Le temps du mariage (Huxtable 1)

En régence, si je schématise à la truelle, il y a deux sortes d’histoires. Chacune de ces histoires est définie par un élément déterminant pour l’époque : le mariage.

C’est bien simple, je n’ai pas encore trouvé de régence où le couple formé par les deux héros ne prononce pas ses vœux à un moment donné du roman.

Il y a deux écoles.

Celle où le mariage est la conclusion de l’histoire, l’union est alors comme une clôture à tous les malentendus/ péripéties/ »vilains pas beaux » à terrasser, pour enfin atteindre le bliss marital. L’union est une perspective heureuse, les héros voient un futur débordant d’amour s’ouvrir devant eux. Bon, j’exagère sans doute un peu, certains auteurs savent être subtils et n’ont pas forcément recours aux angelots chantant la gloire de l’amour triomphant dans l’église, mais vous avez saisi l’idée.

Je leur ai d’ailleurs trouvé un nom : Happily ever after mariage, parce que si on y réfléchît bien, Blanche-Neige, Cendrillon et toutes leur copines ont eu droit à de telles unions. A l’instant des « je le veux », le Prince charmant leur mangeait déjà dans la main.

A l’opposé des happily ever after, nous avons les mariages qui surviennent dès les premiers chapitres du roman. Les circonstances sont souvent les mêmes : une réputation doit être sauvée, une fortune est à la clé, un domaine est dans la ligne de mire… les unions ont été arrangées et les nouveaux époux ont été contraints de s’unir, dans une certaines mesure à l’insu de leur plein gré.

Tout le roman s’articule alors sur la transformation de cette union contractée « sous la menace » en une union des corps, des âmes, des destins, et des envolées de petits poneys, ne les oublions pas. Ces unions, je les ai baptisé les Contractuels. En effet, c’est souvent un contrat plus qu’une réelle affection qui lie les deux « parties » dans les premiers temps du mariage. Dans certains cas, les nouveaux époux ne se sont rencontré que 2 ou 3 fois avant l’échange des vœux. Il faudra tout le talent de l’auteur pour faire naitre des sentiments chez eux, et le roman se clôturera sur la déclaration des sentiments/l’annonce d’une naissance/la résolution de tous les problèmes.

Qu’ils soient contractuels ou happily ever after, les mariages dans les historiques sont une condition sine qua non  de l’écriture. Les anachronismes qui peuvent parfois se glisser dans une régence ne vont pas jusqu’à considérer le mariage avec la désinvolture d’un contemporain…

Très personnellement, si je dois admettre qu’un mariage arrangé est loin de me faire fantasmer de prime abord, c’est un schéma que j’aime assez en romance (et ce n’est pas Chi-Chi qui ira me contredire). Les héros sont ensemble pour le meilleur et pour le pire. Sous entendu, ils vont bien être obligés de faire avec ce qu’ils ont et d’établir un dialogue. Certains essayeront de s’enfuir, de se mettre des œillères, mais l’auteur prendra un malin plaisir à les obliger à faire face à leur vie.

C’est d’ailleurs exactement ce qui se passe dans le roman de ce lundi. First comes mariage (Le temps du mariage) de Mary Balogh est le premier tome de la série des Huxables. Ce premier opus s’ouvre sur une bonne nouvelle. Par un caprice du destin (et le jeu des successions), Stephen, petit dernier et seul garçon de la tribu des Huxtable se retrouve héritier du titre de comte de Merton. La fratrie est sous le choc. Elliot Wallace, Viscount Lyngate, qui leur annonce la nouvelle, souhaite sur le champ commencer la formation du jeune comte. Notre héros prend en effet ses responsabilités de tuteur très au sérieux. Ce qu’il n’avait pas calculé par contre, c’est que ses trois grandes sœurs insistent pour suivre leur petit frère à Londres. « Môssieur » Elliot est quelque peu misogyne au début de notre histoire, il faut l’admettre. Une femme ne peut savoir ce qu’il y a de mieux pour le jeune comte, une femme ne peut que l’handicaper dans son apprentissage, une femme est… une distraction. D’autant que leur venue à Londres implique de les lancer dans la bonne société londonienne pour la « saison » à venir.

Et un lancement pour une « saison », c’est bien plus compliqué qu’un simple « je te présente mes cousins de province ». Voyez-vous, il faut être sponsorisé par un « membre honorable » qui lui-même gravite dans les « bons cercles ».

Voilà pourquoi, après une réflexion intense sur les diverses possibilités qui s’offrent à lui, Eliott en arrive à la conclusion suivante. Pour que l’éducation du jeune comte se fasse sans anicroche et que les trois sœurs ainées puissent jouir de la respectabilité suffisante pour être présentée à la noblesse, il va devoir se marier avec l’une d’entre elle.

Il a le choix, Margaret, Katherine et Vanessa sont toutes trois célibataires. Les deux premières sont même des splendides jeunes femmes. Il fini par choisir l’ainée, Margaret…

Sauf que Vanessa, notre héroïne, jeune veuve de son état, ne veut pas voir sa sœur perdre tout espoir d’un jour être heureuse, parce qu’avec un butor pareil qui pense si peu des femmes, elle ne peut être QUE misérable. Nessie (oui, elle a le surnom d’une bestiole écossaise pas super glamour) prend sur elle de demander à « sa grâce »  s’il consentirait à l’épouser elle, et non pas Margaret, histoire de faire d’une pierre trois cailloux. Il sauve la respectabilité de la famille, il lance tout ce beau monde en société, et il sauve l’esprit d’une jeune fille en la laissant sur le carreau.

Elliot réfléchit longtemps… C’est qu’elle n’est pas aussi belle que sa sœur, notre héroïne, et qu’elle a la langue acérée. Mais très étrangement, il finit par dire oui.

Entre ces deux là, pas de pâmoison en vue. Un vrai mariage de convenance est contracté au début du livre. Et c’est là que tout débute.

Mary Balogh va développer la relation de nos héros de manière très fine et toute en sensibilité. Il n’y aura pas, comme on pourrait le craindre, de déclaration d’amour éternelle dès la première scène d’amour. Pas plus qu’il n’y aura de feu d’artifice entre la jeune veuve et son nouveau mari dès les premières embrassades. Leur relation va prendre corps doucement, elle va gagner en profondeur à mesure que les pages et les chapitres vont s’enchainer. Vanessa va apprendre des choses sur elle-même au contact d’Elliot, et ce dernier va murir et découvrir qu’il est des femmes sur lesquelles on peut compter (oui, un lourd passif, une fois encore, dans ce roman).

Ce livre est un exemple parfait de tout ce qui fait que les Contractuels en régence sont des histoires qui peuvent porter nos héros bien plus loin que l’on aurait pu le penser.

Une partie pragmatique de ma personne ne peut par ailleurs pas s’empêcher de penser que ces histoires d’amour sont sans doute celles qui auraient eu le plus de chance de survenir à l’époque…

Bonne lecture,
Tam-Tam

More than a mistress

Réédition du 25/08/2011

Si vous saviez comme ça me fait plaisir de venir vous dire que cette semaine, j’ai passé une nuit blanche! C’est que j’en ai fait beaucoup depuis quelques temps des nuits blanches, mais toujours courbée sur le clavier de mon ordinateur à travailler. J’avais délaissé ma BAL, par manque d’inspiration mais aussi parce que je mettais toute mon énergie dans un projet très particulier qui m’aura demandé beaucoup d’énergie et plusieurs mois de ma vie. Le projet est terminé, je fais des nuits complètes depuis une semaine et mon esprit est enfin libéré, je peux reprendre mes livres!Souvenez-vous, il y a à peine 2 semaines, je vous faisais un petit bilan de ma BAL, où je mentionnais More than a mistress de Mary Balogh.

Voilà, c’est fait, je l’ai lu. Et adoré. J’ai terminé la dernière page à 6h30 du matin, en soupirant d’extase et de frustration, comment ça, déjà fini?

Mary Balogh nous y raconte l’histoire de Jane. Un peu de son héros, Jocelyn, mais surtout de Jane. C’est un bonheur trop rare en romance de rencontrer une héroïne que l’on aime vraiment. La plupart du temps, on l’aime bien, la trouve chouette, agréable, marrante, mais c’est pour le héros que l’on fond, c’est lui qui fait palpiter notre cœur de midinette. L’héroïne est là pour mettre en valeur le héros, pour le sauver de lui-même et lui apporter le bonheur. Certes, elle en retire aussi quelques bénéfices, mais le héros reste l’intérêt principal et il marque plus durablement la mémoire…

Pas ici. Jocelyn est un héros à la hauteur de Jane, et pas l’inverse.

Jane est une lady qui a quelques problèmes. Depuis la mort de ses parents, elle est sous la tutelle de son oncle, lequel aimerait bien qu’elle épouse son fils/cousin, pour conserver l’héritage. Et utilise à cette fin des méthodes peu honorables. Schéma classique de la romance régence. Et Jane, après un incident malheureux, fait ses bagages et quitte la maison familiale pour se rendre chez sa marraine. Par un enchainement de circonstances malheureuses, elle se retrouve à Londres, obligée de dissimuler son identité. Qui dit lady incognito dit obligation de subvenir à ses besoins, Jane est employée chez le Duc de Tresham, Jocelyn donc. Lequel se dit que notre héroïne ferait une fort charmante maitresse.

Oui oui, une maitresse, une femme entretenu, vivant dans une maison tous frais payés en échange de ses services dans un lit. Tout à fait le genre de carrière pour laquelle une lady de bonne famille a été élevée. La proposition du Duc reçoit donc un accueil pour le moins… original!

Jane est réellement l’une des meilleures héroïnes qu’il m’ait été donné de découvrir depuis longtemps. Elle est la parfaite illustration du talent de Mary Balogh. C’est une jeune femme d’une grande finesse psychologique (dont elle fait abondamment usage), qui a la tête sur les épaules, qui se connait bien et ne parle jamais sans réfléchir. Elle sait qui elle est, est consciente de sa propre valeur sans jamais en devenir prétentieuse ou arrogante, regarde les problèmes dans sa vie avec courage et objectivité, enfin, elle ne se ment jamais à elle-même. Et toutes ces qualités, bien loin d’en faire une caricature de vertu et de perfection, en font un personnage fort et attirant.

Jocelyn de son coté, est comme il se doit un débauché, un Duc vivant à la hauteur de sa réputation, entre duels, paris insensés, bagarres à coups de poings et nuits d’ivresse. C’est aussi un personnage plein de facettes cachées, que Jane saura à la perfection révéler. Il a clairement plus besoin d’elle qu’elle n’a besoin de lui, leur couple est loin d’être une évidence, et pourtant ces deux-là se complètent.

Bien sûr, la question demeure, pourquoi Jane doit-elle se cacher, va-t-elle être contrainte d’accepter la proposition du Duc de Tresham, comment se sortir de cette situation délicate?

Une seule façon de le savoir, empressez-vous de lire More than a mistress, vous ne le regretterez pas!

Bonne lecture,
Chi-Chi

Slightly dangerous

Réédition du 03/02/2011

Aujourd’hui, je voulais profiter de cet article pour vous faire partager une de mes névroses de lectrice, pas un sujet des plus glam, vous avouerez.

Vous savez tous, vous qui venez ici, que la vie d’une lectrice est pavée de difficultés : budget mensuel qui explose, PAL qui menace de crever le plafond, étagères qui croulent sous le poids de la littérature, et surtout, surtout, les autres. Les extérieurs. Ceux qui ne sont pas nous. Donc pas les propriétaires de nos livres. Ceux qui viennent chez nous et touchent à nos précieuses affaires. Sortent un tome pour lire la 4ème de couverture. Et là, catastrophe, sont intéressés. Ne vous méprenez pas, je suis toujours heureuse de faire découvrir un auteur ou un livre que j’aime. Mais j’aime mes livres comme s’ils étaient mes bébés, et j’ai toujours du mal à les prêter. Anatole France disait « Ne prêtez jamais vos livres : personne ne les rend jamais. Les seuls livres que j’ai dans ma bibliothèque sont des livres qu’on m’a prêté ». Voila ma hantise : ne jamais revoir mes livres.

Quand on me demande de prêter un livre, j’ai toujours un frisson d’angoisse. Tu veux l’emmener? Mais où? Et pour combien de temps? Y feras-tu bien attention? Ces questions, je me les pose à chaque fois. Imaginez mon angoisse devant ces emplacements vides dans ma bibliothèque (gros mensonge, ma bibliothèque est un fouillis innommable que je me promets de classer depuis des mois, je ne sais même plus ce que j’ai !).

Pourtant, Tam-Tam affirme que cela ne se voit pas du tout. Et c’est vrai, je prête volontiers mes livres, sachant parfaitement à chaque fois que je cours le risque de ne jamais les revoir. Les séquelles de la famille nombreuse où il fallait tout partager peut-être ? Toujours est-il que je suis un peu schizophrène : la première fois que j’ai rencontré Tam-Tam, je lui ai proposé de venir m’emprunter des livres. Spontanément ! Le truc complètement improbable pour moi. Prêter si on me le demande oui, mais carrément proposer ??! Elle est repartie avec une valise entière… C’était l’épreuve du feu, après ça, si un malheur arrivait à mes livres je ne lui aurais sûrement plus jamais parlé. Nous l’avons échappé belle, elle m’a rendu mes petits rapidement et en bon état…

Depuis, j’ai fait un long travail sur moi-même, je prête beaucoup plus facilement et c’est de sa faute : pour chaque livre prêté, elle m’en a rendu deux. Et comme je suis parfaitement horrible, je garde ces livres en otage depuis parfois deux ans. Ma PAL est trop grosse, je ne m’en sors plus… Tam-Tam, merci pour ta patience, je jure qu’un jour je te rendrais tes petits ! D’ici là, tu vas devoir rester amie avec moi pour t’assurer qu’il ne leur arrive pas malheur…

Et en attendant, je vous parlerais aujourd’hui d’un livre qui est actuellement retenu en otage chez une personne que je ne nommerai pas ici (je programme à l’heure actuelle ma vengeance, il ne faudrait pas qu’elle se doute de quelque chose)… Il s’agit donc d’un autre livre de mon Top 15 : Slightly dangerous de Mary Balogh.

Comme je suis sympa, je vous préviens tout de suite qu’il s’agit du dernier tome d’une série de 8 tomes dont la traduction n’est pas encore terminée! (ce tome là est prévu pour fin 2014)

Pourquoi avoir choisi le dernier tome? D’abord parce que je n’ai pas lu tous les tomes de cette série. Après plusieurs déceptions avec les séries, j’avais à l’époque décidé de ne plus lire que ceux dont les résumés m’intéressaient…

Et parce que j’ai eu le coup de foudre pour son héros. Wulfric, Duc de Bewcastle est l’ainé de six. Déjà, les familles nombreuses, cela me parle… Ensuite, c’est un héros comme je les aime : énigmatique, solitaire, enfermé dans le rôle que les convenances de son époque et de son rang lui imposent. Aperçu dans le tome 2, et apparemment très présent dans le reste de la série, il se distingue par la distance qu’il maintient toujours entre lui et le reste du monde. Célibataire sans intention de se marier (il a des frères qui feront bien des héritiers pour le titre), il se retrouve encore plus seul après la mort de sa maîtresse, qu’il fréquentait depuis 10 ans avec une indifférence teintée d’affection, pour des raisons purement pragmatiques. Alors oui, ce n’est pas très romantique comme personnalité, dans le genre grand anglais glacial, on a trouvé plus enthousiasmant, et pourtant… Et pourtant, Wulf, malgré son prénom ridicule (Mesdames les auteures, par pitié, arrêtez de croire que plus le prénom est original plus le héros a une aura mystérieuse – la seule conséquence est que je ne peux pas m’imaginer prononcer le nom du héros dans l’intimité sous peine de fou rire !), je disais donc, Wulf me fait rêver ! Parce que j’aime à m’imaginer que sous cette apparence froide et détachée, il y a une personne qui mérite la peine que l’on s’intéresse à lui. Parce que j’aime me dire que dans la romance, l’adage « Ne nous fions pas aux apparences » est plus vrai encore que dans la réalité.

Mais revenons à notre histoire. Lorsqu’il rencontre Christine, son héroïne, Wulf est donc à la recherche d’une nouvelle maîtresse. Christine est une veuve plus très jeune et franchement modeste, mais dotée d’un caractère résolument heureux et optimiste. Elle est parfois gaffeuse, parle un peu trop fort pour les salons élégants de la haute aristocratie, rit en public, et surtout, surtout, elle se moque gentiment de notre Duc, qui trouve tout cela fort inconvenant.

Je vous mentirais en disant que nos héros font des étincelles. Christine fait des étincelles, elle pétille, elle attire les regards par son comportement peu discret, sa joie de vivre, mais aussi sa dignité, son esprit qu’elle ne cherche pas à dissimuler comme il convient aux dames de l’époque. Le Duc, devant un tel spectacle, reste de glace, comme il sied à son rang, sa position sociale, son éducation… Ici, pas d’attirance inexplicable et incontrôlable dès les 15 premières minutes de leur rencontre, et Mon Dieu comme c’est agréable !!! La relation entre eux va se développer doucement, tout en finesse. Notre Duc de glace ne fond pas à la première occasion, il reste parfaitement cohérent dans son rôle, et aura beaucoup de chemin à parcourir pour toucher le cœur de Christine qui, de son côté, ne cherchait pas du tout à attirer sur elle l’attention d’un personnage aussi désapprobateur de tout ce qu’elle est !

Voilà donc l’aspect le plus frappant et le plus appréciable de ce livre, c’est justement que nos héros sont crédibles et que, sans caricature, sans excès, l’auteur nous amène à croire que leur histoire est possible. Et moi, les histoires d’amour entre des personnes que tout oppose à ce point et qui parviennent malgré tout à se comprendre et à me convaincre, c’est ce que je préfère ! C’est ainsi que ce livre s’est trouvé classé dans mon Top 15 et c’est pour cela que je vous conseille aujourd’hui de le lire…

Et quand à moi, je m’en vais dès cet instant mettre en route mon plan diabolique pour récupérer mon petit chéri chez sa kidnappeuse, voila trop longtemps que je ne l’ai pas relu!

Chi-Chi

P.S. : Vous pouvez évidemment aussi choisir de lire la série en entier, pour culminer avec Slightly Dangerous, j’ai entendu dire qu’ils étaient tous bien ! ^_^

Le Top 15 de Chi-Chi – édition 2011


(Réédition du 13/01/2011)
Il est sans doute temps de vous révéler enfin ce fameux Top 15 dont je parle régulièrement (remarquez, à force s’en parler, je finirais par chroniquer tous ces livres et je ne vous en parlerais plus!). Attention, voici un post plein de références et de retours en arrière…

En réalité, il y a bien plus que 15 livres qui sont inoubliables à mes yeux. Mais il y a quelques années, avec Tam-Tam, nous nous sommes prêtées au jeu de faire une liste de 15 romances qui représenteraient toutes les facettes que nous aimions dans ce genre.

Pour cet exercice, nous nous sommes assises à une table, chacune sa feuille, chacune son stylo, et deux règles : pas de fausses romances et pas plus d’un titre par auteur. Nous avons donc consciencieusement listé les romances qui nous avaient le plus marquées, avant de chercher chacune à convaincre l’autre qu’elle n’avait pas fait les bons choix lorsqu’ils ne coïncidaient pas! 
Heureusement que la plupart se recoupaient, sinon nous serions sûrement encore en train de discuter…
Voici donc ma liste, telle qu’elle a été établie en 2008 et sans ordre de priorité :

Lord of scoundrels (Le prince des débauchés), Loretta Chase – parce que ce livre m’a fait éclater de rire, que j’adore la relation entre les héros et l’aplomb incroyable de l’héroïne, parce que ce livre a été élu Meilleure romance de tous les temps par d’autres que moi.

Romancing Mr Bridgerton (Colin), Julia Quinn – je ne dirais qu’un seul mot : Colin.

Slightly dangerous, Mary Balogh – parce que Mary Balogh sait nous présenter des personnages parfaitement cohérentes et d’une rare intensité.

Ain’t she sweet (Un retour inattendu), Susan Eliabeth Philipps – mon arme secrète…

Ravished, Amanda Quick – parce que Harriet et Gideon resteront toujours mon premier couple phare, ma première demoiselle pas si en détresse que ça avec un héros complètement déconcerté face à elle.

Charming the prince, Teresa Medeiros – parce que c’est une histoire à mourir de rire dans un Moyen-Age de conte de fées, peu importe les incohérences et les absurdités du récit, on rit.

Devil in winter (Un diable en hiver), Lisa Kleypas – parce que pour le seul bonheur d’obliger le lecteur à découvrir la série des Wallflower.

Silver lining (Chercheuse d’or), Maggie Osbourne – parce que le contexte, le passé de nos personnages n’est pas facile, parce que Maggie Osbourne nous présente comme héroïnes des femmes ordinaires qui se révèlent fortes dans des situations hors du commun.

Fly away home (Retrouvailles imprévues), Kimberly Cates – parce que Tam-Tam était d’accord avec moi à une époque où nous ne nous connaissions pas, nous étions officiellement faites pour nous rencontrer!

Mr Perfect (Mister Perfect), Linda Howard – parce qu’il n’est pas possible de connaître la romance sans avoir au moins fait la connaissance du héros howardien, modèle qui a été repris par tant d’auteurs depuis.

Three fates (La fortune des Sullivan), Nora Roberts – parce qu’il ne pouvait pas ne pas y avoir un Nora Roberts dans cette liste, la décision fût difficile, entre celui-là et Homeport (Une femme dans la tourmente), mais l’attrait de trois histoires pour le prix d’une l’a emporté de justesse…

Unleash the night (L’homme-tigre), Sherrilyn Kennyon – parce qu’il fallait au moins un fantastique dans cette liste, parce que même si je ne suis pas une inconditionnelle du genre, je fais une exception pour les Dark Hunter.

Mrs Miracle (Mrs Miracle), Debbie Macomber – parce que Debbie Macomber manie la douceur et la tendresse comme aucun autre auteur ne sait le faire, parce que c’est un livre de Noël.

Certains ont été lus quand j’étais encore adolescente, ils correspondent à mon initiation. Comme Tam-Tam, je les aimerais peut-être moins si je les découvraient maintenant, mais ils sont teintés à mes yeux du parfum du souvenir. C’est coriace ce genre de choses, impossible de m’en défaire! Et comme cette liste a été difficile à faire!!! En y repensant, je m’étonne de n’y trouver aucun Julie Garwood, Susan Mallery, Celeste Bradley, Anne Gracie, Susan Wiggs, Jude Deveraux, Johanna Lindsey, Catherine Anderson… C’est un Top 50 que Tam-Tam et moi allons devoir mettre au point la prochaine fois que nous nous verrons!

Et depuis, si il y a eu des livres que j’ai aimé, les coups de cœur sont bien plus rares… Aujourd’hui, je me dis qu’il faudrait y ajouter Kristan Higgins avec All I ever wanted, sans l’ombre d’un doute, mais à cette exception près, depuis 3 ans, il n’y a pas eu d’autre découverte marquante… Peut-être Bet me de Jennifer Crusie, mais ayant moins aimé les autres livres de cet auteur, j’ai un doute. Eloisa James, Julie James, Sarah MacLean? Et qui retirer? Kimberly Cates peut-être, un peu trop old fashion pour moi à présent… Maggie Osbourne que je n’ai pas relu depuis une éternité, Debbie Macomber, qui est un peu surannée (je l’échangerai peut-être contre une de ses œuvres un peu plus récentes)? Mais le fait que je ne relise pas un livre ne veut pas dire que ce livre m’a moins marqué ou que son influence s’estompe, non? Épineux problème, il faudrait que j’en discute avec Tam-Tam!

Pourquoi aussi peu de nouveautés? Moins le temps de lire, je vais plus facilement à l’essentiel, mes auteurs/valeurs refuges? Serais-je moins impressionnable que quand j’étais plus jeune? Ou devrais-je prendre plus de risques?

En attendant, il me reste encore quelques livres sur cette liste dont je veux vous parler…  Slightly dangerous de Mary Balogh est pour bientôt d’ailleurs… Tam-Tam vous parlera lundi de Silver lining, et Lady D. vous prépare un  bel article sur The wedding de Julie Garwood! On arrivera bientôt à la fin de cette liste… Mais pour aujourd’hui, je vais m’en remettre à vos bons conseils. Vous, quelles sont les romances qui vous ont le plus marquées?

Chi-Chi

Rendez-moi mes petits!

Aujourd’hui, je complexe. Eh oui, après le magnifique article de Tam-Tam lundi, la relève va être difficile à assurer pour moi. Vous avez vu, dès le 2ème jour, il est entré par la magie des statistiques dans la liste des Articles-stars, les 5 plus lus de tout le blog! Tam-Tam, je suis fière de toi…
Difficile donc, surtout que je voulais profiter de cet article pour vous faire partager une de mes névroses de lectrice, pas un sujet des plus glam, vous avouerez. Mais tant pis, je ne peux pas décemment laisser passer un jeudi sans écrire, vous devrez donc vous contenter de ma plume !
Ma névrose je disais… Vous savez tous, vous qui venez ici, que la vie d’une lectrice est pavée de difficultés : budget mensuel qui explose, PAL qui menace de crever le plafond, étagères qui croulent sous le poids de la littérature, et surtout, surtout, les autres. Les extérieurs. Ceux qui ne sont pas nous. Donc pas les propriétaires de nos livres. Ceux qui viennent chez nous et touchent à nos précieuses affaires. Sortent un tome pour lire la 4ème de couverture. Et là, catastrophe, sont intéressés. Ne vous méprenez pas, je suis toujours heureuse de faire découvrir un auteur ou un livre que j’aime. Mais j’aime mes livres comme s’ils étaient mes bébés, et j’ai toujours du mal à les prêter. Anatole France disait « Ne prêtez jamais vos livres : personne ne les rend jamais. Les seuls livres que j’ai dans ma bibliothèque sont des livres qu’on m’a prêté ». Voila ma hantise : ne jamais revoir mes livres.
Quand on me demande de prêter un livre, j’ai toujours un frisson d’angoisse. Tu veux l’emmener? Mais où? Et pour combien de temps? Y feras-tu bien attention? Ces questions, je me les pose à chaque fois. Imaginez mon angoisse devant ces emplacements vides dans ma bibliothèque (gros mensonge, ma bibliothèque est un fouillis innommable que je me promets de classer depuis des mois, je ne sais même plus ce que j’ai !).
Pourtant, Tam-Tam affirme que cela ne se voit pas du tout. Et c’est vrai, je prête volontiers mes livres, sachant parfaitement à chaque fois que je cours le risque de ne jamais les revoir. Les séquelles de la famille nombreuse où il fallait tout partager peut-être ? Toujours est-il que je suis un peu schizophrène : la première fois que j’ai rencontré Tam-Tam, je lui ai proposé de venir m’emprunter des livres. Spontanément ! Le truc complètement improbable pour moi. Prêter si on me le demande oui, mais carrément proposer ??! Elle est repartie avec une valise entière… C’était l’épreuve du feu, après ça, si un malheur arrivait à mes livres je ne lui aurais sûrement plus jamais parlé. Nous l’avons échappé belle, elle m’a rendu mes petits rapidement et en bon état…
Depuis, j’ai fait un long travail sur moi-même, je prête beaucoup plus facilement et c’est de sa faute : pour chaque livre prêté, elle m’en a rendu deux. Et comme je suis parfaitement horrible, je garde ces livres en otage depuis parfois deux ans. Ma PAL est trop grosse, je ne m’en sors plus… Tam-Tam, merci pour ta patience, je jure qu’un jour je te rendrais tes petits ! D’ici là, tu vas devoir rester amie avec moi pour t’assurer qu’il ne leur arrive pas malheur…
Et en attendant, je vous parlerais aujourd’hui d’un livre qui est actuellement retenu en otage chez une personne que je ne nommerai pas ici (je programme à l’heure actuelle ma vengeance, il ne faudrait pas qu’elle se doute de quelque chose)… Il s’agit donc d’un autre livre de mon Top 15 : Slightly dangerous de Mary Balogh.
Comme je suis sympa, je vous préviens tout de suite qu’il s’agit du dernier tome d’une série de 8 tomes qui n’a pas été traduite en français, mais vous trouverez plein d’autres bons livres de cet auteur chez J’ai Lu si la VO vous rebute…
Pourquoi avoir choisi le dernier tome? D’abord parce que je n’ai pas lu tous les tomes de cette série. Après plusieurs déceptions avec les séries, j’avais à l’époque décidé de ne plus lire que ceux dont les résumés m’intéressaient…  Pour cette série, je n’ai donc lu que les tomes  2 et 8.
Et parce que j’ai eu le coup de foudre pour son héros. Wulfric, Duc de Bewcastle est l’ainé de six. Déjà, les familles nombreuses, cela me parle… Ensuite, c’est un héros comme je les aime : énigmatique, solitaire, enfermé dans le rôle que les convenances de son époque et de son rang lui imposent. Aperçu dans le tome 2, et apparemment très présent dans le reste de la série, il se distingue par la distance qu’il maintient toujours entre lui et le reste du monde. Célibataire sans intention de se marier (il a des frères qui feront bien des héritiers pour le titre), il se retrouve encore plus seul après la mort de sa maîtresse, qu’il fréquentait depuis 10 ans avec une indifférence teintée d’affection, pour des raisons purement pragmatiques. Alors oui, ce n’est pas très romantique comme personnalité, dans le genre grand anglais glacial, on a trouvé plus enthousiasmant, et pourtant… Et pourtant, Wulf, malgré son prénom ridicule (Mesdames les auteures, par pitié, arrêtez de croire que plus le prénom est original plus le héros a une aura mystérieuse – la seule conséquence est que je ne peux pas m’imaginer prononcer le nom du héros dans l’intimité sous peine de fou rire !), je disais donc, Wulf me fait rêver ! Parce que j’aime à m’imaginer que sous cette apparence froide et détachée, il y a une personne qui mérite la peine que l’on s’intéresse à lui. Parce que j’aime me dire que dans la romance, l’adage « Ne nous fions pas aux apparences » est plus vrai encore que dans la réalité.
Mais revenons à notre histoire. Lorsqu’il rencontre Christine, son héroïne, Wulf est donc à la recherche d’une nouvelle maîtresse. Christine est une veuve plus très jeune et franchement modeste, mais dotée d’un caractère résolument heureux et optimiste. Elle est parfois gaffeuse, parle un peu trop fort pour les salons élégants de la haute aristocratie, rit en public, et surtout, surtout, elle se moque gentiment de notre Duc, qui trouve tout cela fort inconvenant.
Je vous mentirais en disant que nos héros font des étincelles. Christine fait des étincelles, elle pétille, elle attire les regards par son comportement peu discret, sa joie de vivre, mais aussi sa dignité, son esprit qu’elle ne cherche pas à dissimuler comme il convient aux dames de l’époque. Le Duc, devant un tel spectacle, reste de glace, comme il sied à son rang, sa position sociale, son éducation… Ici, pas d’attirance inexplicable et incontrôlable dès les 15 premières minutes de leur rencontre, et Mon Dieu comme c’est agréable !!! La relation entre eux va se développer doucement, tout en finesse. Notre Duc de glace ne fond pas à la première occasion, il reste parfaitement cohérent dans son rôle, et aura beaucoup de chemin à parcourir pour toucher le cœur de Christine qui, de son côté, ne cherchait pas du tout à attirer sur elle l’attention d’un personnage aussi désapprobateur de tout ce qu’elle est !
Voilà donc l’aspect le plus frappant et le plus appréciable de ce livre, c’est justement que nos héros sont crédibles et que, sans caricature, sans excès, l’auteur nous amène à croire que leur histoire est possible. Et moi, les histoires d’amour entre des personnes que tout oppose à ce point et qui parviennent malgré tout à se comprendre et à me convaincre, c’est ce que je préfère ! C’est ainsi que ce livre s’est trouvé classé dans mon Top 15 et c’est pour cela que je vous conseille aujourd’hui de le lire…

Et quand à moi, je m’en vais dès cet instant mettre en route mon plan diabolique pour récupérer mon petit chéri chez sa kidnappeuse, voila trop longtemps que je ne l’ai pas relu!

Chi-Chi

P.S. : Vous pouvez évidemment aussi choisir de lire la série en entier, pour culminer avec Slightly Dangerous, j’ai entendu dire qu’ils étaient tous bien ! ^_^