Just a hint of sweetness

Au programme d’aujourd’hui, Ain’t she sweet ou Un retour inattendu de Susan Elisabeth Phillips.

Il est difficile pour moi de vous parler de ce livre.

Difficile parce que l’enjeu est énorme. Si je ne devais garder qu’un seul livre dans toutes mes romances, ce serait celui-là. Et parce que je l’aime tellement, je suis probablement la personne la moins bien placée pour vous en parler, mon manque d’objectivité est flagrant!

Je voudrais pouvoir dire « lisez-le, c’est un livre extraordinaire » et ne pas avoir à me justifier, mais bizarrement, les gens sont rarement réceptifs à cet argument. Et pourtant, c’est avec lui que j’ai converti, non pas une, ni deux, mais bien trois personnes à la romance, rien que l’an dernier… C’est vous dire à quel point il est merveilleux à mes yeux!

Sugar Beth, notre héroïne, a grandi dans une petite ville du Sud américain. C’était la reine du lycée, la fille la plus populaire, une jolie blonde bien née qui semblait avoir une vie dorée, régnant sur un groupe de jeunes filles aussi jolies et bien mises qu’elle, et martyrisant sans pitié les autres pour asseoir son pouvoir. Celle que l’on déteste, celle sur laquelle on rêve de prendre sa revanche bien longtemps après la fin du lycée, tant les souvenirs de ses humiliations restent cuisants. Et SEP n’essaye pas d’adoucir le portrait qu’elle fait de Sugar Beth qui a bien mérité sa réputation de garce, même si il faut lui reconnaître quelques circonstances atténuantes. Jusqu’au jour où elle va trop loin dans sa soif de pouvoir, et accuse son professeur de littérature de harcèlement sexuel, accusation inventée de toutes pièces car il avait eu le malheur de ne pas céder à son chantage. A la suite de cet épisode peu glorieux, Sugar Beth quitte sa ville natale, et vous, vous vous demandez pourquoi je voudrais vous conseiller de lire l’histoire d’un personnage aussi peu sympathique. Et pourtant, en temps que lectrice, j’adore Sugar Beth. Elle n’est pas parfaite, mais elle est honnête, elle a beaucoup de caractère mais sait faire preuve d’humilité, elle a un solide sens de l’humour et de l’auto-dérision, ce qui lui permet de prendre avec une certaine philosophie les galères que la vie met sur son chemin. En un mot, elle est réelle.

Quand débute le livre, 15 ans ont passé depuis le lycée, et Sugar Beth est obligée de revenir dans sa ville natale pour y chercher un héritage. 15 ans, c’est long, les gens changent. Surtout Sugar Beth, avec qui la vie n’a pas été tendre. Elle revient donc, sachant que si elle admis ses erreurs passées et appris à vivre avec le poids de sa culpabilité, les gens gardent en mémoire celle qu’elle était, et personne n’a l’intention de lui faire de cadeau. Surtout pas Colin, le professeur dont elle a ruiné la carrière et qui vit toujours dans la ville. Elle n’en attend d’ailleurs pas tant, et ne cherche pas le pardon, elle comprend les rancœurs envers elle et veut juste repartir aussi vite que possible.

Je vous laisse imaginer que ce retour ne va pas se faire sans difficultés… Mais Sugar Beth est vraiment un personnage extrêmement bien dessiné par son auteur, elle a pris du recul sur son adolescence, sans pour autant tomber dans un misérabilisme de bas-étage ou une auto-flagellation permanente, sans se chercher des excuses. Une auteur moins talentueuse que SEP en aurait fait une méchante de pacotille reconvertie en pseudo-sainte. Ce n’est pas le cas ici. Elle fait profil bas, mais ne se laisse par marcher dessus non plus, un peu par fierté et un peu parce que ce n’est pas un paillasson, dieu merci!

Je ne révélerai rien de plus sur l’histoire, il faut lire le livre pour apprécier pleinement la subtilité de l’évolution, non seulement de Sugar Beth, mais aussi de tous ceux qui gravitent autour d’elle. C’est une histoire de rédemption, et pas seulement pour l’héroïne. Chacun des personnages est parfaitement ciselé, complexe, subtil. Et si sur le fond on nous raconte une histoire profondément touchante, la forme du récit elle est bien plus légère, avec des dialogues percutants et souvent amusants.

Ain’t she sweet est un livre drôle, c’est une romance magnifique, certes, mais surtout, un livre qui va bien au-delà des traditions du genre, plus qu’une romance pour devenir ce qui à mon avis est tout simplement un livre culte!

Excellente lecture,

Chi-Chi

Recherche fée du logis

En ce moment, mon attention est bien sollicitée, je lis peu car je fais du baby-sitting à plein temps!


Bon, d’un grand ado qui n’a pas franchement besoin de moi pour le nourrir à la petite cuillère, mais quand même. Et avec l’ado, on m’a confié la maison, avec prière de la rendre dans un état décent. Or, d’habitude, les taches ménagères de mon tout petit studio me prennent environ 1h tous les 15 jours (et, petite fée du logis que je suis, j’exagère à peine)… Mais là, j’ai comme un pressentiment, ce service minimum risquerait de ne pas plaire aux propriétaires. Me voilà en train de redécouvrir les joies du portage d’aspirateur dans l’escalier, des verres qui se multiplient miraculeusement sur toutes les surfaces de la maison et du linge sale qui ne vole pas tout seul jusqu’au panier à linge et de là, dans la machine, sur le séchoir, puis file se ranger tout seul dans le placard après un repassage spontané… Et encore, je dis redécouvrir, non pas découvrir, car ma mère a bien eu à cœur de faire de moi une parfaite petite femme d’intérieur bonne à marier, et si aujourd’hui, le sort des moutons de poussière qui périssent d’ennui sous mon lit m’est parfaitement indifférent (tant qu’ils n’essayent pas de passer sous la couette, je dors très bien, merci), ce n’est pas faute pour elle d’avoir essayé!


Samantha, notre héroïne du jour, n’a pas eu la chance de bénéficier comme moi d’une maman très inquiète de l’éducation de sa fille dans ce domaine. Elle est donc parfaitement inepte à tout ce qui ressemble de près ou de loin à une tâche domestique. D’où le titre anglais, The undomestic goddess, comme on ne l’aurait pas deviné! Au passage, le titre français est « Samantha, bonne-à-rien-faire », traduction horrible selon moi, mais l’éditeur ne m’a hélas pas demandé mon avis!


Sam est l’archétype de la business-woman de notre siècle, connectée en permanence via ordinateur, téléphone, Blackberry (quitte à le planquer dans son slip jetable pendant le massage offert par sa meilleure amie pour son anniversaire – la traîtresse, elle sait pourtant bien que Sam n’a pas de temps à perdre!), et pousserait même le sacrifice jusqu’au pigeon voyageur s’il le fallait. Survoltée, ultra-stressée, voilà une femme qui ne vit que par et pour son travail d’avocate dans un grand cabinet londonien, et n’a qu’un seul objectif dans la vie : devenir associée.


Au moment où débute notre histoire, la promotion est en ligne de mire, et Sam est persuadée que dès qu’elle aura atteint son but, elle pourra se détendre et tout ira mieux. Sauf que… sauf que, une petite erreur professionnelle de rien du tout plus tard (coûtant quand même à un de ses clients la bagatelle de 50 millions de livres), la promotion paraît beaucoup moins probable…


Et, là, c’est le drame, Sam s’effondre complètement, paralysée par les conséquences potentielles (et accessoirement ne comprenant pas comment elle a pu commettre une erreur aussi stupide, même pas digne d’un stagiaire de 15 ans, mais on en reparlera plus tard dans l’histoire), prend son sac à main, quitte son bureau, marche jusqu’à une gare, et saute dans le premier train au départ, sans la moindre idée de la destination. Arrivée au milieu de nulle part, elle continue à marcher, et finit par frapper à la porte d’une demeure (si, si, une vraie demeure anglaise, avec jardin entretenu par un jardinier, dépendances et petit chemin de gravillons menant à un porche à colonnade), pour demander à utiliser les toilettes.


Et voilà que le cosmos entre en jeu car ce jour là justement, la maîtresse de maison reçoit des candidates pour le poste de gouvernante qui vient de se libérer, et Sam se retrouve embauchée sans trop comprendre ce qu’il se passe, et décide de ne pas les détromper pour gagner du temps et réfléchir à ce qui vient de lui arriver.


C’est ainsi que notre bonne à rien faire de ses dix doigts, à part tourner les pages d’un manuel de droit triste comme la pluie londonienne, se retrouve en charge du ménage, repassage, couture, et autres joyeusetés qui accompagnent la vie quotidienne. Et cela se voit! Comment ses patrons ne la virent pas dès les 15 premières minutes reste un mystère à mes yeux, mais passons… Il semblerait que même pour les esprits les plus brillants, les taches domestiques ne soient pas du tout simples à maîtriser, et Sam, aussi intelligente soit-elle ne fait pas exception : apprendre à utiliser un micro-onde relève de l’exploit (je ne la blâme pas, j’ai souvenir d’un certain membre de ma famille, brillant ingénieur par ailleurs, me demandant si c’est normal que l’aluminium autour de sa papillote de saumon dans le micro-onde fasse des étincelles, et dans la maison où je suis, il faut avoir un diplôme de secouriste, son permis de conduire, 5 ans d’études en astro-physique et 12 ans d’expérience chez Darty pour comprendre le manuel d’utilisation – moi j’ai renoncé et j’utilise une casserole pour ma soupe).


Et je ne vous parle pas d’apprendre à récurer des toilettes sans se décolorer les cheveux à la javel!


Ce livre va donc vous parler en détail des aventures et mésaventures de Samantha avec la machine à coudre et le fer à repasser, mais de façon parfaitement hilarante, pour un peu vous auriez envie de devenir gouvernante dans une demeure anglaise vous aussi! Il y est aussi question de notre vie moderne, de la vitesse à laquelle il est facile de tout perdre, surtout ses repères, avec une petite pointe de morale bien-pensante qui veut que le travail, l’argent et la réussite sociale ne soient pas tout dans la vie. Une idée plutôt recevable selon moi… Et entre deux scènes de ménage, on voit notre héroïne se chercher, et se (re)trouver doucement, apprendre à prendre le temps de vivre, mettre de l’ordre dans sa vie et tomber amoureuse évidemment!


Et pour parfaire le tout, The undomestic goddess va être adapté en film dans le courant de l’année 2011!


Excellente lecture,
Chi-Chi