse historique et vivez vous aussi le temps d’un livre, au rythme de la mousson.

Bonne lecture
Tam-Tam

De l’eau pour les éléphants

Il y a un an, une amie très chère me tendait « De l’eau pour les éléphants » en me disant « Lis-le, l’histoire est magnifique ».
Je suis d’un naturel sceptique, un jour, on m’a tendu Twilight et on m’a dit sensiblement la même chose. Mais malgré toute l’affection que je porte à Chi-Chi, cette dernière n’est pas la seule à avoir très bon gout en matière littéraire. 
J’ai donc pris le livre. J’ai retourné le livre. J’ai lu le résumé du livre. Et j’ai pâli. Intérieurement. Le thème central de l’histoire était le cirque. 
Je n’aime pas le cirque. Je n’aime pas les acrobaties où les articulations ont l’air d’être faites de guimauve. Je n’aime pas les trapézistes qui virevoltent à 15 mètres  au dessus du sol et les lanceurs de couteaux qui risquent à tout moment de séparer un membre du reste du corps de leur assistance. Je n’aime pas les paillettes (n’est ce pas, dear ?). Et je n’aime pas les clowns !

J’ai découvert le cirque avec Dumbo. Et ce Disney n’a rien de tendre : entre la cruauté de Monsieur Loyal envers ce pauvre petit éléphant et sa maman, et l’indifférence des autres animaux, mon cœur d’enfant a encore mal pour Dumbo. Comment oublier la séquence où l’éléphanteau, complètement ivre, nous fait partager ses hallucinations musicales qui ont peuplé mes cauchemars d’enfants pendant de nombreuses années (pour les courageux).

En plus, un clown, c’est super creepy. Ce faciès figé dans le maquillage, merci, mais non merci! Autant vous dire que je n’ai jamais lu les romans « Ça » de Stefen King, je n’en ai jamais eu besoin pour frissonner dans mes socquettes!

Mais j’ai confiance en mon amie. J’ai refoulé mon trauma d’enfant et je me suis lancée dans la lecture du roman de Sara Gruen.

Cela aurait pu virer à la catastrophe. Je me voyais déjà appeler Chi-Chi en catastrophe parce que je n’arrivais pas à dormir, que j’avais peur du noir et que des éléphants roses voulaient me piquer mes BN…

Dès les premières lignes de ce livre, un miracle a eu lieu. C’est bien simple, lorsque j’ai fini le livre, le soir même, j’avais les larmes aux yeux, des envies d’éléphant de compagnie qui me tiendrait chaud le soir…

L’histoire est bien écrite, intéressante et émouvante.
Jacob Jankowski est étudiant à l’école vétérinaire lorsqu’il perd ses parents dans un accident. Sans doute un peu perdu et sans doute un peu poussé par le désespoir, il saute dans le premier train qui passe. C’est celui du Cirque des frères Benzini. A bord du train, on n’accepte pas les passagers clandestins. S’il ne veut pas être jeté par dessus-bord, il va lui falloir gagner le droit de rester.

On découvre alors l’envers du décor. Car au-delà des paillettes et des projecteurs, la vie dans un cirque est dure. Il y a les stars qui occupent le centre de la piste, et les travailleurs de l’ombre. Mal nourris, maltraités, sous-payés, la Grande dépression n’a pas arrangé leur quotidien. Et par-delà les applaudissements de la foule, c’est un monde cruel qui s’articule autour d’un concept simple : tu travailles ou tu meurs.

(Disney 1 – mes illusions 0)

Malgré les difficultés, c’est dans cette dureté que Jakob va découvrir la valeur de sa vie, et s’y accrocher. De cette vie d’errance, il va faire un voyage initiatique, il découvrira les valeurs de l’amitié, du courage et de l’amour.

Au-delà d’une histoire captivante, ce roman est remarquablement écrit. Pendant tout le trajet que le train du cirque suit, j’ai senti la tension monter. J’ai appris à connaître les personnages imaginés par l’auteur. Du triangle amoureux au dressage des éléphants, cette histoire regorge de surprises. J’ai découvert l’Amérique de la Grande dépression et j’ai été déçue de voir le mot « fin » apparaitre.

Après réflexion, Dumbo mérite peut-être une seconde chance…

Bonne lecture,
Tam-Tam

PS : J’ai appris dernièrement que cette histoire avait été adaptée en film. La sortie de ce dernier est pour bientôt. J’hésite… D’autant que le rôle-titre est tenu par Robert Pattinson…

Qu’en pensez vous ?

Les mathématiques, c’est romantique

Lorsque l’on parle de sentiments, le postulat général veut que la logique reste à la porte. Le cœur a ses raisons, bla  bla bla… Blaise Pascal n’était peut être pas fleur bleue, mais l’idée était là. J’ai eu une version personnelle et adaptée de cet adage : Je suis pragmatique, l’amour ce n’est pas pour moi. Comme si le fait d’être logique et raisonnée allait en contradiction avec le sentiment amoureux.
Mais on parle de tomber amoureux, et s’il y a bien quelque chose que nous ne prévoyons pas dans notre vie, c’est la chute. L’amour représente alors un sentiment que l’on ne peut expliquer, qui n’obéit à aucun raisonnement et qui reste incompréhensible au plus brillant des intellects. L’amour serait pour les esprits lâchant prise, se laissant aller aux sentiments en oubliant leur raison.
Et puis un jour, au fil des lectures, j’ai réalisé que l’on y cherchait des explications à l’amour qui nait entre les hommes. Il y aura toujours quelqu’un pour expliquer la relation entre x et y, pour donner une raison à leur attraction : les hormones, la survie de l’espèce, l’attirance naturelle de l’homme, la sensualité féline de la femme…
On a tous entendu les théories fumeuses de l’attraction : Qui se ressemble s’assemble, les opposés s’attirent, ils ont les mêmes objectifs de vie…
Nous prétendons que l’amour n’est pas logique, mais nous passons notre vie à essayer de l’expliquer, avec plus ou moins de réussite.
Patrick Cauvin pousse la théorie plus loin. Dans « e=mc2,  mon amour » et « Pythagore, je t’adore », il nous dévoile l’histoire de Daniel et Lauren.
Daniel est français, habite en banlieue parisienne, connaît le dictionnaire du cinéma par cœur et pourrait sans doute monter un réacteur nucléaire avec un bout de ficelle et un chewing-gum usagé.
Lauren est américaine, parle en alexandrins et peut vous expliquer tout Kant et Nietzche depuis l’âge de 3 ans.
Avec un cerveau pareil, difficile de se sentir à sa place dans la société. Plus vraiment un enfant, pas encore un adulte, mais définitivement très solitaire. Les vies de nos héros vont entrer en collision le jour de leur rencontre, chacun trouve en l’autre une âme sœur. Ils se ressemblent, et pourtant tout les oppose : il est un peu voyou, un peu branleur, elle est un peu coincée, un peu hautaine, mais l’auteur saura les réunir.
Le charme de ces deux romans est d’avoir rendu possible ce qui dans mon esprit était impossible. Ces deux prodiges sont d’une logique implacable, les rouages de leur cerveau leur font envisager des possibilités qui nous dépassent, nous, simples mortels, et pourtant, ils « lâchent prise » et « tombent » amoureux.
On peut donc être pragmatique ET amoureux ? Une révolution s’opère dans mon esprit…
Nous aurons deux livres pour découvrir leurs aventures. Ils vont grandir et passer de l’enfance à l’adolescence, tenter de s’émanciper. Ils vont nous émouvoir avec leurs problèmes d’adultes et leur énergie d’enfants. Comme ils ont pu me faire rire avec leurs plans invraisemblablement brillants qui m’ont fait envisager un instant que la conquête du monde était possible, ils réussiront même à réconcilier les plus allergiques aux mathématiques !
Après lecture de ces deux opus, mon envie oscille entre faire une équation du troisième degré, déterminer l’intégrale de la fonction f(x), ou aller me pelotonner devant un film de Franck Capra dans lequel Cary Grant déploierait tout son charme.
Bonne lecture,
Tam-Tam

Les Piliers de ma bibliothèque

 
Il était une fois une princesse lycéenne, à qui son parrain (qui n’était pas magicien, non…) envoyait des livres (en voilà un qui avait tout compris !).
 
Amazon en était à ses balbutiements, et internet n’était pas encore présent au château. Mais déjà, je goutais les délices de la réception du colis littéraire, et je me souviens encore du premier colis que j’ai réceptionné.
En ce matin d’automne, le facteur avait délivré un Colissimo à mon intention. Quelques livres venus de loin pour marquer le passage d’une nouvelle année – traduction, c’était mon anniversaire, oui, même les princesses en ont un !
 
J’ai découvert dans l’intimité de ma chambre au lit simple les livres qui allaient rythmer mes soirées pendant les prochaines semaines. Et après une étude attentive des 4èmes de couverture, j’ai jeté mon dévolu sur le livre de Ken Follet, « Les piliers de la terre ». 
 
Et puis… j’ai lu le prologue… qui ouvre sur une pendaison… et une malédiction faite au sang de poulet…
J’étais jeune et impressionnable à l’époque, et les 1060 pages que représente l’ouvrage m’ont tout à coup fait peur. Je l’ai donc reposé. 3 semaines plus tard, j’avais épuisé ma PAL. Nous étions dimanche soir, il pleuvait, ma sœur (3 ans à l’époque) avait décrété qu’elle voulait regarder Pingu pour la millionième fois consécutive, et mes devoirs étaient bouclés…
Je me suis donc résolue à retenter les Piliers… Sans relire le prologue (vous connaissez l’histoire, le vieux singe, les grimaces…).
Bilan, j’ai dormi 3 heures. Mais seulement parce que le lendemain, j’avais dissertation d’allemand en première heure et que je voulais quand même pouvoir écrire droit…
 
Ce livre, je l’ai relu de nombreuse fois depuis. La tranche est usée par le temps, certaines  pages témoignent des gouters, petits-déjeuners et autres repas que j’ai pris le nez plongé dans cette histoire.
En un mot comme en cent, ce livre, je l’aime d’amour !
 
Et en ce week-end pluvieux/neigeux où la fièvre a gagné mon organisme, où ma voix s’est faite chevrotante et où mes yeux ont cet éclat fiévreux que l’on attribue aux grands malades et au Chat Potté, quoi de mieux que le retour aux vieilles valeurs pour le post du lundi?
 
Ce livre est une tranche d’histoire. C’est l’histoire d’une cathédrale à l’aube de l’ère gothique flamboyante, alors que l’Angleterre subissait une guerre d’accession au trône et que le Pape déclarait la Deuxième croisade. 
C’est l’histoire d’une cathédrale et de la vie aux alentours. Car une cathédrale n’est pas seulement une œuvre à la gloire de Dieu, c’est un instrument de pouvoir. Qui dit cathédrale, dit pèlerins, commerces, travail, taxes, renommée, influence… C’est une œuvre d’art, c’est un monument à l’épreuve du temps et une marque que l’homme laisse, sinon pour l’éternité, du moins pour quelque chose s’en approchant.
 
Cette cathédrale est le poumon de ce livre, et les bâtisseurs qui lui permettront de s’élever, fière et gracile dans le ciel anglais sont le cœur de l’histoire.
 
Elle semble même être le point d’ancrage des décisions qui font l’Histoire avec un grand « H ». Son existence même est fonction des alliances et mésalliances des divers puissants qui influencent la vie des plus humbles.
Les personnages  du roman deviennent de vieilles connaissances, des amis que l’on connait depuis des lustres. On les appelle par leurs prénoms. Il y a Tom, Ellen, Jack, Martha, Aliena, Richard, Phillip… Et comme tous nos amis, nous leur souhaitons le meilleur, tremblons nous aussi de peur devant les épreuves que ces derniers affrontent. On vibre à la découverte de certaines scènes. On s’offusque devant l’injustice du monde médiéval, on s’émerveille à la naissance des sentiments de certains. Jack et Aliena, ou l’histoire d’amour la plus méritante qu’il m’ait été donné de lire. Car le sort en a contre eux, des obstacles en veux-tu en voilà! Aliena est fille de comte, Jack est fils de hors-la-loi. Et cela, mes amis, n’est que le début des ennuis…
 
Car rien n’est acquis d’avance. Et le chemin sera long pour Jack, Aliena, Phillip et tous les autres, pour qu’enfin cette cathédrale tant rêvée voit le jour. Elle emmènera Jack aux confins de l’Andalousie, elle poussera Aliena à braver le regard des autres pour vivre la promesse faite à son père tout en restant fidèle à son cœur. Elle demandera à Phillip une ferveur et une foi sans faille pour la construction aboutisse. 
Elle demandera à tous des sacrifices, même à nous, lecteurs, qui souffrirons  (en silence?) à la lectures des difficultés qui viendront croiser le chemins de nos amis…
Mais ne vaut-elle pas au centuple ces sacrifices ?
 
En refermant ce livre, j’ai toujours l’impression d’avoir été le témoin d’un miracle.  Le miracle de la volonté des hommes face à l’adversité. Le miracle de la volonté des hommes de réaliser leurs rêves. Le miracle de la volonté des hommes s’unissant autour d’une cause qu’ils estiment être juste, belle et supérieure à eux.
A chaque lecture, je me rappelle qu’au bout du compte, les bâtisseurs, les commanditaires, et tous les acteurs de la construction s’effacent devant la majesté de l’œuvre – et il n’est nul besoin d’être croyant pour apprécier la beauté de Notre-Dame, n’est-ce pas ?
 
Ce livre me rappelle que l’Histoire est faite de miracles. Sinon, comment expliquer que la date de la bataille de Marignan soit si facile à retenir ?
 
Laissez vous tenter par cette histoire, et racontez-moi combien le chemin, bien que dur, a été merveilleux !



Tam-Tam
 

Une histoire de patates

Une fois n’est pas coutume, je vais parler d’un succès populaire récent : Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates (The Guernesey litterary and potatoe peel pie society) de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows. Voilà un livre qui a énormément fait parler de lui quand il est sorti, et que j’ai lu très vite. Il m’aura seulement fallu du temps pour savoir comment vous en parler le mieux possible.

Tout commence en 1946, quand Juliet, écrivaine en panne d’inspiration, reçoit une lettre de Guernesey. Sur cette petite île anglo-normande se trouve un club de lecture, que ses membres ont baptisé « le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates ». Durant l’Occupation, quelques habitants de l’île avaient prévu un soir de braver le couvre-feu pour partager un cochon grillé du marché noir et une tourte aux épluchures de patates. Sur le point d’être découverts par une patrouille allemande, ils prétendent alors s’être réunis pour discuter d’un livre. Et une fois le mensonge énoncé, il faut bien continuer à donner le change. C’est ainsi que, semaines après semaines, ces habitants qui n’avaient pas forcément grand chose en commun se sont réunis pour discuter littérature. Et c’est cette anecdote que l’un d’entre eux raconte, dans une première lettre envoyée à Juliet qui, intriguée, s’empresse de répondre, et d’établir une correspondance avec ces gens. De lettre en lettre, chacun des membres du club lui dévoilera un pan de l’histoire.

Cette histoire, c’est la leur, bien sur, leur vie quotidienne, les duretés de l’occupation dans une île coupée de tout, délaissée par l’Angleterre. Mais c’est aussi l’histoire d’Élisabeth, personnage fédérateur, disparue pendant la guerre. Cela devient enfin l’histoire de Juliet, qui, ayant trouvé le sujet de son prochain livre, quitte Londres pour Guernesey.

Ce qui m’a le plus marquée dans ce livre, c’est l’opportunité d’avoir une fenêtre ouverte sur une facette méconnue de la Seconde guerre mondiale. J’aime les histoires, j’aime aussi l’Histoire. Mais il est rare que je rencontre des livres qui réussissent à me parler des deux sans que ce soit au détriment de l’un.

Ici, il s’agit de notre historie récente. Nous connaissons tous des gens qui l’ont vécue. Certains en parlent, d’autres pas. Le plus souvent, on n’en parle pas. Ce que l’on sait de la guerre, c’est ce que l’on en a appris à l’école, ce que les médias nous communiquent. Une suite de batailles et de conflits politiques, une énumération de dates et de faits marquants. La Shoah. Ne vous méprenez pas, ce sont des choses importantes à connaître. Mais trop souvent, on ne sait rien de tout le reste : le quotidien vécu par des millions de gens, ceux qui sont restés, les femmes, les enfants, les plus âgés.

C’est toute la subtilité de ce livre : m’en apprendre plus sur l’Histoire sans me donner l’impression de lire une leçon. Me parler d’une facette méconnue de cette période. Les protagonistes de ce livre ne sont pas des soldats, des résistants, des collabos. Ce sont des fermiers, des voisins, qui font chacun du mieux qu’ils peuvent.

Écrit avec une plume grave mais légère, drôle et tendre, ce roman épistolaire est pour moi une lecture incontournable, mêlant histoires d’amitié, histoire d’amour et Histoire, dans un style un peu suranné mais tellement charmant…

Si vous avez le choix, n’hésitez par à le lire en anglais, car malgré la qualité de la traduction, un peu de sa saveur se perd en passant au français. Inutile de vous rappeler tout le bien que Tam-Tam et moi-même pensons de la VO en toutes circonstances!

 
Bonne lecture,
Chi-Chi 
 

Mon plus bel héritage


La première chose que je regarde, lorsque je vais chez quelqu’un pour la première fois, c’est la présence de livres. Peu importe le genre de littérature, mais une maison ou un appartement sans livres me semble vide. Froid. Sans vie. Lorsque je regarde une émission de déco à la télé, la question qui me préoccupe toujours le plus est la suivante : mais où mettent-ils leurs livres??! Et pour ceux qui en ont, pourquoi le décorateur s’obstine-t-il à les dissimuler? Il paraît que ce n’est pas harmonieux visuellement, une bibliothèque!

Je suis choquée par cette idée, mais du coup, je me suis demandée… Pourquoi, alors que certaines personnes n’imaginent pas vivre sans des bibliothèques surchargées, d’autres n’ouvrent jamais un livre? De qui tenons-nous notre goût pour la lecture? Qu’est-ce qui a rendu certains plus sensibles que d’autres au pouvoir des mots, de l’imagination? Est-ce prédestiné, génétique? Héréditaire? J’ai tendance à croire que c’est une bonne dose de prédisposition assortie d’un héritage favorable.

C’est ma mère qui m’a appris à lire, avant que je n’aille à l’école. Sans être une grande lectrice elle-même (trop d’enfants, pas le temps), elle avait un sain respect pour les livres. Et bien sur, elle m’a lu des histoires dès mon plus jeune âge.
Mon père, c’est autre chose, c’est un malade de lecture. Mais des choses très sérieuses, qu’il ne partageait pas avec nous. Pensez, il n’y avait même pas d’images dans ses livres, ou alors parfois quelques photos ennuyeuses, du genre un chameau au milieu du désert, ou un portrait de vieux monsieur en noir et blanc… Mais même comme cela, il m’a transmis un rapport bizarre au livre : lors des nombreux déménagements de mon enfance, et malgré le poids et les difficultés que cela pouvait entraîner, nous avions des dizaines de cartons de livres à emmener avec nous à chaque fois. Les livres étaient à la fois le boulet du déménagement, et l’élément familier qui symbolisait notre maison, où que nous soyons. D’aussi loin que je me souvienne, dans tous les lieux où nous avons vécu, il y avait toujours des livres dans toutes les pièces : chambres, bureau, bibliothèque, couloirs, entrée, sous-sol…
Pour l’entourage moins proche, même problème : chez les grands-parents, d’un coté, de l’autre, chez les oncles et tantes où nous allions en vacances… En ce qui me concerne, je crois que c’est un peu tout cela réuni qui m’a contaminée et a fait de moi une lectrice avide. Ce serait donc l’environnement? Oui, mais pas seulement. Les résultats n’ont pas été les mêmes par exemple entre mes frères et moi. Mon grand frère est comme mon père, il lit beaucoup, des choses très sérieuses, l’un de mes petits frères n’aime pas vraiment la lecture.

Et moi, eh bien je lis de la romance, il paraît que cela ne compte pas. Mais je « consomme » tout de même entre 4 et 8 livres par mois!

Plus que n’importe qui, je crois que c’est ma mère qui m’a transmis ce virus, c’est elle la responsable du temps que je passe encore aujourd’hui le nez plongé dans un livre, et elle m’a donné en héritage des livres qu’elle avait elle-même aimé. Je vous ai déjà parlé d’Anne, il est temps de s’intéresser à Judy, l’héroïne de Daddy Long-legs (Papa Longues Jambes) de Jean Webster.
Jerusha Abbott, aka Judy, a grandi dans un lugubre orphelinat américain, circa 1900. Trouvée bébé, son nom a été choisi par Mrs Lippett, la directrice : Jerusha vient d’une tombe, et selon Mrs Lippett, c’est un prénom « solide », quand à Abbott, c’était le 1er nom dans l’annuaire! Ses 18 ans approchant, Judy devrait bientôt quitter l’orphelinat pour un métier fort enviable, genre domestique, domestique ou domestique. Et en attendant, elle s’occupe des petits de l’orphelinat… Un jour, Judy, que l’on n’appelle pas encore Judy mais plus sagement Jerusha, est convoquée chez la directrice.

Sa vie va changer ce jour-là : l’un des « bienfaiteurs » de l’orphelinat a décidé de s’intéresser à elle, et parce qu’il trouve qu’elle écrit bien, qu’elle a de l’esprit, et du coup, le potentiel pour devenir écrivain, il a décidé de lui payer des études à l’université! Judy se disant que c’est une perspective d’avenir nettement plus enviable que domestique (et elle a bien raison), accepte aussitôt! Seule condition à cette bourse d’études providentielle, notre héroïne doit envoyer à son bienfaiteur une lettre mensuelle sur ses activités diverses et variées.

Parce qu’il souhaite rester anonyme (les lettres sont à adresser à M. John Smith – qui ne répondra jamais), Judy décide de le surnommer « Papa Longues Jambes », en référence à sa grande silhouette dégingandée, à peine entre-aperçue.

La suite de l’histoire nous est alors racontée à travers les lettres que Jerusha (qui devient enfin Judy) envoie, racontant son installation à l’université, ses cours, ses exploits sportifs, ses voyages, ses premières tentatives d’écrivain, sa rencontre avec un charmant jeune homme… Le style pétillant et malicieux qu’elle utilise dans ses lettres émaillées de petits dessins (de la main même de l’auteur), nous entraîne au fil de ses années universitaire, vers ses projets d’avenir, son émancipation de femme… Et bien évidemment, à la découverte de l’identité de ce mystérieux Papa Longues Jambes!
Ce roman est un classique de la littérature nord-américaine, maintes fois adapté en film et en dessin animé. Pour prolonger le plaisir, il existe également une suite, Dear Enemy, ou Mon ennemi chéri, qui est bien moins connue, et nous raconte l’histoire de Sally, la meilleure amie de Judy à l’université.

Et sur le sujet, je vous fait partager l’avis d’une autre guest-star, Pirouette : « Côté réflexions sur l’éducation et idées philosophiques, il y a plein de commentaires sur l’influence de l’hérédité, de l’environnement, les méthodes d’éducation plutôt douces (par rapport à celle de Mrs Lippett) et les bienfaits d’une bonne hygiène de vie : aérer les salles, envoyer camper les garçons dehors, varier la nourriture, faire travailler les enfants soit aux champs, soit à la cuisine, à la couture, etc. C’est vraiment très intéressant. Et on peut l’écouter sur librivox.org (NdA : pour les fans des audio-books, donc pas moi!). L’auteur fait référence à Montessori et à d’autres théories de l’éducation. C’est assez avant-gardiste pour l’époque. Elle insiste encore une fois aussi sur le suffrage des femmes, ou plutôt le fait qu’elles n’aient toujours pas le droit de vote. L’horreur!! L’auteur a l’air de croire que l’éducation peut tout changer et sauver tout le monde ».

Si ces livres ont survécu à l’épreuve du temps, c’est bien parce qu’au-delà de la romance, on y trouve différents niveaux de lecture!
Et j’espère bien que si j’ai un jour une fille, elle aussi les aimera, et les conservera précieusement, dans sa maison envahie par les livres (oui, je souhaite avoir des enfants qui hériteront de la maladie familiale)… En attendant, si vous n’avez pas encore lu Papa Longues Jambes, et sa suite, précipitez-vous chez votre libraire!
Bonne lecture,
Chi-Chi
 

Ces romances qui se cachent

Certaines personnes autour de moi s’amusent de mes lectures, d’autres sont franchement méprisantes. Moi, j’ai choisi : je lis ce que j’aime. Et ce que j’aime, c’est refermer mon livre, un sourire aux lèvres, en me disant que si quelqu’un a voulu raconter cette histoire, c’est que le monde n’est pas aussi gris que ce que le journal de 20h aimerait me le faire croire. Est-ce que cela fait de moi une naïve? Une personne moins intelligente? Je ne crois pas… Je connais mes classiques, et je ne suis pas embarrassée. J’ai choisi et j’assume. Un livre bien écrit reste un bon livre, que ce soit une romance ou non.



Et plus je gagne en expérience (et en cheveux blancs, mais chut, c’est un secret bien gardé entre L’Oréal et moi), et plus je réalise que j’aimais la romance bien avant de lire des livres estampillés « romance ». Eh oui, vous en avez tous lu, de ces livres un peu sentimentaux, avec une jolie histoire, qui finit bien. Souvent, ce sont des romances qui se cachent derrière un roman policier, ou un drame historique ou quelque autre prétexte. Je peux vous en citer des exemples ! Anna Gavalda, Jane Austen, Mireille Calmel, Jean Auel, Marc Levy, pour ne citer qu’eux. Le succès de leurs livres me prouve que la romance plait, et qu’elle se cache dans toutes sortes d’histoires, bien au-delà des publications de certains éditeurs qui s’y sont consacré.


Les premiers livres de ce genre, qui n’en étaient pas vraiment, la période pré-Harlequin, c’est ma mère qui me les a offerts, à l’insu de son plein gré la pauvre. Si elle avait su le futur qu’elle me préparait, elle aurait sans doute été plus prudente! Maintenant, on sent chez elle un vague regret, tout ce talent pour la lecture gâché dans des romances… Ah, mais je lui serais toujours reconnaissante de m’avoir ouvert cette porte, toutes ces lectures inoubliables, c’est à elle que je les doit! Merci maman de m’avoir mis entre les mains Les 4 filles du Docteur March de Louisa May Alcott, Le jardin secret de Frances H. Burnett, Papa longues-jambes de Jean Webster et bien évidemment, tous les contes de fées possibles et imaginables!


De cette époque, l’un des livres qui m’a le plus marqué, c’est Anne of Green Gables, ou Anne, la maison aux pignons verts de Lucy Maud Montgomery. Ce livre est le premier d’une série, écrite par une canadienne entre la fin du 19ème siècle et le début du 20ème siècle, et par la suite adapté pour la télévision, d’abord en films puis en série et enfin en dessin animé. Autour de ce livre s’est créé tout un univers, centré sur le village d’Avonlea, et les multiples particularités qui font tout le charme de cette histoire.


Anne est une jeune orpheline qui entre dans l’adolescence, et tout commence pour elle lorsqu’elle est adoptée par Matthew et Marilla, un frère et une sœur d’un certain âge, lesquels vivent dans la maison « des pignons verts » sur l’ile du Prince Édouard, à l’est du Canada. Ils pensent avoir adopté un garçon pour aider Matthew aux travaux de la ferme, mais c’est Anne, avec ses nattes rousses, sa gouaille et sa philosophie de la vie qui débarque. Et qui restera. L’adaptation ne se fait pas sans mal, mais au fil des livres, on a la joie de la suivre dans sa découverte de la vie, entourée de Matthew et Marilla évidemment, mais aussi de Diana, sa meilleure amie, de Gilbert Blythe, son ennemi de cœur, et une ribambelle de personnages secondaires savoureux.


La plume de Lucy Maud Montgomery est charmante, elle décrit avec tendresse et poésie son pays, la nature canadienne. Tout passe par les yeux d’Anne, qui n’a pas son pareil pour décrire ce qui l’entoure, avec le sens du mélodramatique d’une enfant au début, et puis, au fur et à mesure que passent les années et les tomes, la sagesse d’une femme, qui se marie et a des enfants, lesquels héritent de sa personnalité pour le moins originale, et nous racontent à leur tour des histoires qui font rêver. La série s’achèvera d’ailleurs sur le mariage de la dernière fille d’Anne, comme une passation de flamme, l’ouverture vers une autre histoire que l’auteur n’a pas eu le temps de nous raconter.


Pour la petite anecdote, l’histoire d’Anne a eu tant de succès à son époque que durant la 1ère guerre mondiale, le gouvernement canadien avait offert à ses soldats partis au front en Europe un exemplaire du premier livre, pour leur rappeler leur pays et leur remonter le moral! Et si cette histoire est un peu moins connue en Europe aujourd’hui, elle reste encore un des monuments de la littérature canadienne, que je ne peux que vous encourager à lire à votre tour!

 

Bonne lecture,

Chi-Chi