In her shoes

(réédition du 14/11/10)

Il paraît qu’ici, on est des pro de l’amour. Et il est vrai qu’en romance, on en voit passer des sentiments. Selon moi (et sans me vanter, ce qui va suivre est d’un esprit et d’une intelligence rare), l’amour est au cœur de toutes les relations humaines.

Ainsi, aujourd’hui n’est pas coutume, le roman que je vais vous présenter parle d’amour (mouahaha, quel suspense de malade, vous ne vous y attendiez pas du tout!).

Mais d’un amour un peu particulier. Alors non, il ne s’agit pas de l’amour d’un vampire et d’une sirène qui défierait les lois de la nature (vous imaginez le rejeton de ces deux là ?).

Mais tout simplement de l’amour fraternel, familial, et de manière plus primaire, de l’amour que l’on se porte à soi-même.

Et ce ne sont pas Maggie et Rose Feller, les héroïnes du roman « In her shoes » (Chaussure à son pied en français) qui iront me contredire. Sans vouloir donner dans le cliché, mais un peu quand même puisque c’est bien souvent le cas dans une fratrie, les deux sœurs sont aussi différentes que le jour et la nuit.

Maggie est sexy, envoutante, charmeuse, pétillante, « socialite » et modeuse en puissance. Elle est belle et le sait. Elle sait surtout que c’est sa plus grande arme, sa compétence première, sa grande réussite. Ce qui n’est d’ailleurs pas grand chose, on en tous conscience, et elle aussi. Parce que du côté de la réussite académique et professionnelle, c’est Rose qui décroche la palme. Diplômée de Princeton « Suma cum laude » (mention très bien en français, mais admettez, c’est plus sexy en latin ?), jeune associée d’un prestigieux cabinet d’avocats de Philadelphie, elle a même un certain Jim au début de notre histoire. Le jackpot quoi!

Deux sœurs, un précipice entre les deux avec un seul point commun, leur taille de chaussures.

Les deux sœurs s’aiment, mais les relations fraternelles sont encore plus compliquées parfois que les relations amoureuses. Pour la simple et bonne raison que l’on a pas choisi la personne avec laquelle on grandit. Rose et Maggie sont bloquées. Bloquées dans un schéma qui ne profite à aucune.

On pourrait croire que Maggie profite de Rose qui est trop bonne pour se rebeller. Ou qu’en portant assistance à Maggie, Rose s’assure d’avoir toujours le dessus. La réalité se trouve elle dans le mélange subtil des deux, comme seul l’amour fraternel sait le faire. Des années et des années d’un schéma reproduit à l’infini… Jusqu’au jour où Maggie « pousse le bouchon un peu trop loin », poussant Rose à la mettre à la porte et à la rayer de sa vie,  l’amour fraternel pouvant aller se faire voir.

Maggie et Rose vont alors devoir apprendre à vivre l’une sans l’autre.

Maggie va apprendre à vivre seule, sans filet de sureté (le filet étant Rose, vous l’aviez compris). Elle va devoir faire des choix en prenant soin d’en envisager les conséquences. Rose n’est plus là pour passer derrière et lui tendre la main lorsqu’un problème surgit, Rose n’est plus là pour passer l’éponge sur les mauvais jours.

Mais Rose, qui croyait finalement que tous ces soucis venaient de l’omniprésence de son incapable de sœur, va réaliser qu’elle ne nage toujours pas dans la béatitude. Elle va devoir elle aussi apprendre à vivre sans Maggie, si facilement blâmable. Sans Maggie occupant tant de place qu’il est facile de se trouver des excuses pour ne pas prendre de décisions dans sa propre vie, qu’il est facile de nier et d’oublier ses propres désirs.

L’amour fraternel, Jennifer Weiner le traite ici avec beaucoup de justesse en nous embarquant dans une histoire où tous les personnages ont leur moment de parole. Rien n’est manichéen, tout est décrit dans une nuance de sentiments très justes, très intenses, très vrais.

J’ai aimé cette évolution progressive des deux personnages. Rien n’a été facile pour elles, mais on sent que ce livre, et le chemin parcouru dans cette histoire, pourrait être un chemin que toutes les sœurs peuvent vivre un jour.

Un livre à lire, à offrir, à méditer, à garder.

Bonne lecture,
Tam-Tam

PS 1 : pour les puristes qui voudraient argumenter que je m’éloigne des romances traditionnelles, n’ayez crainte, l’une des deux sœurs va trouver « The one »…

PS 2 : Un dernier mot sur l’adaptation ciné que certains d’entre vous auront peut-être vu, ce n’est pas tout à fait traité de la même manière, certains passages ont été coupés. Le film est vraiment bon, mais le livre est mille fois mieux !

If you only knew

C’était obligatoire, Kristan Higgins a sorti un nouveau livre et il fallait que je le lise !

Enfin, j’étais un peu hésitante, parce que l’on nous annonçait que Kristan passait de la romance à la «women’s fiction», comprendre le roman féminin, ce qui voulait dire pour moi beaucoup moins de temps passé à swooner sur le héros.
Mais après discussion avec des amies lectrices, j’ai été sommée de lire ce livre séance tenante.

Et comme la météo anglaise (vous apprendrez que quand on vit dans ce pays, la météo est le sujet d’à peu près 25% de toutes les conversations que vous pouvez avoir, avec qui que ce soit), je disais donc, la météo anglaise ayant été coopérative avec mes envies de lectures, plutôt qu’avec les projets de balade en campagne par 13 degrés sous une pluie battante, j’ai lu le dernier Kristan Higgins hier.

Et parce que, contrairement à beaucoup de lecteurs que je connais, je déteste être spoilée, je n’avais même pas été vérifier le résumé avant de commencer.

Bon.

Jenny a 36 ans, designer de robes de mariées, sans enfants mais rêvant d’en avoir, et elle est fraichement divorcée d’Owen, l’ex parfait et plein de sollicitude qui est désolé de lui avoir brisé le cœur et avec qui elle est restée amie. Et pour faire bonne mesure, elle est aussi devenue amie avec Ana-Sofia, la nouvelle femme d’Owen. Et elle pousse même le vice jusqu’à aider la ô-combien-parfaite Ana-Sofia à accoucher lorsque leur bébé surprise se présente avec un peu d’avance.

Vous l’aurez compris, Jenny n’a pas encore vraiment tourné la page de son mariage et même si tout ce beau monde est charmant et poli, elle a besoin d’air. D’où la décision de déménager, pour retourner dans la région de son enfance, se rapprocher de sa famille et ouvrir sa boutique de robe de mariées.

Ce sera le coup de départ de notre histoire.

De l’autre côté, nous avons Rachel, la grande sœur de Jenny, presque 40 ans, formant un couple parfait avec Adam et mère au foyer de triplettes de 3 ans et demi qui sont adorables mais épuisantes. Enfin, couple parfait, jusqu’à ce que la petite graine de doute vienne germer dans leur mariage…

Autour des deux sœurs, on retrouve, comme toujours chez Kristan Higgins, une galerie de personnages secondaires délicieux. La mère – veuve professionnelle, les amis, les voisins. Sans oublier l’assistant gay qui écrit une romance porno gay BDSM parce que qui ne tente pas de devenir le nouveau E.L. James, je vous le demande ?

Quant à l’histoire ? Eh bien Jenny voudrait se remarier et avoir des enfants. Rachel voudrait savoir ce qu’elle doit faire de son couple. Toutes les deux aimeraient réussi à canaliser l’énergie négative de leur mère, et en général, être heureuses tout simplement.

Je me suis couchée à 4h du matin pour finir ce livre. Je suis tombée dedans comme toujours avec Kristan. Et si j’ai regretté que plus de temps ne soit pas accordé à la romance (Léo <3), j’ai apprécié  Jenny (un peu plus que Rachel qui représente pourtant la moitié de l’histoire, j’avoue), que j’ai trouvée très réussie, la tête sur les épaules, touchante et charmante, prenant sa vie en main. J’ai aimé le héros romantique (le petit cœur était un indice), l’absence de grande scène de mélodrame à la fin pour justifier une crise puis réunion des héros.

Et puis surtout, j’ai adoré les références à la téléréalité américaine, et la présence, même éphémère de Tim Gunn, qui ne parlera pas aux francophones…  Allez, je vous explique. Tim Gunn est un des piliers de l’émission de téléréalité d’Heidi Klum (la top model), Project Runway (émission concentrée autour d’une compétition de design de mode, ce qui veut dire plein de couture et de belles robes à chaque épisode). C’est une star aux US, il a même fait des apparitions en guest-star dans des séries – la plus notable pour moi étant celle du tailleur de Barney dans How I Met Your Mother. C’est un peu le Jiminy Cricket du show, la voix de la sagesse, la mamie gâteau bienveillante, dans le corps d’un américain aux airs d’anglais distingué toujours tiré à 4 épingles. Je suis fan de l’émission depuis sa 1ère saison, nous en sommes à la 14, je suis toujours fan de Tim Gunn et Jenny l’a rencontré. Plusieurs fois. Et même qu’il se souvient de son nom. C’est ça la gloire les enfants !

Et pour faire bonne mesure, on fait aussi référence à Say yes to the dress, autre émission de téléréalité nettement moins distinguée, où des futures mariées essayent des robes toutes plus atroces les unes que les autres pour trouver « la bonne ».

C’est qu’on ne plaisante pas avec une robe de mariée !

Pour conclure, on dit que ce livre n’est pas une romance, mais pour moi, elle y est tout aussi présente que dans un livre comme Catch of the day. C’est à dire légère mais pas non plus absente. Certes ce n’est pas une romance mais il y a de la romance, c’est une vraie réussite pour Kristan Higgins qui met son talent au service d’un nouveau genre, et une fois n’est pas coutume, je crois que je vais la suivre sur ce coup !

Bonne lecture,

Chi-Chi